BILLET | Stress hydrique : La Tunisie tire le signal d’alarme
La Tunisie n’a pas vécu une situation climatique aussi grave depuis des années. Des barrages à capacité minimum, une aridité sans précédent. Tous les indicateurs sont au rouge. On craint de plus en plus le pire où la dotation en eau pourrait chuter en dessous du seuil de pénurie. Aujourd’hui, notre pays fait face à une situation de sécheresse inédite! Il ne pleut presque pas et c’est le secteur agricole qui en paye un très lourd tribut. Il faudrait ainsi anticiper et prendre les devants face à une situation aussi extrême et cette menace de sécheresse qui s’aggrave par la vitesse à laquelle les changements climatiques et le réchauffement planétaire se sont accélérés, prenant tout le monde de court. Cette menace touche pratiquement tous les secteurs de l’économie qui dépendent, dans leur écrasante majorité, des ressources hydriques. Évidemment, des efforts sont actuellement consentis pour accélérer l’aménagement des stations de dessalement de l’eau de mer qui constitue une alternative à la crise hydrique. Cette problématique est systémique et doit être traitée dans l’urgence et de manière holistique en fédérant tous les départements ministériels du gouvernement. A la fin du mois de septembre 2023, le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydrauliques a décidé de proroger la décision en date du 29 mars 2023, relative à l’instauration d’un système de quotas conjoncturel et l’interdiction de certains usages de l’eau, jusqu’à nouvel ordre. Cette prolongation du rationnement de l’eau résulte de la succession des années de sécheresse et de la faiblesse des apports en eau dans les barrages, ce qui a impacté négativement les réserves d’eau ayant baissé à un niveau sans précédent, mais aussi, l’alimentation des nappes souterraines dont le niveau a fortement régressé. D’après les indicateurs de l’Observatoire national de l’Agriculture (Onagri) , le taux général de remplissage des barrages s’est situé à 27,3% au 14 septembre 2023. Faut-il rappeler que le ministère de tutelle avait interdit, au mois de mars 2023, l’utilisation de l’eau potable, distribuée par la Sonede, pour l’agriculture, l’irrigation de zones vertes, le nettoyage des rues et des endroits publics et le lavage des véhicules. La Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede), elle aussi, avait annoncé la mise en place d’un système de quotas pour la coupure de l’eau, selon les ressources hydriques disponibles, notamment durant la nuit. Par ailleurs, le ministère a consenti des efforts considérables pour maintenir le pays en permanence au-dessus de la côte du stress hydrique à savoir 500m3/an/hab (+/- 10%), et ce, en mettant en œuvre la Stratégie Eau 2050, qui vise à assurer un équilibre dans la répartition des ressources nationales en eau entre régions. Cette situation sera atteinte par l’amélioration du taux de mobilisation des eaux de crues et de recharge des nappes, l’augmentation de la capacité de stockage des barrages et le dessalement. Cette stratégie est une clé de voûte pour la viabilité des activités économiques tunisiennes. La durabilité de l’économie et la sécurité alimentaire du pays dépendent largement de la capacité du pays à mettre en œuvre cette stratégie.
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