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Année scolaire et universitaire : Censée faciliter la vie, l’inscription en ligne donne le tournis

 

Pour les parents de jeunes élèves, les lycéens et étudiants, l’inscription en ligne pour l’année scolaire et universitaire 2024-2025 a été entachée de difficultés dues en général à une plateforme non encore performante qui «beugue» tout le temps, sous l’effet d’un trafic important. «Aucune inscription trouvée» ou «la transaction a échoué», sont les messages qui s’affichent le plus souvent sur les écrans des ordinateurs ou des téléphones portables au fil des tentatives répétées. La Presse fait le point sur la situation

La numérisation est mise à rude épreuve, les critiques fusent de partout et le plus souvent, c’est le retour au bon vieux système classique, celui de prendre la route, réelle cette fois et non virtuelle, vers l’établissement scolaire ou universitaire, ou la Poste pour tenter de trouver des solutions aux problèmes. 

Le nombre des nouveaux bacheliers s’élève à 74.377, alors que celui des élèves a atteint 235 6630, avec une augmentation de 2,8% par rapport à l’année précédente. 

L’inscription en ligne des élèves des établissements publics et privés, de la deuxième année primaire au baccalauréat, a été lancée lundi 02 septembre 2024. Pour les nouveaux élèves de la première année primaire des écoles publiques et privées, les inscriptions ont été fixées pour le mercredi 04 septembre, selon les communiqués publiés par les délégations régionales de l’éducation. Les paiements électroniques sont effectués par le crédit du téléphone portable, en utilisant le code *181#. 

Quant à la rentrée universitaire 2024-2025, les ministères de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique, et des Technologies de la Communication ont tenté de faire mieux cette année, en annonçant qu’il est désormais possible pour les étudiants d’utiliser l’application E-Houwiya sur mobile, comme méthode simplifiée et complémentaire pour s’inscrire en ligne sur le site www.inscription.tn. Sauf que la majorité des étudiants n’utilisent pas cette application. On ne sait pas d’ailleurs pour quelle raison, mais il va sans dire que tant c’est facultatif, les gens n’y pensent même pas.  

«Il m’a fallu plus de trois heures pour inscrire mon enfant»

A première vue, sur le plan théorique tout va pour le mieux. Malheureusement, ce n’est pas le cas en pratique, pour un grand nombre de parents de jeunes élèves, de lycéens et d’étudiants. Pour certains, l’inscription en ligne a parfois viré au cauchemar. Ils étaient plusieurs à critiquer la grande lenteur de la plateforme dédiée à l’enregistrement en ligne des élèves. «Il m’a fallu plus de trois heures pour terminer cette opération qui aurait dû ne prendre que quelques minutes, pas plus», nous souligne l’un des parents. Houriya, mère de deux garçons dans un lycée de la banlieue nord de Tunis, est du même avis. Elle a dû multiplier les tentatives de connexion à la plateforme avant qu’elle ne parvienne à enregistrer ses deux mômes.

Pour Mohamed Ali, père du jeune Mourad, ce sont les coupures d’électricité dans la ville du Kram dans la journée du 4 septembre qui l’ont mis plus en colère. «A trois ou quatre reprises, j’ai tenté de me connecter à la plateforme, en vain. Les coupures d’électricité étaient au rendez-vous et j’ai dû remettre l’enregistrement pour le lendemain matin», nous confie-t-il.

L’ingénieur en informatique Youssef que nous avons contacté pour mieux comprendre les raisons de cette lenteur n’y va pas par quatre chemins, il a mis en cause le serveur du site web dédié à l’inscription. «S’il n’est pas performant, il peut ralentir les vitesses de chargement», explique-t-il.

A défaut de réponses, il faut contacter l’établissement universitaire

C’est au niveau des inscriptions universitaires que les choses se corsent encore plus. Il suffit de consulter les commentaires publiés par les étudiants sur la page facebook du site dédié à l’inscription universitaire en ligne (inscription.tn) pour s’en rendre compte. Les réponses apportées par les administrateurs du site aux difficultés rencontrées par les étudiants au cours de certaines phases de l’inscription ne permettent pas, dans la plupart des cas, d’aboutir à résoudre les problèmes. Parfois elles remettent en question la notion du service en ligne.  

A ce titre, Hiba souligne que de nombreux étudiants de diverses institutions universitaires ont déjà rencontré de grandes difficultés lors de leur inscription en ligne, en raison de possibles dysfonctionnements du site web en question. Pour répondre à sa requête, les administrateurs du site (inscription.tn) lui conseillent de faire le déplacement à l’université pour présenter les documents prouvant qu’elle était bénéficiaire d’une bourse d’études pour l’année universitaire écoulée. Par la suite, son établissement devra archiver ses données d’inscription précédentes et ainsi elle pourra percevoir la première échéance de la bourse de l’année universitaire en cours !

