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68e anniversaire de l’Armée Nationale | L’Armée, l’un des attributs de Souveraineté d’un état (1ère partie) : Le premier contingent de militaires tunisiens volontaires transféré de l’armée française ; l’implantation des postes frontaliers

 

Par le Colonel (r)Boubaker BENKRAIEM*

De bout en bout de cet article, en avant-plan ou en toile de fond, un acteur majeur aura jeté son ombre tutélaire sur le parcours que plus de sept millions de jeunes concitoyens qui ont eu le mérite et l’honneur d’effectuer, lors du service national, entre 1956 et 2024, ce devoir constitutionnel que la majorité de l’élite tend, malheureusement, à oublier, et que je tiens à retracer dans l’unique but de contribuer, pour une part si modeste fût-elle, à l’éclairage de certaines stations de l’histoire contemporaine de notre pays : l’Armée nationale. C’est que celle-ci est devenue une partie constitutive de notre être, nous les officiers, appartenant à la génération de l’indépendance, et aux premières promotions d’officiers de la Tunisie indépendante. Sous l’uniforme ou en tenue de ville, dans des fonctions et missions militaires ou civiles, elle préside à chaque instant de notre vie. Elle nous inspire à tout moment, nous imprégnant jusqu’à la moelle épinière de ses nobles valeurs. En cela, certes, nous sommes semblables à tous les enfants de l’Institution, de l’homme de troupe aux plus haut gradés, mais avec une sensibilité toute particulière que ne peut partager avec nous qu’un groupe de compagnons d’armes de plus en plus restreint au fil des jours : tous ceux qui ont constitué, à l’automne 1956, le premier contingent de cette armée assurément singulière parti se former, en France, dans la prestigieuse Ecole spéciale militaire interarmes de St Cyr Coëtquidan. Oui, ceux-là ont vu naître cette grande Institution qui, à son tour, les a vus grandir dans son giron. A peine sortis de l’adolescence, nous avons, en effet, trouvé en elle non seulement l’horizon de notre vie professionnelle mais encore une école de civisme, de don de soi, de discipline, de dévouement et de sacrifices. Elle a développé en nous ce nationalisme et ce patriotisme qui nous collent à la peau ainsi que les grandes valeurs morales qui nous ont guidés tout au long de notre carrière.    

En effet, le 20 mars 1956, la France reconnaît solennellement l’indépendance de la Tunisie et l’abrogation des protocoles du protectorat de 1881 et 1883 qui sont devenus caducs. Le texte stipulait que la Tunisie a accédé à l’indépendance dans le cadre de l’interdépendance avec la France. Ce dernier terme a été ajouté à la déclaration, avec l’accord du Leader Bourguiba, dans le but de calmer et les faucons de Paris et les colons français de Tunis. Cette indépendance a été obtenue malgré le  déchirement cruel, au sein du parti du néo-destour, entre son Président, le Combattant suprême Habib Bourguiba et son Secrétaire Général, le grand Leader Salah Ben Youssef, déchirement relatif à l’édification par Bourguiba de la «politique des étapes» qui s’est, d’ailleurs, avérée, positive, puisque moins sanglante.   

Notre Armée nationale fête, ce 24 juin, son 68e anniversaire. C’est l’occasion de rappeler au peuple tunisien, dont l’attachement à son armée qu’il retrouve, à chaque fois, est indéfectible, les différentes étapes et les vicissitudes par lesquelles elle est passée. Je le fais parce que nombre de nos concitoyens, dont une bonne partie de l’élite, ignorent, malheureusement, tout de l’Armée et surtout les circonstances dans lesquelles elle a été créée ainsi que les difficultés qu’elle a rencontrées pour l’acquisition, au départ, du minimum nécessaire d’armement. En effet, les pays occidentaux, par solidarité avec la France, ont décidé, durant quelques années, d’un embargo à notre encontre, sous prétexte que cet armement pourrait être cédé aux combattants algériens qui, depuis le 1er novembre 1954, menaient  leur combat libérateur contre l’occupant.         

