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Aslan Ben Rejeb : nous sommes en train de basculer d'une économie d'offre à une économie de demande

Aslan Ben Rejeb : nous sommes en train de basculer dune conomie doffre une conomie de demande

 

Aslan Berjeb, président de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (Conect), est intervenu jeudi 21 novembre 2024 sur les ondes d’Express FM au sujet du projet de la Loi de finances 2025 et de la vision de la Conect concernant l’économie tunisienne et les réformes nécessaires.

Lors de son passage dans l’émission Expresso, M. Berjeb a exposé une série de propositions et d’analyses visant à stimuler la compétitivité économique de la Tunisie, tout en plaidant pour des réformes structurelles profondes.

Il a commencé par souligner que la Conect a récemment intensifié son dialogue avec la commission des finances de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Plusieurs réunions ont eu lieu pour discuter du projet de Loi de finances en cours d’élaboration. Parmi les thématiques abordées figurent des mesures fiscales ciblées pour certains secteurs, ainsi qu’une réforme de l’imposition des entreprises. Selon lui, l’objectif est de passer d’une imposition des sociétés basée sur le chiffre d’affaires à une imposition axée sur les bénéfices, afin de mieux refléter la rentabilité réelle des entreprises.

Ces échanges ont permis de revoir plusieurs articles du projet de Loi de finances ces trois derniers jours. À titre d’exemple, des modifications ont été apportées au barème de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) et des mesures spécifiques ont été introduites pour le secteur du marbre. Cette révision de dernière minute reflète, selon lui, une volonté d’adapter la fiscalité aux réalités économiques du pays.

 

M. Ben Rejeb s’est également attardé sur la réforme de la loi relative aux chèques. Il a mis en garde contre l’impact potentiel de cette réforme sur la compétitivité des entreprises, expliquant qu’un changement aussi radical aurait nécessité une transition progressive pour permettre aux acteurs économiques de s’adapter. À ses yeux, l’absence d’alternatives robustes, comme des produits de crédit à la consommation innovants, risque de créer un vide. Il a aussi appelé les sociétés d’assurance à être plus dynamiques et à développer des produits pour combler ce vide laissé par la restriction des chèques.

Sur le plan des réformes structurelles, M. Ben Rejeb a évoqué la récente réunion de la Conect avec le ministre de l’Économie, à laquelle a également participé Abdelkader Boudriga, président du conseil scientifique de l’organisation. Lors de cette rencontre, la Conect a plaidé pour une « loi transversale » visant à ajuster certains articles de la loi sur l’investissement de 2017. « Il est inutile de réécrire complètement cette loi, encore récente. Ce qu’il faut, c’est une adaptation ciblée, touchant à des aspects comme le change, les sociétés commerciales et certains volets fiscaux », a-t-il précisé.

Il a également insisté sur la nécessité de réformes sectorielles pour relancer l’économie. Il a pris l’exemple de l’industrie maritime, proposant qu’une région du pays se spécialise dans ce secteur, à l’image de Turin en Italie pour l’automobile ou de Parme pour l’industrie alimentaire. « Une approche régionale sectorielle peut non seulement renforcer la compétitivité, mais aussi permettre une collaboration internationale positive », a-t-il expliqué. Pour illustrer son propos, il a cité le modèle de Singapour, une nation bien plus petite que Djerba, mais qui figure au premier rang mondial dans des indicateurs comme l’éducation et la compétitivité de l’investissement. Selon lui, Singapour a réussi grâce à la discipline et aux sacrifices, un exemple dont la Tunisie pourrait s’inspirer.

Au-delà des réformes, M. Ben Rejeb a mis en lumière un enjeu crucial : la désindustrialisation progressive de la Tunisie. « Nous sommes en train de basculer d’une économie d’offre à une économie de demande. Ce basculement est dangereux et doit être inversé pour relancer la production locale et renforcer nos exportations », a-t-il averti. Il a également souligné que les politiques publiques doivent s’harmoniser avec les besoins de l’industrie nationale.

Enfin, M. Ben Rejeb a insisté sur la nécessité d’une collaboration étroite entre le secteur public et le secteur privé. « Chaque partie doit travailler de manière autonome, mais en parfaite synergie, pour concrétiser le développement et la croissance », a-t-il conclu, appelant toutes les forces vives du pays à s’impliquer activement dans cette dynamique de réformes.

 

H.K


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