Culture

Antoine Compagnon, membre de l’Académie Française, en Tunisie : « Il faut s’adapter sinon on meurt ! »

 

Dans le cadre du programme de collaboration interuniversitaire « Itinérance », des rencontres avec de grands écrivains et théoriciens français sont programmées pour établir un échange avec les enseignants, les étudiants et divers acteurs de la sphère académique et culturelle. Antoine Compagnon, le premier invité, est écrivain, critique littéraire et membre de l’Académie française.

Le projet « Itinérance » est une initiative orchestrée par quatre départements de Français en Tunisie qui sont la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba (FLAHM), la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis (FSHST), l’Institut Supérieur de Langues de Tunis (ISLT) ainsi que l’Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis (ISSHT).

Ces établissements universitaires ont créé un espace collaboratif tant au niveau de la formation que de la recherche afin de s’adresser au grand public, à la communauté scientifique et littéraire pour discuter de questions cruciales touchant la langue, la littérature et les sciences humaines. L’Institut français de Tunisie (IFT), représenté par l’attaché de coopération universitaire Gille Suzanne, et l’Alliance Française de Tunis (AFT) ont rejoint le projet.

Des rencontres avec de grands écrivains et théoriciens français sont programmées pour établir un échange avec les enseignants, les étudiants et divers acteurs de la sphère académique et culturelle.

Antoine Compagnon, le premier invité, est écrivain, critique littéraire et membre de l’Académie de France.  Né en 1950, il a enseigné à l’Université de la Sorbonne et a été nommé Président du conseil scientifique de la Bibliothèque Nationale de France. Ses travaux et actions en faveur de la littérature lui  ont valu une reconnaissance internationale. Il est professeur à l’Université Columbia de New York depuis 1985.

Les lettres au défi du temps moderne

Une série de conférences données par Antoine Compagnon, sous le thème « Les lettres au défi du monde moderne », a été inaugurée à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba et clôturée au forum culturel « La fabrique des arts » à l’Alliance Française de Tunis en passant par la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis. Au cours des débats, l’idée qui revient souvent est principalement la place du livre dans notre société, selon deux approches qui se complètent : comment maintenir le besoin de la littérature au milieu des plaisirs éphémères et comment gérer le panorama des interactions concrètes entre modalités technologiques et pratiques d’écriture pour réconcilier la tradition et la modernité. « Quel enfant n’est pas sensible aux récits qu’on lui lit le soir ? ».
Cette question posée par Antoine Compagnon a été un point de départ stimulant pour envisager la valeur de la littérature, ainsi que ses pouvoirs qu’il faut saisir, redécouvrir et révéler.

Il faut s’adapter !

L’interaction avec le public présent a essentiellement  visé à dresser un état des lieux des défis auxquels les livres sont exposés, mettant en évidence la relation problématique entre les sciences humaines et le numérique, rendre compte des points de vue et affiner des stratégies et des modalités de coopération pour appréhender la révolution technologique accélérée.

« Il faut s’adapter sinon on meurt ! », comme l’a annoncé Antoine Compagnon, parlant des hommes de lettres qui ne doivent pas se montrer impuissants face aux moyens technologiques qui ne cessent de se développer pour culminer avec la révolution numérique. Ces bouleversements qui configurent très fortement nos vies et nos imaginaires ont été immédiatement perçus, représentés, pensés par les écrivains dans le sens où ils ont affecté les conditions d’écriture, voire la poétique de la littérature depuis des décennies.

Cette adaptation inclut le recours aux livres audio, encore appelés par le célèbre écrivain «  livres de la multi-activité » qu’on écoute même en faisant les tâches ménagères et qui sont actuellement en croissance, parallèlement aux livres numériques.

Quant à l’intelligence artificielle, elle produit des œuvres selon des schémas pré-existants et ne peut en aucune manière se substituer à la conscience artistique de l’homme. Dans tous les cas, on privilégiera la sensibilité humaine à la production machinale.

« Itinérance » est ainsi une volonté de favoriser la médiation et les échanges enrichissants dans un monde en perpétuel mouvement. Face aux évolutions technologiques et économiques génératrices de mutations sociales et intellectuelles, s’interroger sur les rapports contemporains avec la littérature et les sciences humaines apparaît dès lors incontournable tout autant que de porter un regard critique et envisager des résolutions.

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