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Affaire du complot contre l’État : En attendant la version officielle…

 

Du côté des autorités, aucune déclaration n’a été publiée concernant les arrestations. Hormis la déclaration du Président de la République dans laquelle il assure que «la vérité qui sera révélée aura l’effet d’un séisme», c’est toujours le silence dans le but de ne pas nuire au déroulement des enquêtes en cours qui pourraient allonger encore plus la liste des accusés.

Alors que les auditions touchent à leur fin, l’accusation se précise contre certaines figures interpellées dans la cadre de l’affaire de complot contre la sûreté de l’Etat. Des mandats de dépôt ont été émis par le juge d’instruction près le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme à l’encontre de Khayam Turki, Abdelhamid Jelassi, Kamel Letaïef, Jawhar Ben Mbarek, Chaima Issa, Issam Chebbi,  Ridha Belhaj, Ghazi Chaouachi, d’après leurs avocats.

Du côté des autorités officielles, aucune déclaration n’a été publiée concernant ces arrestations. Hormis la déclaration du Président de la République dans laquelle il assure que «la vérité qui sera révélée aura l’effet d’un séisme», c’est toujours le silence dans le but de ne pas nuire au déroulement des enquêtes en cours qui pourraient allonger encore plus la liste des accusés.

A ces arrestations, s’ajoute celle toute récente du dirigeant au sein du parti Ennahdha Said Ferjani. Selon l’avocat Samir Dilou, ce dernier est accusé par un « indicateur anonyme » d’être en contact avec l’homme d’affaires Kamel Letaïef. Il est chargé d’apporter son soutien au complot contre l’Etat en recrutant des magistrats, des blogueurs, des sécuritaires, des journalistes, des politiciens et des magistrats.

Pour les avocats, «le dossier est vide»

Des copies des procès-verbaux autour de cette grave affaire de complot contre la sûreté intérieure de l’Etat et dont l’authenticité reste à vérifier circulent sur les réseaux sociaux ont été récupérées par les avocats de la défense et par d’autres chroniqueurs  pour  appuyer la position des accusés. Certes, la présomption d’innocence est un droit indéniable qu’il ne faut pas bafouer. Les avocats sont dans leur rôle habituel et présument que «le dossier de l’accusation  est vide et manque de preuves».

Ainsi, Essia Haj Salem, avocate de Lazhar Akremi (arrêté lundi 13 février 2023) souligne dans sa déclaration à la Tap que «le mandat de dépôt était prêt bien avant la séance d’audition et que son client a été auditionné pour constitution d’une entente pour complot contre l’Etat». A l’instar d’autres avocats de la défense, elle fait savoir que «le dossier de cette affaire ne contient aucune preuve».

La stratégie de la défense est bien claire dans ce dossier qui n’a pas toujours livré ses secrets. Elle consiste à refuser la plaidoirie devant le juge d’instruction. C’est le cas pour Samir Dilou qui a déclaré que «les avocats des accusés n’avaient pas plaidé devant le juge d’instruction sous prétexte que cela  était inutile et que les conditions pour un procès équitable n’étaient pas réunies», selon lui.

Certains avocats (mais aussi des chroniqueurs) s’appuient sur la fuite (volontaire?) d’informations se rapportant au déroulement des enquêtes et aux procès-verbaux pour pointer une affaire vide de preuve et que c’est du «cousu main». Ils évoquent, à cet effet, le procès-verbal fuité sur les réseaux sociaux concernant des informations divulguées par une source anonyme résidant à Bruxelles  en lien avec une tentative de coup d’Etat,  avec comme protagoniste principal l’homme d’affaires Kamel Ltaief qui fait aujourd’hui l’objet d’un mandat de dépôt.

La version du complot qui circule sur les réseaux sociaux  en faisant référence à ce procès-verbal fuité  ne pourra constituer un élément d’accusation crédible mais elle a, semble-t-il, induit en erreur certains «analystes» et les a conduits à une fausse piste. Les enquêteurs  sont dans l’obligation d’entendre toutes les sources humaines  susceptibles d’apporter de nouveaux éléments ou preuves à l’enquête, mais pour ce qui relève de la véracité de certains propos ou versions, c’est une autre question. Toutefois, les enquêteurs ne se référent guère à ce procès, mais plutôt à des preuves et aux aveux de certains accusés.

Des personnalités étrangères en chef d’orchestre ?

Loin des arguments donnés par la défense et les chroniqueurs, c’est un autre son de cloche émanant d’autres observateurs qui tentent de confirmer les lourdes accusations qui pèsent contre les personnes interpellées sur fond de réunions tenues avec des parties étrangères en vue d’étudier les moyens susceptibles de «renverser» le Président de la République, quitte «à user de moyens qui transgressent les lois du pays  à défaut de procédure légale  de destitution, dont la provocation des pénuries des produits alimentaires de base».

Des noms de diplomates, de personnalités étrangères influentes sont ainsi pointés du doigt. On se rappelle tous que le contexte sécuritaire général du pays a été favorable à l’ingérence étrangère et aux espions de tous bords, notamment du temps de la Troïka. Le 25 mars 2018 le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi, n’a pas hésité à dévoiler lors d’un meeting syndical à Bizerte que «le pays est infecté par les services d’intelligence et les espions» et a évoqué l’assassinat du martyr Mohamed Zouari à Sfax.

Certes, le pays est beaucoup plus sécurisé aujourd’hui, mais la volonté de certaines puissances étrangères nostalgiques du colonialisme de faire pression sur notre pays en matière d’orientations  géostratégiques est toujours perceptible dans les déclarations de certaines chancelleries étrangères qui dissimulent mal leurs visées réelles.

Ceci explique, en partie,  leurs étranges et surtout  rapides réactions suite aux arrestations qui ont ciblé des hommes politiques et des hommes d’affaires dont les noms figuraient en tête de liste comme invités lors  des fêtes et réceptions organisées dans les bâtiments des ambassades et des résidences. «La souveraineté de la Tunisie est au-dessus de toute considération», a martelé le Président Kaïs Saïed, en guise de réponse à ces réactions.

Les autorités ont procédé, depuis le 11 février 2023, à une vague d’arrestations et d’audition de personnalités de renoms, dont des dirigeants de partis politiques, des journalistes, deux magistrats, des homme d’affaires, des avocats et des militants politiques impliqués dans diverses affaires dont la plus grave est celle en lien avec le complot contre la sûreté intérieure de l’Etat.

Le Président de la République a accusé certaines personnes interpellées d’être impliquées dans un complot contre la sûreté de l’Etat, les accusant d’être responsables de la pénurie des produits de base et de la montée des prix.

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