Billet | Une réforme qui ne coûte pas cher
Il y a des réformes qui ne coûtent pas, ni financièrement, ni socialement et qui rapportent, pourtant, beaucoup à l’économie en termes d’emplois et de croissance, et permettent de contribuer à long terme au développement et au progrès du pays. La réforme de la politique de concurrence des marchés s’inscrit dans la même veine de ces transformations vertueuses qui permettent de remettre l’économie sur les rails. Et ce n’est un secret pour personne que les marchés tunisiens sont loin d’être contestables. Or, la contestabilité des marchés a, toujours, été une idée et un concept défendus et encouragés par les bailleurs de fonds car elle permet de maintenir les prix à un niveau efficient (grâce à la pression exercée par la possibilité d’entrée), d’ouvrir la brèche de l’innovation et de stimuler l’investissement. Plusieurs études ont même démontré que la concurrence dans les marchés des facteurs de production (énergie, télécommunication, services financiers …) a un effet très positif sur la productivité d’une manière générale dans tous les autres secteurs. A contrario, les marchés cartellisés souffrent d’un excès de prix et d’une baisse de la productivité et de l’investissement. En un mot, la non-contestabilité étouffe la croissance et altère le bien-être du consommateur. Il faut tout simplement imaginer la manne économique qui s’ouvre grâce à une réforme qui peut être entreprise en faveur de la concurrence des marchés en Tunisie, où 50% de l’économie (selon la Banque mondiale) sont totalement verrouillés par le biais des restrictions à l’accès et la prévalence de monopoles légaux, et où des pans entiers de l’économie sont carrément sclérosés en raison des monopoles qui barrent la route aux nouveaux entrants qui peuvent, cependant, challenger les marchés et augmenter la capacité concurrentielle des entreprises. Commerce de gros et de détail, télécommunication, transport, marché bancaire … Les secteurs auxquels il est difficile d’accéder sont légion et le secteur onshore fonctionne d’une façon sous-optimale en raison de sa faible contestabilité. En effet, outre les monopoles détenus par l’Etat (certaines entreprises publiques), les autorisations administratives préalables et les conditions contraignantes exigées par les cahiers des charges ainsi que les difficultés d’accès au financement, surtout pour les PME, sont toutes des formes de barrières à l’entrée. Démanteler ces barrières, non sans favoriser la culture du “Champion”, ne peut être que tout bénéfice aussi bien pour les “nouveaux” entrants que pour les anciens. Sans tomber dans l’excès en clouant au pilori ceux qui ont réussi à percer, améliorer la concurrence sur les marchés tunisiens en faisant sauter les verrous qui brident cette concurrence vertueuse, est justement le genre de réformes salutaires sur lesquelles il est souhaitable de mettre le cap.
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