Aouididi : le prêt de 1,9 milliard de dollars du FMI ne changera rien à la situation du pays
Aouididi : le prt de 1,9 milliard de dollars du FMI ne changera rien la situation du pays
L’expert économique, Jamel Aouididi, a estimé que les Tunisiens devaient se rendre compte de la réalité de la situation du pays. Évoquant un éventuel soutien financier de la part de la France à la Tunisie, M. Aouididi a estimé que les pays européens cherchaient à garder le contrôle sur les pays africains.
S’exprimant au micro d’Express FM durant « Expresso » de Wassim Ben Larbi, Jamel Aouididi a rappelé que l’ambassadeur de France en Tunisie, André Parant avait récemment affirmé la possibilité d’un soutien financier de la part de son pays en cas de mise en place des réformes présentées aux Fonds Monétaire International (FMI). Jamel Aouididi a, aussi, rappelé que la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, avait affirmé, en février 2012, qu’il n’y aura pas d’ingérence dans les décisions et les réformes appliquées par la Tunisie.
« Notre pays a enregistré un déficit commercial de douze milliards de dollars en 2022. Comment est-ce qu’un accord de 1,9 milliard de dollars sauvera le pays ? Je tiens à le dire clairement : l’Union européenne est confuse et a peur de perdre le ventre mou de la région à savoir la Tunisie… Nous ne pouvons compter que sur nous-même ! », s’est-il exclamé.
Jamel Aouididi a indiqué que la Tunisie avait recours à des prêts étrangers pour payer les tranches relatives à ces obligations auprès des bailleurs de fonds. Il a indiqué que ceci était une forme de faillite du pays. La cessation de paiement résulte de l’impossibilité d’honorer de tels engagements par les propres moyens de la Tunisie. Il a indiqué que l’Équateur avait procédé à une révision de la dette publique et qu’une grande partie des dettes odieuses avaient été supprimées.
Jamel Aouididi a considéré que les priorités étaient claires. Il s’agit de la restructuration des entreprises publiques et du contrôle de la masse salariale. Il a estimé que la non-publication du décret portant révision de la loi n°89-9, relative aux participations et entreprises publiques devait faire l’objet de plusieurs interrogations. Le texte en question avait été adopté par un conseil ministériel présidé par Najla Bouden. M. Aouididi a estimé que le président de la République, Kaïs Saïed serait derrière la non-publication du décret. Il aurait refusé de le faire.
« On essaie de causer la perte du pays. Nous ne pouvons pas demeurer silencieux face à de telles choses. Nous devons négocier un nouveau programme avec l’Union européenne. D’un point de vue géostratégique, il existe plusieurs autres alternatives. Ceci ne signifie pas que nous devons croire la Chine… Je ne fais confiance à personne… Christine Lagarde avait assuré que le FMI n’agissait plus de la même façon que durant les années 80 et que c’était à nous de décider… Malheureusement, nous avons constaté que le contraire de cela avait eu lieu. On a attiré le pays vers cette situation », a-t-il poursuivi.
Jamel Aouididi a estimé que la Tunisie faisait face à des menaces suite à la décision de rationalisation des importations. Il a indiqué que le FMI était l’organe financier de l’Union européenne et des États-Unis d’Amérique. M. Aouididi a considéré que l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis ont compris que le monde avait changé et ne sont plus sous l’influence de ces pôles. Il a estimé que l’accord avec le FMI à hauteur de 1,9 milliard de dollars ne changera rien à la situation du pays. Il a appelé à intervenir immédiatement au niveau du système de calcul de la valeur du dinar par rapport aux devises étrangères en évoquant l’exemple de l’accord entre le Maroc et l’Union européenne imposant le maintien du dirham marocain à une valeur proche de l’euro.
Jamel Aouididi a critiqué l’indépendance de la Banque Centrale de Tunisie. Il a estimé que cette décision était responsable en partie de la situation économique du pays. M. Aouididi a indiqué qu’en moyenne entre 25 et 30 mille emplois étaient créés annuellement. Ainsi, il faudra à la Tunisie près de cinquante ans pour employer l’intégralité des chômeurs. Il a appelé à l’adoption d’un nouveau mode de développement.
« L’ambassadeur français a affirmé que la balance commerciale avec la Tunisie est excédentaire… Il sous-estime l’intelligence des Tunisiens… Ce qui biaise la chose sont les sociétés offshore : 40% d’entre elles sont françaises et 30% italiennes… Le calcul de la balance commerciale prend en compte les opérations effectuées par ces entreprises… On a fusionné les opérations des entreprises résidentes et non-résidentes afin de gonfler les chiffres », a-t-il ajouté.
Jamel Aouididi a assuré que le déficit budgétaire n’était pas à hauteur de 250 millions d’euros. Une collecte, auprès des Tunisiens, pourrait à elle seule combler ce manque. Il a estimé que le gouvernement de Najla Bouden se rangeait du côté de l’Union européenne. Il a indiqué que les pays européens mettaient en place des mesures visant à préserver et à protéger les entreprises étatiques et l’économie nationale. Il a expliqué que les entreprises offshore n’avaient presque pas de valeur ajoutée et qu’il n’y avait pas de revenus fiscaux résultant de ces entreprises. Il a indiqué que les oprétions d’importation et d’utilisation des matières premières utilisées par les sociétés offshores étrangères n’apportaient pas de revenus au pays.
S.G
lien sur site officiel