La particularité de notre Armée est qu’elle est l’une des rares armées au monde à s’être formée par elle-même et grâce à ses propres enfants. En effet, il est de tradition que lorsqu’un pays colonisé ou sous protectorat accède à l’indépendance, c’est l’ex-puissance coloniale qui l’aide à créer les attributs de sa souveraineté, dont l’armée. Cependant, la Tunisie ne l’a pas fait, pour les raisons évidentes qu’il n’est pas difficile de deviner. C’est pourquoi je rends un vibrant hommage à nos anciens, les vingt-quatre officiers tunisiens qui avaient servi dans l’armée française et qui ont été transférés, sur leur demande, à la jeune armée tunisienne et avec eux le contingent composé de près de mille quatre cents militaires comprenant un certain nombre de sous-officiers et dont la grande majorité était des hommes de troupe (soldats et caporaux). A ce petit contingent s’est greffée la petite garde beylicale. Je voudrais citer parmi ces anciens qui ont eu ce grand mérite et cet honneur, les commandants Mohamed El Kéfi,  Habib Tabib, Amor Grombali, les capitaines Mohamed Habib Essoussi, Lasmar Bouzaiane, Sadok Mansour, Béchir Bouaïche, Chérif Slama, Abdelaziz Ferchiou, Hassine Remiza, Mohamed Missaoui, Mohamed Kortas, Ahmed El Abed, Mohamed Limam, Amara Fecha, Kaddour Ben Othmane, Mohamed Abbès, Ali Charchad, Hassine Hamouda, les lieutenants Mohamed Béjaoui, Abdelhamid Benyoussef, Moncef Essid, Sadok Ben Saïd et Mohamed Salah Mokaddem. Se sont joints à eux quelques officiers formés aux académies du Moyen–Orient avant l’indépendance dont Abdallah Abab, Abdelaziz Chouchane, Hedi Zammouri, etc. Ces officiers ont, tout au long de leur carrière dans l’Armée tunisienne, avancé en grade et certains parmi eux ont, même atteint le grade de Général (Mohamed El  Kefi, Habib Tabib, Mohamed Habib Essoussi, Mohamed Salah Mokaddem et Abdelhamid Benyoussef ). Ce petit groupe d’officiers, à l’exception d’un tout petit nombre, n’avait pas bénéficié d’une formation militaire suffisante car il n’avait pas suivi de formation dans les grandes Ecoles d’état-major ou d’Ecoles de guerre, vu leur origine et leur niveau. Pour forger la nouvelle entité, ils ont pioché dans leur riche expérience d’hommes engagés aux premières lignes sur tous les fronts de la Seconde Guerre mondiale et même, hélas, des guerres coloniales françaises (en particulier en Indochine) pour créer et organiser une armée avec un état-major, des unités de combat ainsi que des services de soutien, des centres d’instruction et des écoles de formation. En un mot, ils ont su assurer et garantir une vie normale à des dizaines de milliers d’hommes dans tous les domaines (recrutement, hébergement, habillement, alimentation, salaires, santé, matériels et équipements, armement et munitions, matériels roulants, instruction, formation et manœuvres, etc.). C’est seulement à notre maturité, après tant d’années de service, avec l’expérience que nous avons acquise et les responsabilités que nous avons assumées, que nous, les officiers de la première promotion d’officiers de l’indépendance, issus de St Cyr (la Promotion Bourguiba), nous nous sommes rendu compte de la complexité de la tâche de nos aînés, les officiers transférés de l’armée française et de la garde beylicale. Ceux-ci et ceux-là ont rendu à la jeune Armée tunisienne des services énormes que nous apprécions, jusqu’à maintenant, à leur juste valeur. C’est, d’ailleurs, grâce à eux que nous sommes fiers et nous nous vantons d’être parmi les rares armées au monde à avoir formé et organisé notre Institution militaire sans conseillers ni techniciens étrangers et nous n’avons eu, à ce propos, ni aide ni assistance d’un pays tiers. Bravo à nos anciens qui se sont ingéniés avec les moyens du bord à créer de toutes pièces et organiser une armée moderne digne de ce nom. Pour tout ce qu’ils ont fait, nous, les officiers de la Promotion Bourguiba, qui, près de 15 ans plus tard, avons commencé à prendre les rênes du commandement, nous leur sommes reconnaissants pour toujours.

