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Banque Mondiale : Une ombre persistante plane sur le budget tunisien en raison d’une croissance modeste

 

Entre modération salariale, pressions budgétaires et l’ombre persistante de la dette, la Tunisie a dû naviguer dans des eaux financières tumultueuses au premier semestre 2023.

Dans son dernier rapport sur la conjoncture économique de la Tunisie, la Banque mondiale met en évidence plusieurs tendances importantes qui ont façonné la situation économique du pays au premier semestre 2023. Une de ces tendances est la croissance modérée de la masse salariale publique, qui a contribué à contenir le déficit budgétaire. Ce dernier rapport offre aussi une plongée profonde dans d’autres éléments déterminants qui ont façonné la réalité économique tunisienne. Au cœur de ces dynamiques se trouve le catalyseur d’un défi pressant : l’éviction du crédit au secteur privé.

Les recettes fiscales à +8,3%

La dette publique de la Tunisie a atteint 79,8 pour cent du PIB en 2022, avec un service de la dette représentant 3 pour cent du PIB au premier semestre 2023. En raison de l’accès limité au financement international, le gouvernement a de plus en plus compté sur l’emprunt intérieur, ce qui a eu pour conséquence d’évincer le crédit au secteur privé. Il est important de souligner que le budget demeure sous pression en raison de la croissance modeste, qui a un impact négatif sur les recettes fiscales. Les recettes fiscales ont augmenté de seulement 8,3 pour cent au premier semestre 2023 par rapport à la même période en 2022, ce qui est bien en deçà des prévisions de la loi de finances pour 2023 (15,3 pour cent) et du taux de croissance pour 2022 (16,6 pour cent). Cette situation est en partie due au ralentissement de la croissance, qui a entraîné une réduction de la demande de consommation et d’investissements, y compris les importations. Cependant, les impôts directs ont mieux résisté (+12 pour cent), en particulier les impôts sur le revenu du travail, qui sont moins sensibles aux variations à court terme de la croissance. La compression de la croissance de la masse salariale publique a contribué à maintenir l’équilibre budgétaire au premier semestre malgré une performance fiscale modeste. La masse salariale publique n’a augmenté que de 2,8 pour cent au cours des six premiers mois de 2023 par rapport à la même période en 2022. Cela est en partie dû à un accord entre le gouvernement et le syndicat (Ugtt) en octobre 2022, ainsi qu’au maintien du gel des recrutements dans le secteur public.

Inverser la tendance

Selon l’institution internationale, il est crucial de noter que l’orientation des dépenses publiques est un facteur clé pour relancer la croissance économique.

Au cours de la dernière décennie, les gouvernements successifs ont augmenté les dépenses publiques récurrentes pour créer des emplois publics et maintenir les prix des biens et services de base en dessous du recouvrement des coûts. Cela a entraîné une augmentation des dépenses en subventions, en particulier pour l’énergie et les produits alimentaires. Cependant, cette politique a évincé les investissements publics, qui ont diminué de 6 à 3 pour cent du PIB entre 2016 et 2022. Pour relancer la croissance, il est impératif d’inverser cette tendance en réorientant les dépenses vers des investissements plus productifs. Face au ralentissement de la croissance économique et de la création d’emplois, cette mesure revêt une importance cruciale pour la Tunisie.

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