Au fait du jour | Pardonnez-leur, ils n’ont rien compris…
On dit que «la valeur d’un professeur se mesure à la personnalité de ses élèves», cela est d’autant plus vrai que nous avons pensé que l’intérêt national était sacré, incontournable, chaque fois que l’on doit trancher et prendre des décisions qui pourraient paraître incompréhensibles pour les uns, étranges pour les autres.
Nous avons attendu, non pas avec impatience, mais avec beaucoup de curiosité et très peu d’espoir, il est vrai, que chacun prenne ses responsabilités et dépasse les basses contingences, pour assurer une qualification au mondial qui associera la manière à l’efficacité. Nous pensons que, sauf accident, notre équipe nationale de football se qualifiera. Elle possède de bonnes individualités et tout tiendra à la manière dont on en fera usage.
Bien entendu, quelques-uns se sont excusés. Ils ont leurs raisons, mais nous exprimons quelques doutes sur ce qui a été dit et contre mauvaise fortune, ayons bon cœur et croyons ceux qui ont préféré ne pas venir en raison des complications qu’ils ont avec leurs clubs respectifs.
Il est vrai qu’il est difficile de faire la part des choses avec des éléments qui ont toujours donné la priorité à la sélection, croyant dur comme fer que ce sont eux qui ont besoin de porter les couleurs nationales pour enrichir leur carte de visite.
Mais, les choses n’ayant pas beaucoup évolué, les choix étant demeurés les mêmes, les appréhensions n’ayant jamais consolidé les « décisions » prises, on finit par baisser les bras.
Traverser les océans pour jouer quelques minutes, c’est une perte de temps pour des éléments qui ont effectivement besoin de jouer et de montrer leurs progrès et étaler les atouts qu’ils possèdent pour convaincre en premier lieu leurs employeurs. Actuellement, ce n’est pas le cas et un employeur qui connaît son travail a vite fait de signifier à son employé qu’il risque de perdre sa place s’il s’absentait en allant faire banquette au lieu de jouer pour progresser et s’affûter.
On a évoqué cette excuse élégante et polie pour éviter de subir les aléas de ces absences qui mettent en péril la carrière d’un joueur, en l’écartant de la vision de son entraîneur de club et en amenuisant la confiance de ses dirigeants. Pourtant, cela fait l’affaire de tous ceux qui pensent que, sans eux, il n’y a pas d’équipe nationale. Au train où vont les choses, le jour où ils auront quarante ans, il y aura toujours quelqu’un pour les défendre et assurer qu’ils «ont encore quelque chose à donner». Les jeunes, sacrifiés au passage, ne comptent pas et ne sont en jeu que l’égoïsme et l’égocentrisme de certains meneurs qui imposent leurs idées et participent activement à composer l’équipe.
Ce n’est point là une exception. Bien des clubs subissent ce genre de pression et sont dans l’obligation de composer avec ces meneurs qui n’ont aucun respect pour l’éthique sportive. Et c’est là qu’intervient le rôle des entraîneurs qui sont dans l’obligation de contrôler la situation pour éviter les complications qui naissent de ce clanisme et qui risquent de faire couler l’ensemble que tout technicien essaie de mettre en place pour cueillir les fruits de son travail.
Des entraîneurs à caractère, nous en avons connu. Ils ne tolèrent aucune intervention dans leur travail et prennent toutes leurs décisions en connaissance de cause, en toute âme et conscience et en toute responsabilité.
Ce genre de techniciens se compte sur les doigts d’une main. Ils se font rares mais ils existent. Ils ne concèdent rien de leurs prérogatives et attributions, mènent leur équipe là où ils veulent aller et prennent leurs responsabilités pleines et entières.
Ils ne jouent pas un personnage en s’affublant de cette profession qui oblige ceux qui la choisissent à rester sur le qui-vive, bien qu’assis entre deux chaises, mais demeurent, en dépit de tout, sûrs de leurs choix.
Certains dirigeants ne les aiment pas. Que ce soit au niveau des fédérations qu’à celui des clubs. Les joueurs habitués à mettre en cause des choix ou des dispositions prises n’hésitent pas à tout remettre en cause et à semer le doute pour ne pas dire la zizanie et la discorde en faisant jouer leurs relations et leur prestige au niveau de leurs coéquipiers. “La différence entre un bon entraîneur et un très bon entraîneur, c’est la personnalité.”
En refusant de faire appel à des éléments qui ont leur place mais qui sont sous le coup d’une disgrâce, ça peut être discutable et à la limite injuste (le cas de Saâd Bguir pour ne pas le citer a été vite plié et rangé), un entraîneur qui en est arrivé là, ou qui plie sous la pression née de ce genre de problèmes, confirme cette faillite de la pédagogie, de ce manque de doigté dans la prise en main.
Pour ceux qui ont cru que l’on était sur la bonne voie, avant la déroute subie lors de la tournée asiatique, il ne reste plus qu’à faire leur mea-culpa, convaincus qu’ils sont «qu’on n’a rien compris».
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