L’Armée nationale que le peuple tunisien n’a, véritablement, découverte qu’à l’occasion de la révolution, en décembre 2010- janvier 2011, et qu’il continue de découvrir davantage depuis, étant donné les différents évènements que vit notre pays, fête aujourd’hui, 24 juin, son 68e anniversaire.

Sa mission principale étant la défense du pays, ses missions secondaires sont multiples : elles se rapportent à l’appui aux Forces de sécurité intérieure pour le maintien de l’ordre lorsque celles-ci se trouvent dépassées par l’ampleur des évènements, à l’intervention lors des catastrophes naturelles (inondations, incendies, sauterelles, étourneaux, etc) ou d’accidents graves ( sur  voies routières ou ferrées) et à  entreprendre certaines actions de développement dans les régions difficiles d’accès ou n’attirant pas les entreprises privées telles que la route du Chott el jerid Kébili-Tozeur, l’Oasis de Rjim Maatoug, l’adduction d’eau potable à l’île de Kerkennah, la construction des villages de Bordj Bourguiba et Bordj el Khadra, etc. D’autre part, fidèle, depuis l’indépendance et grâce au choix et aux conceptions du Président Bourguiba, relatifs à une politique de paix, d’amitié et de non–ingérence dans les affaires internes des autres pays, la Tunisie a été, à plusieurs reprises, sollicitée, pour participer aux opérations de maintien de la paix, sous la bannière des Casques Bleus de l’Organisation des Nations unies et à chaque fois, notre armée  a été présente et nos hommes ont, partout où ils ont été déployés, en Afrique ou en Asie, admirables de correction, de sérieux et de professionnalisme. 

Mais avant d’en arriver là, notre armée a connu des vertes et des pas mûres : en effet, que de difficultés, que de problèmes, que d’insuffisances, que d’ennuis et que d’obstacles ont rencontrés nos anciens, ceux qui ont eu, sans assistance extérieure, le sublime honneur de créer, en partant de zéro ou presque une armée avec toutes ses composantes et qui sont fort nombreuses!

Et aussitôt, la Tunisie s’est mise au travail : il fallait, tout de suite, mettre sur pied les composantes d’un Etat indépendant: une administration nationale et régionale, des Forces de sécurité intérieure, une diplomatie, une justice et une armée. En ce qui concerne la création de l’armée, deux actions ont été prises simultanément :

1 : une demande à la France pour le transfert des militaires tunisiens servant dans l’Armée française et volontaires pour servir dans la jeune Armée tunisienne,

2 : l’organisation d’un concours pour le recrutement d’une centaine de jeunes Tunisiens destinés à être formés en France comme officiers à la prestigieuse Ecole spéciale militaire interarmes de St Cyr Coëtquidan et devant composer les futurs cadres de l’armée.

D’abord, je voudrais rappeler que normalement, lorsqu’un pays acquiert son indépendance, il demande au pays colonisateur de lui fournir des conseillers pour l’aider à créer son armée. Cela ne s’est pas passé ainsi pour notre pays pour une double raison:

1 – d’une part, la guerre d’Algérie entamant bien, en 1956, sa troisième année, il était absolument normal que la Tunisie accueille, aussitôt, et les réfugiés algériens et les combattants de l’Armée de libération nationale algérienne,

2 – d’autre part, l’Armée française était encore présente dans la plupart de nos villes et son évacuation n’interviendra que dans deux ans, et Bizerte ne le sera que plus tard encore, en 1963.

