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Tunisie, Algérie et Libye : Front uni face aux mêmes menaces et défis

Deux réunions tenues au cours de cette année sont venues confirmer une ferme volonté de faire front commun face aux menaces et défis économiques et sécuritaires auxquels sont confrontées la Tunisie, l’Algérie et la Libye.

La Presse — Sur invitation du Chef de l’État, Kaïs Saïed, le Président algérien Abdelmadjid Tebboune et le Président libyen Mohamed el-Menfi ont pris part au premier sommet consultatif en avril 2024. Ce sommet a pris en considération les deux volets, économique et sécuritaire, et a ainsi abouti à une déclaration commune insistant sur la nécessité de protéger les frontières de ces pays, de faciliter la circulation des personnes et des marchandises et d’établir des zones franches entre eux. Par la même occasion, il a été convenu de créer des équipes de travail conjointes en vue de coordonner les efforts visant à protéger la sécurité des frontières communes contre les menaces, les flux migratoires irréguliers et d’autres formes de criminalité organisées, tout en adoptant une approche collaborative pour le développement de ces régions.
Une deuxième réunion, à connot ation plus sécuritaire, s’est tenue le 21 décembre 2024 à Tripoli à l’initiative de la Libye avec la participation des chefs des représentants militaires des trois pays en question en plus de ceux du Soudan, du Tchad et du Niger. En point de mire, le renforcement de la coordination et de la coopération sur les questions sécuritaires, dont particulièrement la lutte contre le terrorisme, la criminalité transnationale et bien évidemment la migration irrégulière qui constitue à son tour une grande menace pour les trois pays du Maghreb. On signale à ce propos que le Niger, le Tchad, le Soudan et la Libye ont signé en 2018 un accord de coopération sécuritaire pour lutter contre le terrorisme et les trafics.

Prendre au sérieux les tentatives de déstabilisation et d’ingérence

Le s d e u x ré u n i o n s surviennent dans un contexte marqué en particulier par les difficultés économiques causées par les changements climatiques et les défis d’ordre sécuritaire auxquels sont confrontées la Tunisie, l’Algérie et la Libye. Les tentatives d’ingérence et même de déstabilisation dans les affaires intérieures des trois pays, parfois par le truchement des services d’intelligence étrangers s’activant sous couverture diplomatique, sont à prendre avec beaucoup de sérieux.
La chute du régime syrien et la redistri – bution des cartes au Moyen-Orient profitent aujourd’hui plus particulièrement aux mouvances islamistes galvanisées par la prise de Damas. Les dés ne sont pas jetés pour autant, mais les risques d’une onde de choc n’est pas à écarter pour certains pays voisins. Disons plutôt que c’est le souhait de certains transfuges qui se la coulent douce à l’étranger. Dans l’attente de l’Inauguration Day, soit le jour d’investiture du président des États-Unis, le 20 janvier prochain, ils se comportent comme la mouche du coche.

La carte de l’immigration irrégulière

Nul n’ignore que le durcissement des politiques migratoires européennes avec la montée de l’extrême droite et l’insécurité qui règne dans les pays subsahariens ont été à l’origine de l’augmentation du nombre de migrants subsahariens dans les pays du Maghreb et en particulier en Tunisie et en Libye. S’étant habitué à édicter les valeurs auxquelles les pays africains doivent souscrire, le bloc des pays occidentaux persévère dans la même politique visant à façonner, selon ses choix, les politiques migratoires des pays du Maghreb. Le temps n’est-il pas venu de renverser le sablier et de se liguer contre les menaces sécuritaires ? D’autant que les guerres dans les zones de tensions ne font qu’augmenter les menaces et les risques de déstabilisation dans d’autres régions.
À ce titre, le phénomène de l’immigration irrégulière est logiquement perçu comme une grande menace qui plane sur la sécurité des pays maghrébins. Il faut signaler qu’environ 2,5 millions d’étrangers, dont 70 à 80% sont entrés de manière illégale, se trouvent en Libye, selon les déclarations du ministre de l’Intérieur du gouvernement d’unité nationale, basé à Tripoli, lors d’une conférence de presse tenue en juillet 2024. En ce qui concerne notre pays, ce phénomène ne cesse d’inquiéter aussi bien la population que les autorités. D’autant que la récupération politique de ce dossier aussi bien à l’intérieur du pays comme à l’extérieur est monnaie courante dans les médias occidentaux sous prétexte de « l’approche répressive » adoptée par notre pays et les deux autres pays du Maghreb en matière de lutte contre ce fléau.

Durcissement des politiques migratoires occidentales ou le deux poids deux mesures

Quand cette lutte s’accentue pour contrer l’immigration irrégulière dans les pays européens, l’harmonie s’installe bizarrement entre le discours de ces pays et celui des ONG internationales et même nationales. Le durcissement des politiques occidentales en matière de politique migratoire, et même les exactions, est passé, le plus souvent, sous silence. Un traitement au sens du poil est favorisé dans ce cas. En d’autres termes plus clairs, on ferme les yeux sur la nouvelle politique de la porte fermée traduisant les démarches anti-migratoires des pays occidentaux.
Pour ce qui est de notre pays, le porteparole officiel de la Garde nationale, Houssam Eddine Jebabli, a évoqué dans une déclaration médiatique en septembre 2024 une augmentation du nombre de migrants irréguliers originaires d’Afrique subsaharienne depuis la suppression de visa d’entrée en Tunisie pour les ressortissants de ces pays, indiquant au passage une diminution significative des opérations de passage de la Tunisie vers l’espace européen durant cette année.
Toutefois, il est utile de mentionner que des facteurs structurels continuent à faire grimper les taux de migration à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique. Bien qu’il s’agisse d’une source vitale de main-d’œuvre pour les pays d’accueil, la migration irrégulière continue de présenter des risques extraordinaires, comme le révèle dans ce contexte le Centre d’étude stratégique de l’Afrique dans une publication datant de janvier 2024. Au demeurant, ce sont bien de tels risques ainsi que d’autres défis économiques et sécuritaires face auxquels se sont convenues de faire front uni la Tunisie, la Libye et l’Algérie. La menace des groupes terroristes est toujours à prendre en considération pour ces trois pays en ces temps d’instabilité dans certaines zones de tensions.

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