Yann Lacroix et Asma Ben Aïssa à la Galerie Selma Feriani : Un été, deux regards

Quand la mémoire devient matière et que les paysages se rêvent au présent: la galerie Selma Feriani annonce l’été par une double exposition portée par deux artistes majeurs. Le 9 juillet, dès 18h00, le public est invité à une traversée sensorielle, entre peinture suspendue et broderie habitée.
La Presse —Il y a des soirs qui annoncent plus qu’une saison: ils en dessinent les contours sensibles. Le mercredi 9 juillet 2025, la Selma Feriani Gallery convie amateurs d’art et curieux à un événement double, à la fois vernissage et célébration. Deux artistes — Yann Lacroix et Asma Ben Aïssa— y exposent leurs univers respectifs, en miroir d’un été naissant. Cocktails d’été, musique du DJ Afif, et œuvres à fleur de silence composent cette ouverture à la fois festive et méditative.
Avec «Nous trouverons un chemin, ou nous en créerons un», le peintre français Yann Lacroix propose une peinture de l’entre-deux: entre apparition et effacement, entre souvenir et fiction. Ses paysages— luxuriants mais fuyants — empruntent autant à la mémoire qu’à l’imaginaire, dans une composition toujours en équilibre.
Comme l’écrit Racha Khemiri, autrice du texte de présentation, ses toiles «imposent une activité du regard» : elles ne se donnent pas, elles se découvrent, par couches successives. Chaque tableau est une énigme temporelle, où le passé se glisse dans le présent, où l’espace devient un lieu de passage, parfois troublant, souvent apaisant.
Formé à l’Esacm (Clermont-Ferrand) et à Porto, Yann Lacroix a exposé dans de nombreuses institutions internationales— de Lyon à Bangkok, en passant par Madrid et Genève. Son œuvre, présente dans des collections prestigieuses, interroge notre rapport à l’image, à la nature, et à la persistance du souvenir.
«Dans Fakarouni», Asma Ben Aïssa convoque la broderie comme un geste de transmission. Inspirée de la voix mythique d’Om Kolthoum, la jeune artiste tunisienne compose une œuvre où le fil devient récit, le tissu mémoire. Chaque point brodé est un souffle, chaque motif une voix.
L’exposition puise dans les échanges que l’artiste a menés avec des artisanes tunisiennes— les Maalma, gardiennes d’un savoir souvent invisible. Lors de ces rencontres, les fils se nouaient tandis que les souvenirs affleuraient, parfois accompagnés des mélodies d’Om Kolthoum en fond sonore. «Cette chanson m’accompagne depuis les années 70», lui confie l’une d’elles. De ces paroles et de ces silences, Ben Aïssa tisse un texte intime, visuel, suspendu.
Artiste émergente mais déjà confirmée, elle a participé à des résidences à Marrakech, Londres, et Riyad. Son travail, à la croisée de l’artisanat et de l’expérimentation plastique, invite à repenser le paysage— non plus comme décor, mais comme mémoire incorporée.
En réunissant ces deux démarches singulières, la Galerie Selma Feriani propose un été sous le signe du regard et de l’écoute. Là où Yann Lacroix peint le vertige du souvenir, Asma Ben Aïssa brode la trace des voix. Deux écritures plastiques, deux voyages intérieurs, une même ouverture vers l’intime.
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