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Bassem Trifi : il faut lutter contre la peur

Le président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH), Bassem Trifi, a appelé, jeudi 26 décembre 2024, à lutter contre la peur ambiante et à s’unir dans des fronts civils pour défendre les acquis du peuple tunisien ainsi que les droits et libertés en Tunisie, qui sont continuellement violés par les autorités.

Lors d’un congrès syndical organisé par une section de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), M. Trifi a estimé que la situation des droits de l’Homme en 2024 s’inscrivait dans la continuité des violations de l’année précédente. Il a souligné que la situation des droits de l’Homme en 2024 n’était pas meilleure qu’en 2023, mais constituait plutôt une extension de ces violations en termes d’ampleur. Cette analyse a été relayée le même jour par Echaab News, l’organe de presse de la centrale syndicale.

M. Trifi considère que la situation des droits de l’Homme s’est détériorée dans plusieurs domaines : droits civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux. Il a rappelé, dans ce cadre, la poursuite de l’emprisonnement de citoyens pour leurs opinions, ainsi que l’incarcération de dizaines de secrétaires généraux de partis politiques de différentes orientations en raison de leur opposition au pouvoir. Il a aussi évoqué l’exclusion des opposants politiques au chef de l’État, l’emprisonnement de journalistes et la restriction de la liberté d’opinion et d’expression.

Le responsable a évoqué l’utilisation du pouvoir judiciaire par le pouvoir exécutif pour attaquer le travail civil, politique et syndical, ainsi que les défenseurs des droits des migrants. Il a également mentionné les poursuites à l’encontre de ceux qui revendiquent le droit à une vie décente et digne et à des services publics de qualité dans les domaines de l’éducation, de la santé et du transport. Il a souligné que des centaines de citoyens sont poursuivis pour leurs opinions en vertu du décret 54, qui porte atteinte à la liberté d’opinion et d’expression.

Bassem Trifi est revenu sur le contexte de la récente élection présidentielle, qui, au lieu de constituer une occasion d’ouverture politique et de débat public sur les grands choix politiques et économiques pour sortir de la crise, a transformé l’année 2024 en une liquidation des derniers acquis des libertés publiques et individuelles. Selon lui, cela a conduit à l’élargissement des violations des libertés, débutant par la liberté d’opinion et d’expression, ciblant massivement journalistes et activistes des médias sociaux, puis se concentrant sur les associations civiles, en particulier celles actives dans la solidarité avec les migrants. Enfin, les violations ont atteint les candidats potentiels à l’élection présidentielle, selon la nature et la crédibilité de leur candidature.

Ainsi, M. Trifi a affirmé que la mainmise sur les institutions de l’État s’est poursuivie, notamment en utilisant les appareils judiciaires et sécuritaires pour ces violations. Concernant les médias, il a souligné qu’ils ont été progressivement liquidés jusqu’à ce que leur partie publique redevienne ce qu’elle était avant 2011, tandis que la partie privée s’est transformée en une médiocrité sans précédent, évitant le débat politique public, à l’exception de certaines institutions spécialisées dans la propagande en faveur de l’autorité politique. Il a ajouté que, parallèlement, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), chargée de garantir des conditions démocratiques pour l’intégrité et la transparence des élections, s’est transformée en un organe exécutif de l’autorité politique, contribuant à la liquidation des opposants politiques et à la neutralisation des opposants.

Le président de la LTDH a conclu son intervention en renouvelant l’appel au renforcement et à la consolidation de l’action commune entre les composantes du mouvement démocratique pour défendre les acquis du peuple ainsi que les libertés publiques et individuelles. Il a également appelé à œuvrer davantage à la diffusion de la culture des droits de l’Homme en tant qu’affaire publique, qui concerne tous les Tunisiens.

 

 

I.N.


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