Il y a lieu de rappeler que la création de l’Armée tunisienne débuta par l’intégration des mille quatre cents militaires tunisiens dont vingt-quatre officiers servant dans l’armée française et qui ont été volontaires pour servir dans la jeune Armée nationale tunisienne. Ces effectifs qui ont défilé le 24 juin 1956 sur l’avenue Gambetta, devenue avenue Mohamed V, ont constitué le 1er régiment interarmes composé de trois compagnies d’infanterie, d’une compagnie de chars, d’une compagnie d’artillerie et de quelques éléments d’armes, de commandement et de soutien (transmissions, génie, transport, etc). Il va s’en dire que ces officiers, à l’exception de trois ou quatre, et du fait de leur origine, n’ont pas suivi la formation d’officiers et sont donc issus du rang. D’ailleurs, le plus haut gradé d’entre eux était un officier du grade de commandant (feu le commandant Habib Tabib) et il était, donc, le seul officier supérieur du groupe. Près de deux cents “militaires” de la garde beylicale (ils n’avaient de militaire que le nom à l’exception de deux ou trois officiers dont feu le Colonel Abdelaziz Ferchiou, responsable de l’intendance habillement et subsistances pendant une quinzaine d’années), se sont joints au contingent provenant de l’armée française. Ces derniers ont vu leurs grades revus à la baisse. Et c’est à ces deux douzaines d’officiers qu’est revenue la tâche  difficile et certainement compliquée mais exaltante de penser, imaginer, concevoir, organiser et mettre sur pied les composantes d’une armée avec son état-major, ses organes de commandement, ses services de soutien, ses centres d’instruction, ses écoles de formation, ainsi que ses unités de combat.

D’autre part, et compte tenu des suites de la guerre d’indépendance de l’Algérie, les réfugiés algériens affluèrent en Tunisie par centaines et par milliers dès la proclamation de notre indépendance dans le but de fuir les combats, les exactions, les arrestations, les brimades, les emprisonnements que leur faisaient subir les troupes françaises d’Algérie. Des camps de toile ont été installés en Tunisie, non loin des frontières pour les accueillir dans les meilleures conditions possibles.

Toutefois, des actes de provocation, des incursions et des accrochages le long de nos frontières sont devenues monnaie courante. En effet, quelques mois seulement après l’indépendance, un violent accrochage opposa, le 16 octobre 1956, une compagnie de l’armée française à un groupe de résistants algériens dirigés par Si Abbes, entre Bouchebka et Kasserine, près de Thélepte.  Le bilan de l’accrochage a été lourd autant pour l’unité française qui eut de nombreux morts et blessés ainsi que du côté de l’ALN algérienne. Les troupes françaises, appelées en renfort, se livrèrent, en territoire tunisien, à un ratissage systématique des cheikhats de Fej Hassine et de Hydra et exercèrent des représailles contre la population tunisienne. Des femmes ont été blessées, des hommes ont été arrêtés et conduits en prison, des gourbis ont été incendiés et beaucoup de monde a été contraint à fuir. Dans son discours du 19 octobre 1956, le Premier ministre Bourguiba remet en question le statut de la présence des troupes françaises en Tunisie et pose le problème de leur évacuation et rappelle que «les autorités françaises doivent comprendre qu’elles sont tenues de respecter dans chaque Algérien qui se trouve dans ce pays l’autorité tunisienne, que la Tunisie ne permettra pas que la France se serve de notre pays comme base de départ dans la guerre qu’elle mène en Algérie. La France doit savoir que l’armée française stationnée en Tunisie ne doit être en aucune manière articulée sur l’armée française qui opère en Algérie». D’autre part, il donne l’ordre à l’armée tunisienne, encore en formation, de protéger les frontières et de résister, au besoin, aux troupes françaises.

