Zones de distributions d'aides à Gaza : Un autre chemin vers la mort

« J’ai peur qu’en allant chercher un sac de farine, je revienne porté dans un linceul. »
À Gaza, cette phrase de Mahmoud Al-Ghura, père de quatre enfants, traduit l’angoisse de milliers de Palestiniens contraints de braver chaque jour les balles pour obtenir de quoi se nourrir. Alors que les combats se poursuivent dans l’enclave assiégée, les zones de distribution d’aide humanitaire sont devenues, pour beaucoup, des « zones mortelles ».
Douze morts en deux jours près des centres de distribution
Ces dernières 48 heures, au moins douze civils palestiniens ont été tués dans des attaques israéliennes visant des regroupements de personnes venues chercher de l’aide.
Jeudi 26 juin, six Palestiniens ont été abattus alors qu’ils faisaient la queue dans l’espoir de recevoir des vivres.
La veille, un drame similaire s’était déjà produit près du corridor de Netzarim, dans le centre de la bande de Gaza. Le porte-parole de la Défense civile locale, Mahmoud Bassal, évoque un même bilan : six morts et 30 blessés, touchés « par des tirs israéliens contre des milliers de civils qui attendaient de l’aide ».
Une aide sous contrôle israélo-américain, au prix du sang
Depuis la fin mai, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), appuyée par Israël et les États-Unis, supervise la distribution de l’aide alimentaire dans certaines zones de l’enclave. Mais ces opérations, censées soulager les civils, ont rapidement tourné au chaos.
Chaque nuit, des foules affamées convergent vers les sites de distribution, souvent sous haute surveillance militaire.
De plus en plus de Palestiniens redoutent ces attroupements. D’après les secours locaux, des morts sont recensés presque chaque jour dans les files d’attente. D’ailleurs, le terme de « zones mortelles » s’est imposé dans le langage courant pour désigner ces points de distribution.
« On survit avec du pain et du sel »
Mahmoud Al-Ghura, lui, a renoncé à s’y rendre. « Je crains pour ma vie. Chaque jour, des gens partent pour chercher de l’aide et ne reviennent pas », témoigne-t-il à la BBC.
Dans son logement à Gaza-ville, il tente de nourrir sa famille comme il peut. « On se contente de pain et de sel. Mais au moins, je suis encore là pour mes enfants. »
Alors que la crise humanitaire s’aggrave, ce choix tragique entre mourir de faim ou mourir sous les balles est devenu le quotidien de milliers de Gazaouis.
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