Ayachi Hammami : mes camarades et moi allons renforcer les rangs des prisonniers politiques en Tunisie
Ayachi Hammami : mes camarades et moi allons renforcer les rangs des prisonniers politiques en Tunisie
L’avocat et membre de plusieurs comités de défense, Ayachi Hammami a dit être surpris des poursuites judiciaires engagées contre sa personne. L’avocat a déploré l’attitude du président de la République, Kaïs Saïed. Il a indiqué qu’il était accusé de terrorisme alors qu’il a passé sa vie à militer pour les droits et les libertés.
Intervenant le 4 mai 2023 au micro de « Emission Impossible » de Borhen Bssais sur radio IFM, Ayachi Hammami a estimé qu’il sera prochainement arrêté et que son nom s’ajoutera, sûrement, à la liste des prisonniers politiques. Il a indiqué que ceci était les conséquences de l’exploitation de la justice par le chef de l’État.
« J’ai passé trente ans de ma vie à lutter pour les droits et les libertés de façon pacifique, sous le règne de Ben Ali et après la révolution, pour voir l’homme, ayant l’habitude de simplement s’appuyer contre le mur, m’accuser de terrorisme… Il ne s’exprimait pas… Il a fait l’éloge de Ben Ali et a contribué à la tyrannie », a-t-il déclaré au sujet du chef de l’État.
Ayachi Hammami a expliqué avoir reçu une convocation de la part de l’adjoint du procureur général. Il a précisé que le procureur général avait été limogé depuis plus d’un an et que personne ne lui avait succédé. Il a rappelé que plusieurs magistrats avaient été limogés par Kaïs Saïed et que ceux qui assuraient l’intérim avaient été nommés par la ministre de la Justice, Leila Jaffel, afin d’appliquer les instructions de celle-ci.
« Mes camarades et moi allons renforcer les rangs des prisonniers politiques… Le procureur de la République nous auditionnera dans le cadre de l’affaire de complot contre la sûreté de l’État… Nous avons été convoqués en tant qu’accusés… Le président de l’Ordre régional des avocats de Tunis a été officiellement informé de la chose… Il s’agit de la dernière étape avant notre audition… Il y a entre 80 et cent noms dans cette affaire. Tous sont des opposants à Kaïs Saïed… L’affaire repose sur les récits d’informateurs anonymes et sans preuves. Il s’agit de simples paroles. Il y a aussi des discussions Messenger ou WhatsApp. Tout nom cité dans une discussion peut être convoqué », a-t-il poursuivi.
Ayachi Hammami a indiqué que 44 personnes ont été jusqu’à maintenant liées à l’affaire. 17 individus ont été officiellement accusés. 23 autres personnes ont fait l’objet d’une commission rogatoire, mais, n’ont pas encore été auditionnées. Les quatre derniers noms sont ceux de Ahmed Nejib Chebbi, Bochra Bel Haj Hmida, Noureddine Bhiri et Ayachi Hammami. Ils font l’objet des mêmes chefs d’accusations : tentative de meurtre, complot et terrorisme. Ayachi Hammami a considéré que sa convocation résultait de l’application des instructions du pouvoir politique.
« Les accusés sont des militants et s’opposent au pouvoir politique de façon pacifique et franche. Ce pouvoir n’a pas la capacité de trouver des solutions à la crise… Il (Kaïs Saïed) ne peut pas mettre l’intégralité de la société politique en prison… Il y a ceux qui abandonnent par peur ou par fatigue ou qui subissent un limogeage… L’échec de la classe politique durant les dix dernières années nous a menés vers une situation où on accepte un coup d’État… Nous passons par une traversée du désert », a-t-il ajouté.
Ayachi Hammami a indiqué qu’il continuera à militer pour les droits et les libertés. Il a appelé à s’unir pour définir le seuil minimum démocratique et social. Ceci permettra de continuer à lutter contre la tyrannie.
S.G
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