Aussi, du fait de l’arrivée, en Tunisie, des katibas de l’ALN et de leur renforcement, d’office, par les jeunes Algériens réfugiés avec leur famille en Tunisie, en ce lieu sûr leur permettant de s’organiser, de s’équiper, de s’entraîner et de repartir combattre en Algérie, l’Armée tunisienne s’est organisée pour être présente le long de la frontière pour la protéger des incursions françaises et permettre aux combattants de l’ALN d’être rassurés quant à leur sécurité. C’est pour cela que quelques semaines seulement après le transfert, de l’armée française à l’armée tunisienne, du régiment interarmes composé de Tunisiens volontaires, le service militaire d’une durée d’une année a été institué pour les jeunes Tunisiens âgés de vingt ans. D’autre part, et devant le besoin urgent en encadrement, il a été fait appel aux réservistes, les anciens engagés et les retraités de l’armée française et qui étaient encore relativement jeunes. Les besoins de défense de la frontière tuniso-algérienne nécessitèrent, aussitôt, la mise sur pied, et même avant la fin de l’année 1956, de plusieurs bataillons d’infanterie qui ont été implantés, le long de la frontière comme suit : le 1°bataillon d’infanterie couvrant les gouvernorats de Gabès et Gafsa avec poste de commandement à Gabès sous le commandement du Commandant Mohamed Missaoui, le 2° bataillon d’infanterie couvrant les gouvernorats de Souk Larbaa (Jendouba) et Le Kef avec poste de commandement à Ain Draham et commandé par le Commandant Lasmar Bouzaiane, le 3° Bataillon d’infanterie couvrant le gouvernorat de Kasserine avec poste de commandement à Kasserine et commandé par le Commandant Ahmed El Abed et à partir de 1958, le Groupement saharien, couvrant la zone saharienne avec poste de Commandement à Remada et commandé par le Commandant Abdallah Abab.

Pour ce faire, des postes frontaliers, dont le niveau varie, selon le terrain et l’importance de la position, entre un groupe de combat ( 11 hommes) et une section ( 31 hommes) ont été implantés le long de la frontière dans des conditions parfois difficiles. Leurs positions dépendaient, essentiellement, du terrain et certains étaient à quelques centaines de mètres de la frontière alors que d’autres étaient implantés à quelques kilomètres. En effet, la plupart des postes ont été installés, au départ, dans des tentes et au fur et à mesure des possibilités et des opportunités, les militaires ont occupé soit des constructions abandonnées que les soldats eux-mêmes ont aménagées  ou agrandies et badigeonnées, soit ils ont construit eux-mêmes leur poste utilisant les matériaux trouvés sur place ( la pierre, le mortier composé de terre et de paille, les branchages  d’arbres pour la toiture) ; pour un petit nombre, ils ont utilisé les fermes des colons français dont les terres ont été nationalisées avant terme du fait de leur proximité de la frontière; en fait, soixante postes partant de la mer Méditerranée, depuis Tabarka au nord et allant au sud, jusqu’au grand Erg Oriental, à Bordj El Khadhra, veillaient jour et nuit, été comme hiver, sur nos frontières ;  c’étaient, du nord  au sud,  les postes suivants:

1 – Secteur du 2° Bataillon (gouvernorat de Jendouba) ; postes implantés à:

1- Aïn Baccouch, 2- Ain Saïda, 3-Fej el Kahla (Babouch), 4-Adissa, 5-Rouii,6-Ain Adissa, 7- Sidi Kaddour 8-BouDhalaa ; 9-Souk Halima, 10-El Ghorra, 11-Ain Soltane,  12-El Faija, 13-El Gueliaa,14-Sraia,15-Giani Zini,16-Ferme Dubois.

2 – Secteur du 8° Bataillon (gouvernorat du Kef); postes implantés à :

17- Ain Zana, 18-Oued Zitoun, 19-Aïn Oum Jera, 20-Sakiet Sidi Youssef, 21-Ain Kerma, 22-Oued El Malah, 23-El Biar (Sidi Rabah) 24-El Gouaten, (il s’agit d’un poste composé de quelques tentes et installé au pied du jebel Sidi Ahmed auquel cette appellation a été donnée), 25-Sidi Ahmed, 26-Bou-ghanem, 27-El Felta, 28-Bir Hamida, 29-Bou Jabeur, 30-Jerissa, 31-Kalaa Jerdaa (Kalaa Khasba).

3 – Secteur du 3° Bataillon (gouvernorat de Kasserine) ; postes implantés à :

32-Loubira, 33-Sraï, 34-Hydra, 35-Remila,36-Aïn Bouderias, 37-Bouchebka, 38-Tamesmida, 39-Dernaya, 40-Kchem el Kelb, 41-Telepte, 42-Bordj oum Ali, 43-Feriana.

