Uruguay : la gauche rêve d'alternance, la droite mise sur son vivier électoral
La gauche uruguayenne espère un retour au pouvoir après la période 2005-2020 et déposséder de la présidence la droite du sortant Luis Lacalle Pou, malgré son réservoir de voix, dimanche lors du second tour.
Yamandu Orsi, le candidat de la gauche héritière de l’ex-président José « Pepe » Mujica (2010-2015), a obtenu 43,9% des voix au premier tour le 27 octobre. Son adversaire Alvaro Delgado, du Parti national, a récolté 26,8% des suffrages.
S’il est envisageable, le retour de la gauche n’est toutefois pas acquis, la droite disposant d’un réservoir de voix avec celles d’Andres Ojeda, du parti Colorado (centre-droit), arrivé en troisième position (16%). Trois instituts de sondage donnent M. Orsi gagnant (entre 45 et 47%) mais talonné par M. Delgado (entre 41 et 45%), alors que de 5 à 8% des personnes interrogées se disent encore indécises.
M. Lacalle Pou, qui affiche une cote de popularité de 50% mais ne peut se représenter car la Constitution lui interdit de briguer un second mandat consécutif de cinq ans, a promis une transition « ordonnée » dans le pays le plus stable d’Amérique latine.
L’Uruguay affiche un revenu par tête élevé, ainsi que de moindres niveaux de pauvreté et d’inégalités par rapport au reste de l’Amérique du Sud. Toutefois, la sécurité publique est au premier plan des préoccupations dans ce pays de 3,4 millions d’habitants et 12 millions de tête de bétail, face à l’augmentation de la violence liée au trafic de drogue.
Le FMI prévoit une croissance du PIB de 3,2% en 2024 et de 3% en 2025. Le défi reste cependant de réduire le déficit budgétaire (-4,4 % du PIB en août).
Majorité silencieuse
Lors des derniers meetings de campagne, M. Orsi, 57 ans, a affirmé que sa coalition, le Frente amplio, avait en mains toutes « les conditions pour prendre en charge » et « mener à bien les transformations dont le pays a besoin », après avoir obtenu seize des trente sièges du Sénat et 48 des 99 sièges de la Chambre basse lors des élections générales concomitantes du 1er tour.
Il a pu compter sur le soutien de la figure tutélaire de la gauche uruguayenne, José Mujica, 89 ans, connu pour sa frugalité et pour avoir fait adopter des mesures progressistes dans le pays. L’autre figure du Frente amplio, Tabaré Vasquez, président de 2005 à 2010, puis de 2015 à 2020, est décédé à 80 ans, neuf mois après la fin de son mandat.
De son côté, M. Delgado, 55 ans, dit compter sur « la majorité silencieuse (…) qui préfère aujourd’hui la continuité d’un gouvernement qui a fait mieux » que les précédents de gauche, énumérant les réalisations du gouvernement Lacalle Pou, dont il a été porte-parole, en matière d’infrastructures, de santé, de politiques sociales, de logement et de sécurité.
Sur le devant de la scène médiatique lors de la pandémie de Covid-19 où il a atteint une notoriété nouvelle, M. Delgado a appelé les Uruguayens à réfléchir à qui ils souhaitaient « voir à la barre en cas de nouvelle crise », se disant « préparé » et avoir « l’expérience ».
En Uruguay, le vote est obligatoire.
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