77e Festival de Cannes : De grands noms du cinéma attendus sur la Croisette
Dix-neuf films de tous les coins du monde sont en lice pour la Palme d’Or de cette 77e édition du Festival de Cannes qui se tiendra du 14 au 25 mai. De grosses pointures du cinéma mondial: Coppola, Cronenberg, Jia Zhang-Ke sont de retour à Cannes. Le détail.
La sélection officielle du 77e Festival de Cannes déroulera 52 films au total, dont notamment 19 films en compétition et 15 dans la section «Un Certain Regard». «La sélection est le fruit de la projection de 2.000 films au total que nous avons tous vus», a révélé Thierry Frémaux, délégué général du festival. Et d’ajouter : «Cela n’a pas été particulièrement facile à faire, le cinéma américain ayant été impacté par une longue grève, ce qui a impacté à son tour le Festival de Cannes». Toutefois, a poursuivi le délégué général, «le cinéma américain sera tout à fait présent». Puisque trois métrages sont en lice pour la Palme d’Or : «Anora» de Sean Baker, une histoire d’amour du genre comédie dramatique, «Oh Canada !» de Paul Schrader mettant en scène la confession d’un documentariste canadien, campé par Richard Gere, sur ce qu’a été sa vie et enfin, «Mégalopolis» de Francis Ford Coppola.
Cette édition sera donc marquée par le retour en compétition de Coppola 45 ans après sa deuxième Palme d’Or pour «Apocalypse Now», il a obtenu la première en 1974 pour «Conversation secrète». L’immense réalisateur américain, âgé de 85 ans, réalise avec ce nouveau métrage un rêve qui l’a habité depuis quatre décennies, puisqu’il a commencé à en parler dès 1982. Du genre science-fiction, cet opus au budget colossal de 100 millions de dollars (environ 311 millions de dinars) met en scène l’histoire d’un architecte qui, après une catastrophe ayant ravagé la ville de New York, veut recréer la ville et en faire une utopie alors que le maire corrompu s’y oppose. Côté casting, Coppola s’est entouré de jeunes et moins jeunes acteurs, dont Adam Driver, Shia LaBeouf, Aubrey Plaza, Dustin Hoffman, John Voight et autres. Ce «film du genre testamentaire», selon la presse américaine, est comparé, par cette même presse, à «Citizen Kane» d’Orson Welles, l’un des films les plus importants de l’histoire du cinéma. Avec ce film à l’évidence très attendu sur la Croisette, Coppola décrochera-t-il une troisième Palme d’Or ? Attendons voir.
Les habitués du festival
Parmi les habitués du festival : le Chinois Jia Zhang-Ke qui présentera «Caught by the Tides» (Capturé par les marées). «Le film dit quelque chose de la Chine, quelque chose qu’on n’a pas l’habitude de voir», commente Thierry Frémaux. On y suit, durant plus de 20 ans de 2001 à 2023, la vie d’une femme solitaire et silencieuse, Zhao Tao, actrice fétiche du cinéaste, qui vit une histoire d’amour passionnée, mais fragile. Du genre drame, le film déroule deux décennies de l’histoire d’un pays en pleine mutation.
Le Grec Yorgos Lanthimos présentera en compétition et en avant-première mondiale «Kinds of Kindness», après avoir remporté le Lion d’Or à Venise et quatre Oscars pour son film précédent «Pauvres créatures». Son nouveau métrage est «une fable triptyque suivant un homme sans choix qui tente de prendre le contrôle de sa vie» qui met en vedette deux acteurs principaux Willem Dafoe et Emma Stone. Dans un entretien au magazine américain Variety, le délégué général du festival soutient que «Yorgos Lanthimos compte beaucoup, il est des meilleurs, l’un des plus créatifs et des plus imprévisibles. Nous sommes heureux de l’avoir accueilli très tôt dans sa carrière avec ‘‘Canines’’».
Le cinéaste canadien, David Cronenberg («La mouche» et «Crash »), revient pour la septième fois, à Cannes. Il concourt pour la récompense suprême avec «The Shrouds» (Les Linceuls), «un thriller mettant en scène un homme d’affaires innovant et veuf éploré ayant construit un dispositif permettant de communiquer avec les morts à l’intérieur d’un linceul funéraire». Au casting : Vincent Cassel et Diane Kruger.
Après avoir obtenu le prix du jury en 2016 pour «American Honey», la réalisatrice britannique Andréa Arnold brigue, encore une fois, la Palme d’Or, avec «Bird» qui suit le destin d’une jeune fille dans une banlieue anglaise.