4 – Secteur du 4°Bataillon (gouvernorat de Gafsa) ; postes implantés à :

44-Om Lagsab, 45-Foum el Khanga, 46-Midès, 47-Tamerza,48-Chbika, 49-Redeyef,50-Métlaoui, 51-Hézoua,

5- Secteur des Unités sahariennes (gouvernorats de Gabès et de Médenine) ; à partir de Juillet 1958, postes implantés à :

52-Rjim Maatoug, 53-Bir El Gonna, 54-Bir Aouine, 55-Garaat Sabeur,56-Tiaret, 57-Mchiguig, 58-Bordj Leboeuf (Bordj Bourguiba), 59-Fort Saint Nicolas (Bordj El Khadra), 60- Remada.

Ces postes qui ont été maintenus jusqu’en 1962, date de l’indépendance de l’Algérie, ont été, avec le temps, agrandis et aménagés. Bien sûr, ils ont tous fait l’objet de travaux d’organisation de terrain avec des tranchées de protection et de circulation entre les casemates et les positions de tir et pour la protection contre les tirs d’artillerie ou de mortiers français venant de l’autre côté de la frontière, à titre de provocation ou d’intimidation. Ces postes, étant donné leur importance, devraient être commandés par des officiers. Cela ne fut guère possible du fait du manque de l’encadrement officiers et nous étions heureux de trouver des sous-officiers pour le faire. Certains postes ont même été confiés à des caporaux qui, en situation régulière, ne devraient commander que des équipes de quatre ou cinq hommes. Les conditions de vie étaient dures mais les soldats avaient quand même des lits de camp en toile.

Les soldats recevaient, régulièrement, le ravitaillement et les produits frais étaient fournis tous les trois jours lorsque les moyens de transport étaient disponibles.

Le grand problème auquel les autorités politiques devaient faire face était le manque d’armement pour équiper les personnels des unités créées car les pays occidentaux, par solidarité avec la France, ont décidé de ne pas nous fournir les armes dont nous avions besoin, sous prétexte que cet armement pourrait être cédé à l’ALN algérienne. Heureusement que le Président Nasser d’Egypte nous a fourni la charge d’un bateau de fusils *Hakim* avec leurs munitions. Plus tard le Président Tito de Yougoslavie, nous a livré des fusils *mauser*, des lance-roquettes et des mortiers.

Les activités quotidiennes au poste étaient très bien agencées : une partie de l’effectif s’occupait des aménagements de la position, de l’amélioration des postes de combat et de l’instruction, une autre partie effectuait des patrouilles, sur la piste longeant la frontière à la découverte des mines posées par les harkis de l’armée française et pistait d’éventuelles infiltrations.

Les patrouilles quotidiennes le long de la frontière étaient effectuées, à pied, et étaient d’environ sept à dix kilomètres à l’aller et au retour. Les congés étaient rares mais le moral était toujours élevé et il n’y a jamais eu de désertion ou d’absence illégale.

Un fait important est digne d’être signalé : le contingent de la classe 1958/1 qui a été appelé pour une année de service, a été maintenu, par nécessité, durant deux ans, ce qui fait qu’il a effectué trois ans de service en continuant à être payé sous le régime d’appelé. Et le fait intéressant et digne d’intérêt, est qu’il n’y a pas eu de protestations, de réclamations, de manifestations ou de désertions, à tel point que ce contingent a marqué de son empreinte l’Histoire de l’Armée nationale et était, souvent, cité en exemple. Tous ces jeunes ont fait preuve d’un nationalisme et d’un amour pour la patrie absolument remarquables. (A suivre)

B.B.

*-  Ancien sous-chef d’état-major de l’Armée de terre,

– Ancien commandant du secteur de Sakiet Sidi Youssef,

-Ancien Officier adjoint  du Commandant du contingent tunisien de l’Onuc au (Katanga), 

– Ancien Commandant de la brigade saharienne,

– Ancien gouverneur.

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