Au fait du jour | A quoi aurions-nous pu prétendre ?
Des prémices de passage à vide, annonciateurs de futures complications pour notre équipe nationale de volley ball, lors du championnat d’Afrique, avec à la clé une défaite contre le Cameroun, puis contre l’Egypte, ont mis en alerte les fans de ce sport. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils sont assez nombreux dans le pays.
Bien entendu, ce tournoi qualificatif a accentué nos craintes. Sans forfanterie aucune, nous connaissons notre valeur et nous n’aurions jamais osé prétendre à plus de ce que nous avions réalisé. Si l’on peut parler de réalisation, bien entendu.
Depuis des années déjà, cette baisse de régime était prévue. Nous avons pu tenir le coup grâce à la maturité technique et au métier des entraîneurs désignés à la tête du staff. Mais l’incontournable passage au bilan avec son impitoyable conclusion chiffrée nous attendait.
Maintenant, nous savons que nous sommes non pas au bout du rouleau, car nous possédons des bases, des fiefs, des joueurs qui disposent encore d’une marge de progression assez intéressante. Ce qui nous manque, c’est le rythme et l’endurance pour tenir une véritable rencontre internationale durant laquelle on s’arrache les tripes.
Rythme de la haute compétition
Quoi que fassent nos joueurs, ils ne pourront jamais atteindre ce point culminant qui met l’élément au-devant des situations des plus difficiles desquelles il doit s’en tirer.
La raison est simple : Nous ne maîtrisons pas au moins deux passages obligés qui mènent à cette extériorisation qui titille les forces vitales pour s’arracher et enlever un résultat : un bon niveau de compétitivité à l’échelle nationale et, au second point, le rythme de la haute compétition. Ces deux éléments, que l’on peut considérer incontournables, sont en possession de nos adversaires potentiels directs.
Le Cameroun a compris l’astuce et a monté presque toute une équipe dont les éléments jouent dans de très bonnes formations européennes. L’Egypte possède aussi des éléments intégrés dans des compétitions beaucoup plus intéressantes, mais a aussi des moyens financiers à même de lui permettre de voyager, de participer à des stages et tournois internationaux, disputer des rencontres de très bon niveau pour se roder et gagner en expérience et en métier.
Et nous avons vu que nos joueurs ont été débordés au moment où il fallait forcer la décision. Cela veut tout dire. Tel que nous l’avions dit dans un précédent papier, il ne sert à rien de pleurer sur les ruines. Il faut immédiatement se doter d’un plan d’action soigneusement élaboré par des techniciens de métier, de courage et de volonté pour se remettre au travail.
Nous avons toujours eu l’impression que la Ftvb, comme c’est le cas pour d’autres fédérations, se contente de gérer un calendrier, convoque les sélections, les doter d’un staff technique et…. attendre que le ciel nous comble. Pour notre paresse ? Effectivement, on ne peut aller loin avec une cinquantaine d’équipes engagées et on ne saurait demander davantage, car avec une masse de prospection aussi réduite, le choix est forcément réduit.
Bourrée d’éléments de valeur
Le volley-ball international évolue rapidement. Les joueurs sont de plus en plus athlétiques. On cherche la taille, la détente et la force de frappe. La technique suit. Ils sont soumis à une rigueur et une obligation de résultat qui dépassent ce que l’on pourrait imaginer.
Notre équipe est bourrée d’éléments de valeur, mais physiquement en deçà de ce que l’on pourrait exiger d’une formation de laquelle on attend monts et merveilles. Ces mêmes joueurs s’ils évoluaient dans des équipes étrangères où la compétition est plus régulière, de très bon niveau, où le joueur prend à peine le temps de souffler, seraient devenus des compétiteurs sur lesquels nous pourrions compter.
Dans l’état actuel des choses, il n’y a que deux ou trois matchs qui comptent. C’est l’éternel duel entre l’Espérance, l’Etoile et le CSS. En aller et retour en plus des rencontres de coupe. Cela fait combien de matchs à préparer sérieusement avec tous les soins et toute la rigueur qui s’impose ? Des places fortes comme Kélibia qui a perdu ses principaux animateurs et est sans doute à court de moyens financiers pour rivaliser avec les autres prétendants, ou le Club Africain qui a dominé un bon bout de temps la compétition ont été un tant soit peu à l’origine de cette baisse de régime.
Il n’en demeure pas moins que l’absence d’initiative de la Ftvb, qui n’a rien fait pour assouplir et remanier soigneusement ses règlements à l’effet de permettre aux meilleurs joueurs d’aller tenter leurs chances ailleurs et dégager des places pour des jeunes qui promettent, de s’’élancer et de renouveler les réserves. Mais négligés et ignorés, ils finissent par se décourager et faire autre chose. Cela a été pour beaucoup dans cette, non pas stagnation, mais léthargie qui a lourdement handicapé le volley-ball tunisien. Il faut dire aussi que les clubs ont leur part de responsabilité en se montrant conservateurs et n‘ont pas ouvert le jeu comme c’est le cas du handball par exemple, en encourageant leurs meilleurs éléments à partir pour améliorer leur situation et leur niveau contre des bourses assez conséquentes..
Cette chute de rythme, due au niveau inégal des équipes en présence, a agi sur la concentration des joueurs et n’a arrangé en rien les affaires d‘une sélection de laquelle on demande d’aller se mesurer à des adversaires qui se battent avec d’autres armes. Que peut-on faire dans ce cas ?
A portée de main
A notre sens, il faudrait se tourner vers l’endroit où il y a une masse d’individus à portée de main, mais qu’il faudrait motiver : le milieu scolaire qui d’ailleurs a été à l’origine de l’expansion de ce sport. La Ftvb devrait prendre en charge les compétitions des jeunes filles et garçons dans les établissements scolaires des chefs-lieux où il n’y a pas de volley-ball et les intégrer à ses programmes d’activités, pour commencer. Cela pourrait lui permettre de puiser dans ce réservoir et d’élargir son champ d’action.
Actuellement, la Fédération est en pleine reconstruction. Un bureau provisoire a été mis en place par la tutelle dans l’attente de l’organisation d’une Assemblée générale pour élire un nouveau comité directeur. Il faudrait que ce soit un comité qui a un projet, mais qui est en mesure de compter sur un bon carnet d’adresses pour renflouer les caisses, des idées et non pas un bureau appelé à gérer des calendriers nationaux et internationaux, laissant aux seuls clubs la mission de former et d’enrichir le potentiel existant. Ils ne le feront pas ou feraient semblant de le faire, préférant «acheter un joueur prêt à l’emploi».
Le volley-ball national aurait tout à perdre et rien à gagner de ce genre de comportement et sera irrémédiablement sur la pente descendante.
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