39e Conférence annuelle des Chefs de Missions Diplomatiques et Consulaires: Appel à réformer les relations internationales
Nabil Ammar, ministre des AE, insiste sur les fondements de la diplomatie tunisienne respectueuse des droits internationaux équitables et des valeurs culturelles, du bon voisinage et du développement commun.
Après une interruption de trois ans, la Conférence annuelle des Chefs de missions diplomatiques et consulaires s’est tenue hier à Tunis, au siège de l’Académie diplomatique internationale de Tunis, avec sa 39e session, et ce sous le haut patronage du Président de la République, M. Kaïs Saïed. En présence, pour la première fois, d’un nombre important de chefs de missions diplomatiques et consulaires des différents pays frères et amis, accrédités en Tunisie, dont des représentants résidents et non résidents, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Nabil Ammar, a prononcé un discours à l’occasion. Aussi, cette séance inaugurale a-t-elle enregistré la présence de tous les Chefs de missions diplomatiques et consulaires tunisiens, ainsi que de plusieurs hauts cadres du département.
Le ministre a évoqué, dans son allocution d’ouverture, l’importance de cette Conférence pour renforcer le travail diplomatique tunisien qui a bénéficié d’un soutien continu de la part du Président de la République. Un soutien, d’après le ministre, que le Président Kaïs Saïed ne cesse d’apporter au corps diplomatique, «ce qui a permis à la diplomatie tunisienne, grâce à la clarté des positions et à la constance des principes en politique extérieure, d’assumer son rôle dans la défense des intérêts suprêmes de la Tunisie et la réalisation de ses objectifs nationaux».
Et d’ajouter : «Nous estimons, en effet, que la diplomatie tunisienne doit, avant tout, être en parfaite symbiose avec la volonté et les aspirations légitimes des Tunisiens, en œuvrant à servir leurs aspirations et à contribuer à leur concrétisation. Nous voudrions également souligner que la question de la souveraineté à laquelle le Président de la République, Kaïs Saïed, est indéfectiblement attaché, bénéficie d’un très large appui de la part des Tunisiens, et qu’elle constitue un fondement essentiel à l’égard duquel nos partenaires présents et futurs, se doivent de témoigner considération et respect».
Un destin commun, une action commune
Nabil Ammar a réaffirmé l’engagement de la Tunisie en faveur des valeurs de justice et d’égalité dans les relations internationales, ainsi que son attachement au principe de souveraineté nationale, à un traitement fondé sur le respect mutuel, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et œuvrer pour les intérêts communs.
«Notre destin, à nous tous est d’orienter notre coopération et nos partenariats vers la création des meilleures conditions possibles pour relever les divers défis auxquels notre monde et la société humaine, dans son ensemble, sont confrontés. Cependant, la réflexion sur les résultats de l’agenda des objectifs de développement durable des Nations Unies à l’horizon 2030 nous porte à croire qu’ils demeurent en deçà des objectifs que l’on s’est assignés. Des lors, Il est crucial que nous nous attellions à développer une coopération internationale qui réponde directement aux besoins de la société humaine, en priorisant la lutte contre la pauvreté, la famine, le crime organisé, ainsi que la mise en place d’une éducation adéquate, la fourniture de soins de santé convenables et l’octroi de tous les droits fondamentaux pour tous», a-t-il expliqué.
Devoir de réformer les relations internationales
Evoquant les dysfonctionnements existants dans les relations internationales et les guerres qui guettent le développement commun et la souveraineté de plusieurs pays, le ministre a souligné : «Les guerres, la logique de la force, l’arrogance, et les misères humaines qu’elles engendrent ne sont pas la destinée imparable des peuples, mais le résultat de politiques erronées, d’agendas étroits, d’interventions flagrantes dans les affaires intérieures des nations, et de graves dysfonctionnements dans les relations internationales. Il est, par conséquent, grand temps d’y remédier pour le bien de l’humanité tout entière».
Et d’ajouter : «La Tunisie se joint, ainsi, aux autres nations pour appeler à une réforme du système des relations internationales aux fins de les orienter vers une nouvelle voie plus juste et équitable, capable de répondre aux besoins de la société humaine dans un monde caractérisé par des changements profonds et rapides. Cela implique l’humanisation des relations internationales, conscients que nous sommes que les graves défis, auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée, ne peuvent être relevés sans se défaire des résidus du passé et corriger ses errements».
Palestine et la politique de deux poids, deux mesures!
Et outre les efforts fournis par les différents départements du ministère des Affaires étrangères afin de renforcer les coopérations avec les pays du voisinage immédiat et des pays frères et amis notamment dans les domaines politique et économique, le ministre a insisté sur le devoir de prendre en considération les enseignements des expériences antérieures et des crises régionales et mondiales dont notamment la pandémie de Covid-19 et le génocide continu du peuple palestinien par l’entité sioniste. «Cette épreuve dramatique que les Palestiniens endurent et la subjectivité démontrée par certains médias de par le monde, ont clairement mis à nu, pour tous, la politique de «deux poids, deux mesures».
Ce malaise gangrenant le système des relations internationales, et qui se manifeste par la condamnation de la victime, la défense du tortionnaire et la poursuite du soutien à ceux qui commettent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Ce faisant, un tel système révèle au grand jour les tendances néocoloniales et racistes tendant à maintenir la domination, l’arrogance et l’exploitation économique brutale. Aussi, réaffirmons-nous notre position constante, qui consiste à soutenir le peuple palestinien dans son droit légitime et inaliénable à récupérer ses droits nationaux, notamment son droit à établir un État indépendant et complètement souverain sur tout son territoire, avec Jérusalem comme capitale. Nous appelons tous les pays amis à accélérer la reconnaissance officielle de l’État de Palestine et à soutenir son adhésion en tant qu’État à part entière à l’organisation des Nations unies», a enchaîné Nabil Ammar.
Emigration irrégulière, une responsabilité partagée
Quant au dossier de l’émigration irrégulière, le ministre a rappelé la position de la Tunisie qui avait signé la Convention mondiale pour des émigrations sûres, ordonnées et régulières, qui affirme le droit souverain des États à définir leurs politiques nationales en matière d’émigration conformément au droit international. Cette convention consacre, selon le ministre, la responsabilité partagée dans la gestion des émigrations irrégulières, et la Tunisie la considère comme référence essentielle qui aurait comme objectif d’initier un véritable processus de coopération internationale à même de traiter de manière globale les causes profondes de la immigration irrégulière, aussi bien au niveau des questions de développement que sur le plan juridique.
«L’objectif étant d’atténuer l’ampleur de ce genre d’émigration et de lutter contre les phénomènes graves qui s’y rapportent, notamment la traite des personnes. Sur cette base, la Tunisie poursuit ses efforts pour sécuriser ses frontières terrestres et maritimes dans le cadre du respect des règles du droit international. Elle renouvelle également son engagement formel à refuser d’être une plateforme de transit ou un lieu de résidence temporaire ou permanente pour les migrants irréguliers.
Nous voudrions faire remarquer, à cet effet, que la Tunisie ne se reconnait aucunement dans les démocraties auto-proclamées qui ont soutenu et applaudissent les crimes de guerre et leurs auteurs jusqu’à une période récente», a conclu le ministre quant à ce chapitre d’émigration irrégulière avant d’insister sur les efforts fournis par son département afin de se rapprocher davantage des Tunisiens résidant à l’étranger et de leur fournir le soutien requis. Et dans le contexte actuel de la migration des compétences et de la main-d’œuvre qualifiée, Nabil Ammar a souligné l’impératif de procéder à une évaluation objective des relations de la Tunisie avec ses partenaires.
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