Le cinéma italien est représenté par le métrage de Paolo Sorrentino, cet autre grand habitué du festival (Prix du jury en 2008 pour «El Divo»), sélectionné pour la septième fois en compétition officielle avec «Parthénope», un drame fantastique se focalisant sur la vie d’une jeune fille, de sa naissance dans les années 1950 à nos jours. « Une épopée féminine dépourvue d’héroïsme, mais éprise de liberté, de Naples, et d’amour. Autour de Parthénope, les Napolitains scrutés, aimés, désillusionnés et pleins de vie, que l’on suit dans leur dérive mélancolique, leur ironie tragique et leurs moments de découragement». Le film est porté par une pléiade d’acteurs, dont Luisa Ranieri, Gary Oldman et Stefania Sandrelli.
De son côté, Ali Abassi, cinéaste danois d’origine iranienne, est pour la deuxième fois en compétition, après «Mashad» en 2022, avec «The Apprentice», un film à la fois dramatique et biographique évoquant les jeunes années de l’entrepreneur immobilier Donald Trump, incarné par Sebastian Stan, et sa relation avec l’homme politique, Roy Cohn.
On observe, également, qu’après une longue éclipse, le cinéma indien revient sur la Croisette avec «All we imagine as light » (Tout ce que nous imaginons comme lumière) de la réalisatrice indienne Payal Kapadia. Ce sera le premier film indien à être en compétition officielle depuis 30 ans. L’opus met en scène deux infirmières, toutes deux troublées par leur relation, qui se lancent de Mumbai, où elles vivent, dans un road trip vers une ville balnéaire où « la forêt mystique devient un espace où leurs rêves se manifestent ». Le premier long-métrage de Kapadia «Une nuit sans rien savoir », sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs en 2021, a remporté le prix Golden Eye du meilleur film documentaire.
Cinq films français briguent la Palme d’Or
Le cinéma français figure en bon nombre dans la compétition officielle avec cinq films au total dont : «Emilia Perez», une comédie musicale sur fond de thriller-criminel signée Jacques Audiard (Palme d’Or avec «Dheepan» en 2015). «Marcello Mio» de Christophe Honoré est «l’histoire d’une femme, Chiara, actrice, qui n’est autre que la fille de Marcello Mastroianni, décédé en 1996, et Catherine Deneuve, le temps d’un été, chahutée dans sa propre vie, elle décide de vivre la vie de son père. Elle s’habille désormais comme lui, respire comme lui et elle le fait avec une telle force qu’autour d’elle, les autres finissent par y croire et se mettent à l’appeler Marcello». Chiara Mastroianni incarne l’héroïne du film aux côtés de Catherine Deneuve et Benjamin Biolay. «The Substance» de Coralie Fargeat, «film Gore assumé», selon le délégué général du festival, est décrit comme «Une vision explosive et féministe de l’horreur corporelle» Demi Moore y campe le rôle principal.
Enfin, «Diamant Brut» de la réalisatrice française Agathe Riedinger qui évoque les rêves et les utopies d’une jeune fille obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, et c’est dans la télé-réalité qu’elle voit la possibilité d’être aimée. Le destin lui sourit enfin lorsqu’elle passe un casting pour «Miracle Island». C’est là le seul premier long-métrage de la compétition officielle.
«Mégalopolis» de Francis Ford Coppola
en compétition officielle
Pas de films africains en compétition
Aucun film africain n’a été retenu en compétition officielle, toutefois trois métrages ont été sélectionnés dont deux programmés dans la section « Un certain regard» : «The Village Next To Paradise» du Somalien Mo Harawe qui filme le quotidien d’une famille somalienne, indissociable de la situation sociopolitique de ce pays en proie aux troubles politiques, aux catastrophes naturelles et à l’héritage du colonialisme.
«On Becoming a Guinea Fowl» de la Zambienne Rungano Nyoni signe la première entrée de l’histoire du Festival de Cannes de la Zambie et de la Guinée, le film se passe entre les deux pays et déroule une comédie dramatique familiale assez forte et inédite», a commenté Thierry Frémaux. Ce sont les rapports humains et les relations entre femmes et hommes dans ces pays-là que met en scène cet opus en utilisant des éléments de la satire et du symbolisme.
Le troisième film africain, sélectionné dans la catégorie «Cannes Première», est signé Nabil Ayouch, l’un des accoutumés du festival («Les chevaux de Dieu» en 2012 et «Haut et fort » en compétition en 2021). Le réalisateur marocain présentera son huitième métrage «Everybody loves Touda» qui suit une femme rêvant de devenir une Cheikha. Touda se produit tous les soirs dans les bars de sa petite ville de province sous le regard des hommes, elle nourrit l’espoir d’un avenir meilleur pour elle et son fils. Maltraitée et humiliée, elle décide de tout quitter pour les lumières de Casablanca.
