Sport

Au fait du jour | Du rôle des entreprises

 

La conférence de presse organisée par le Comité d’organisation du Marathon international Comar de Tunis-Carthage nous a donné l’occasion de méditer sur le rôle que pourraient jouer les entreprises et autres organismes financiers. Nos entreprises devraient prendre exemple sur leurs consœurs étrangères qui, malgré des moyens beaucoup plus importants réservés aux sports et à la culture, participent et animent.

L’organisateur du Marathon international Tunis-Carthage, pour lequel nous avons, en tant que média, couvert les trente-cinq éditions qui ont eu lieu avec une régularité de métronome, a rappelé que son initiative a toujours été purement sportive et culturelle. Il le faisait, non pas pour faire de la publicité, mais par conviction. Ce n’est donc pas un hasard que ce soit la Comar qui organise le concours annuel, à l’issue duquel sont primées les meilleures œuvres littéraires en langue arabe et en langue française.

Cette entreprise se charge de tout. L’organisation, à la pointe du progrès, méthodiquement surveillée par la Fédération internationale d’athlétisme, a été jugée parfaite par cet organisme exigeant et rigoureux.

La 36e édition se passera de ces festivités, en raison des tristes événements que vit Gaza sous le feu meurtrier de l’entité sioniste.

Cet élan est unique et aurait dû être imité par bien d’entreprises, de ministères, comme celui du Tourisme par exemple, pour aider dans leur tâche des secteurs à choisir, à l’effet d’ encourager l’éclosion de nouvelles valeurs qui n’attendent que cela pour montrer leur savoir-faire et consolider leurs potentialités.

Le représentant du ministère du Tourisme assiste régulièrement aux réunions qui précédent le marathon international de la Comar. Il promet chaque année d’agir auprès des responsables concernés pour entrevoir la possibilité d’exploiter ce filon : les marathons de Berlin, de New York et autres reçoivent, la veille des compétitions, des charters de participants qui, dans des voyages organisés, joignent l’utile à l’agréable. Pourquoi la destination Tunisie, qui passe pour être la plus abordable du bassin méditerranéen, n’agirait-elle pas en conséquence pour réussir ce genre de coup double ? Allez le demander.

A titre d’exemple, en pleine campagne pour la mise en place de la liaison aérienne avec les Etats-Unis nous avions fait remarquer, sur ces mêmes colonnes, que plus d’une trentaine de villes américaines portent le nom de Carthage. Pourquoi négliger ce gisement de clientèle ?

On se prépare à tourner un film relatant la vie du grand général punique Hannibal et Denzel Washington jouera le rôle de ce personnage mythique. La Tunisie, l’«Ifriqiya» qui a donné son nom au continent, s’adonne à plus de trois mille ans d’histoire et on le sait autant qu’on le respecte.

Il y a bien quelques entreprises qui accordent aux associations sportives, ou culturelles, des subsides pour leur permettre de fonctionner. Mais au rythme où vont les choses, avec un professionnalisme mal encadré, sans tête ni queue, sans programme ni tableau de marche, personne ne voit l’issue .Tous les mauvais dirigeants, qui ont eu les yeux plus gros que le ventre, finissent par démissionner en laissant des ardoises accablantes ou sont poursuivis pour des chèques sans provision.

Pourtant, ces entreprises pourraient faire œuvre utile en prenant officiellement en charge des disciplines sportives dans lesquelles elles injecteraient des moyens substantiels pour organiser un tournoi international par exemple, qui porterait leurs nom et contribuerait, par voie de conséquence, à l’effort national en faveur du sport. Elles pourraient également sponsoriser des athlètes de valeur. Certaines l’ont fait pour la natation ou le tennis.

Le Département des sports, en dépit de toutes ses tentatives, ne saurait répondre à tout ce dont ont besoin toutes nos équipes nationales, indépendamment des conditions exceptionnelles que vit notre pays depuis une bonne décennie.

Ce genre d’engagement est courant au niveau des pays les plus développés où les tournois portent régulièrement les noms des sponsors.

Lors d’un entretien avec le président de la fédération de Triathlon, nous avons appris que la subvention que lui accordait le ministère tourne autour d’une cinquantaine de milliers de dinars. Que pourrait-on, faire avec cette somme dérisoire alors qu’un vélo de compétition, dont un athlète a besoin, dépasse les douze mille dinars. Il a fallu l’intervention du département des finances, une enquête et bien d’autres complications pour acheter l’engin dont avait besoin un athlète paralympique et qui revient à plus de… soixante mille dinars !

C’est énorme, mais c’est ainsi. On ne remporte pas une médaille olympique en allant concourir avec un matériel vétuste et dépassé. Autant ne pas participer.

Les présidents des fédérations nationales sportives éprouvent bien des difficultés pour combler le vide. Ils cherchent des sponsors en faisant jouer leurs connaissances et essaient de satisfaire des obligations incontournables.

On avait, à une certaine époque, permis aux entreprises d’allouer un pourcentage de leur chiffre d’affaire aux clubs et associations pour les aider à fonctionner. Ces sommes étaient déduites de l’assiette des impôts. Ce qui constitue un sacrifice pour l’Etat, mais un sacrifice utile. Malheureusement, cette bonne résolution, qui avait tiré d’affaire bien des clubs, a été la cible de bien des détournements et de dépassements illégaux. En tout état de cause, la création désordonnée d’associations et clubs un peu partout, sans qu’il y ait des études des moyens de financement, a énormément réduit les enveloppes qui devaient revenir au sport, à l’éducation ou à la culture et facilité les détournements.

Le parrainage d’une école, d’un collège, sa remise en état et l’enrichissement de son infrastructure pourraient être pris en charge par une entreprise de la ville ou du gouvernorat. La sponsorisation d’un tournoi international donnera plus d’éclat à ces firmes qui cherchent à se faire connaître et qui voudraient investir dans les secteurs du sport, de l’éducation ou de la culture. A méditer.

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