Dans ce même contexte, l’étudiante Najla se demande pourquoi on impose à une personne de faire le déplacement, et parcourir une grande distance depuis son lieu de résidence afin de rejoindre la faculté. A nous de poser la question suivante : pourquoi les services de tutelle n’ont pas digitalisé les anciennes données d’inscription ?  

Ines est doctorante, elle se demande comment faire pour payer les frais d’enregistrement. Elle comptait sur l’enregistrement en ligne pour éviter de faire le déplacement, mais elle a dû déchanter, car elle est en devoir de contacter son établissement universitaire. Autrement dit, l’inscription en ligne n’est pas encore à l’ordre du jour pour les doctorants du moins dans son établissement.

Plusieurs étudiants évoquent à leur tour d’énormes difficultés au niveau de l’opération du paiement des frais d’enregistrement. Tel est le cas de Maha qui n’est pas parvenue, à plusieurs reprises, à achever l’opération de paiement, lors de l’enregistrement. «Je reçois toujours un message m’indiquant que la transaction a échoué», regrette de son côté Nabil. D’autres ont carrément perdu l’accès à leurs comptes pour des raisons qu’ils ignorent encore et ne savent pas à quel saint se vouer.

Des réponses pas suffisamment convaincantes

Ces difficultés ont engendré le dépit chez une grande partie des étudiants qu ont par ailleurs poussé les autorités à réagir, mardi 3 septembre, en publiant sur les réseaux sociaux, précisément sur le site transcription.tn. Quelques éclaircissements, tout en rappelant qu’ils ont déjà fait l’objet de communiqués publiés dans le passé.

Pour les problèmes relatifs au paiement, et après coordination avec la Poste Tunisienne, il s’est avéré que pour les cartes expirées, même si elles ont été chargées, elles ne sont plus valables pour le paiement. Et si un étudiant fait plusieurs tentatives de paiement qui échouent, que ce soit avec des cartes expirées ou avec de nouvelles cartes, les serveurs de la Poste bloquent systématiquement le processus de paiement (la transaction).

En vue de résoudre ce problème, l’étudiant doit vérifier qu’il dispose d’une nouvelle carte ou d’une ancienne carte dont la validité n’a pas encore expiré. Avec des frais supplémentaires à débourser pour débloquer la carte.

Notons toutefois que sur le site Inscription.tn, deux liens électroniques ont été introduits, en guise de rappel des explications déjà indiquées sur ce même site. Il s’agit de : https://shorturl.at/oxTOi et de : https://shorturl.at/egVIN, sauf qu’en tentant d’ouvrir ces deux liens, on a eu droit à la mention suivante : « Cette page n’est pas disponible pour le moment ». Cela confirme et donne raison aux critiques faites par les étudiants. Ce site a bel et bien besoin de révision de fond en comble et d’innovation.

La capacité du serveur utilisé par les autorités de tutelle

Autre problème que nous avons relevé à ce niveau, la réclamation sur l’opération inscription en ligne est possible en remplissant un formulaire disponible sur le site http://www6.inscription.tn/fr/reclamation-2.html dans lequel l’étudiant doit introduire ses données personnelles (nom, prénom, émail, CIN , date de naissance, établissement d’études, sauf que cette adresse n’est pas sécurisée (elle porte la mention http et non https), nous explique Youssef, notre expert en informatique.

Ce dernier ajoute que le http présente plusieurs risques en matière de sécurité, comme l’absence de cryptage des données et les gros risques de piratage.

Quant aux problèmes rencontrés au niveau de la plateforme numérique, il ajoute qu’ils sont dus, en général, à l’activation automatique d’une limitation du nombre d’inscriptions par heure. Quand tout le monde veut s’inscrire en même temps, le site peut «beuguer», autrement dit, il est saturé et ne répond plus. En cas de pic de trafic, le site n’est pas en mesure de supporter une grande affluence. Et donc n’est plus en mesure de répondre. Cela nous amène à remettre en cause la capacité du serveur utilisé par les autorités de tutelle.

Du côté des étudiants qui ont trouvé de grandes difficultés pour s’enregistrer en ligne ou qui n’ont pas encore réussi à le faire, ces explications apportées ne sont pas convaincantes. Ces derniers n’ont pas manqué de manifester leur colère à l’égard des concepteurs de ce site web, arguant du fait qu’ils rencontrent chaque année les mêmes problèmes, depuis leur réussite au baccalauréat.  

Pour les étudiants en Master dont l’inscription en ligne est toujours programmée en dernier lieu, il leur arrive souvent de rejoindre les cours pendant des semaines, avant l’enregistrement. Une situation insolite, et qui dure depuis longtemps.

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