Enfin, une première pour le cinéma saoudien, qui malgré un cinéma peu développé et une maigre cinématographie, se retrouve dans la sélection officielle avec : «Norah» de Tawfik Alzaidi, sélectionné dans la section «Un Certain Regard». «Il marque la première entrée de l’Arabie saoudite dans la sélection officielle », a déclaré le délégué général du festival, ajoutant que «c’est un film de désert, de sable et de paysages, mais aussi l’histoire d’un enseignant et d’une jeune fille Norah». L’action a lieu dans un village reculé du royaume à l’époque des années 90 où Norah, jeune fille analphabète et orpheline, aspire à sortir de son monde après avoir découvert que Nader est plus qu’un nouveau professeur dans le village. Le film explore le rapport à l’art en tant que moyen de communication entre les gens.
«Caught by the Tides» de Jia Zhang-Ke en compétition officielle
Quatre réalisatrices en lice pour la Palme d’Or
La section «Un Certain Regard», dont l’objectif est de révéler de nouveaux talents, propose six premiers longs-métrages qui concourront pour la Caméra d’Or, dont «Armand» du réalisateur norvégien Halfdan Ullmann Tondel qui n’est autre que le petit-fils de Liv Ullmann, l’actrice fétiche d’Ingmar Bergman, «September Says» de l’actrice franco-grecque Ariane Labed, «Le Royaume» du réalisateur corse Julien Colona. Dans le reste de la sélection, certains talents sont déjà confirmés, tels le réalisateur japonais Hiroshi Okuyama qui, six ans après «Jésus» son premier opus, signe, avec «Sunshine», un drame délicat qui explore l’amitié entre deux jeunes patineurs. «C’est comme si Kore-Eda revenait, comme il y a 25 ans, avec ses premiers films. C’est peut-être un jeune Kore-Eda que nous avons avec Hiroshi Okuyama», a déclaré Thierry Frémaux.
Concernant, enfin, la présence des cinéastes femmes, contrairement à l’an passé, où six réalisatrices étaient en lice pour la Palme d’Or, elles ne sont plus que quatre cette année, soit 21%, toutefois, on compte huit films de femmes dans les autres catégories de la sélection officielle, ce qui porte leur nombre à 12 au total.
«All we imagine as Light» de Payal Kapadia en compétition officielle
Palme d’Or d’honneur pour George Lucas
Afin de départager tous ces films, le jury de la compétition officielle sera présidé par Greta Gerwig, actrice et réalisatrice de « Barbie », l’un des plus gros blockbusters, sorti l’année dernière, elle sera la première cinéaste américaine à assurer ce «rôle». De son côté, le réalisateur québécois Xavier Dolan («Mommy», «Juste la fin du monde») présidera le jury du prix «Un Certain Regard».
Dans les autres catégories de la Sélection Officielle, des noms importants du cinéma sont annoncés : Kevin Costner présentera son film façon Western : «Horizon, An American Saga» en Hors Compétition. Un projet en quatre épisodes sur la conquête de l’Ouest américain avec dans les rôles principaux Sienna Miller, Sam Worthington et Jena Malone. Dans la même catégorie, Georges Miller présentera «Furiosa», nouveau volet de la saga «Mad Max».
George Lucas, une autre immense figure du cinéma hollywoodien, le père des sagas «Star Wars» et «Indiana Jones», recevra la Palme d’Or d’honneur lors de la cérémonie de clôture. Le Festival de Cannes se dit, donc, «heureux de saluer l’une des plus grandes personnalités du cinéma contemporain, un homme au parcours hors norme qui fait rimer grand spectacle avec innovation, mythologie avec modernité et cinéphilie avec technologie».
L’ouverture de cette 77e édition, dont l’actrice Camille Cottin sera la maîtresse de cérémonie, revient à Quentin Dupieux avec «Le Deuxième acte». Projetée en hors compétition, cette comédie loufoque est campée notamment par Louis Garel et Vincent Lindon.
Enfin, le délégué général a assuré que, cette année, «le festival sera pacifique, pacifié, joyeux et généreux et qu’on ne parlera que de cinéma».
Le jury de la 77e édition du festival de Cannes
Présidente
Greta Gerwig, réalisatrice, scénariste et actrice américaine
Membres
Ebru Ceylan, scénariste et photographe turque
Lily Gladstone, actrice américaine
Eva Green, actrice française
Nadine Labaki, scénariste et réalisatrice libanaise
Juan Antonio Bayona, scénariste et réalisateur espagnol
Pierfrancesco Favino, acteur italien
Kore-Eda Hirokazu, réalisteur japonais
Omar Sy, acteur et producteur français
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