Culture

«Au fil de la Mémoire», exposition collective à la galerie TGM : Tisser des liens

 

La rencontre de ces deux mondes matérialisés par la transcription des propositions des artistes sur les tissus tendus où les fils habilement domptés par ces «Nouvelles Pénélopes» font écho et donnent corps aux traits et autres couleurs des dessins initiaux leur conférant un devenir autre. Tissés, ils deviennent texturés, tactiles et ambivalents, à la fois entre l’image et le sculptural, entre l’ancien et le contemporain…

A la galerie du TGM, on nous propose, depuis le 3 octobre dernier, de belles rencontres où des liens sont tissés entre art et artisanat, entre artistes d’hier et d’aujourd’hui, à travers une exposition collective intitulée «Au fil de la Mémoire». L’on y met à l’honneur le travail de 10 tisserandes de Gafsa à travers les œuvres des artistes contemporains : Feryel Lakhdar, Taher Jaoui, Houda Rajab, Majed Zalila et le street-artiste Koom.

«Et pour illustrer la continuité de cette alliance art-artisanat, et sa pérennité, nous avons souhaité présenter une collection de tapisseries de maîtres anciens que des collectionneurs ont accepté de nous prêter», note la critique d’art et commissaire d’exposition, Alya Hamza. On peut dans ce sens admirer des œuvres tissées de Abdelaziz Gorgi, Leila Menchari, Rachid Koraichi et H’Mida Wahada.

«Cette rencontre art-artisanat n’est ni fortuite ni inédite. Expérimentée avec succès par les maîtres de l’Ecole de Tunis, elle a su s’inscrire aujourd’hui dans l’air du temps», note encore Alya Hamza

En effet, la tapisserie, qui est un savoir-faire millénaire, a su avec le temps sortir de la sphère domestique et des arts décoratifs pour s’inscrire dans des pratiques modernistes et finir par rejoindre le monde de l’art contemporain (d’ailleurs on parle plus maintenant d’arts textiles) devenant un médium puissant et politique aux enjeux aussi bien esthétiques que sociétaux.

Dans «Au fil de la Mémoire», il s’agit plus de mettre en évidence les fils tendus entre l’art et l’artisanat, à l’initiative du projet Creative Tunisia, composante du programme européen Tounes Wijhetouna. Ainsi, et dans ce cadre, il a été demandé aux cinq artistes contemporains de s’inscrire dans cette filiation, et de créer des œuvres qui seront réalisées par les tisserandes de Gafsa.

Il s’agit donc ici d’établir un dialogue entre ces artisanes anonymes et ces artistes qui, à l’instar d’anciens maîtres de la peinture tunisienne, ont détourné ce médium à travers des œuvres tissées par dix artisanes de l’atelier Wahada.

Ces tisserandes font partie d’une longue lignée d’artisanes dont certaines ont été formées par le grand artiste et maître artisan H’Mida Wahada (dont on peut admirer le travail dans l’exposition), qui a su en son temps donner impulsion et modernité à la tapisserie de Gafsa.

La rencontre de ces deux mondes matérialisés par la transcription des propositions des artistes sur les tissus tendus où les fils habilement domptés par ces «Nouvelles Pénélopes» font écho et donnent corps aux traits et autres couleurs des dessins initiaux leur conférant un devenir autre. Tissés, ils deviennent texturés, tactiles et ambivalents, à la fois entre l’image et le sculptural, entre l’ancien et le contemporain…

A voir jusqu’au 17 octobre 2024.

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