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Tribunes: Voici comment la presse française traite les questions internationales

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Par Mohamed Bennour | Activiste politique, membre fondateur d’Attakatol, ayant démissionné en 2014 |

J’ai eu la chance de suivre un stage de 3 mois au quotidien Le Monde du 1er au 20 septembre 1975..Ce qui m’a donné l’occasion de connaître de près de prestigieux journalistes de ce quotidien… Éric Rouleau, Daniel Junka.. Et même son directeur de l’époque Jaques Fauvet. J’ai eu l’occasion aussi d’assister à la réunion debout qui se tient autour du Directeur et des rédacteurs en chef quotidiennement à 7h30 pile..

Ceci dit, je vais vous faire remonter les années pour vous dire ce que j’ai appris au cours de cette expérience dans ce grand journal qui jouit d’une grande renommée internationale.

On se rappelle tous la réaction de la presse française après les événements du 26 janvier 1978, qui ont abouti à l’arrestation de toute la direction syndicale et la mise au pas du syndicat. Oui, on se rappelle tous la grande solidarité exprimée en France avec L’Ugtt et particulièrement avec feu Habib Achour. Toute la presse parlée, écrite et télévisée a débarqué à Tunis pour interviewer les rfc membres du gouvernement, les activistes politiques, les dirigeants de la jeune Ligue des droits de l’homme, les syndicalistes en liberté, etc. Cela c’était passé en janvier 1978, la Tunisie était gouvernée par feu Hédi Nouira, premier ministre. Bourguiba était à la barre, l’irremplaçable Président de la République depuis juillet 1957 (depuis 21 ans). La Cour de la sûreté de l’Etat, une juridiction d’exception a condamné Achour et ses camarades à des peines variant entre 10 ans et 3 ans de travaux forcés. C’était il y a exactement 45 ans.

Ceux et celles qui ont 25 ans et plus aujourd’hui n’ont pas vécu cette période sombre.. Bien sûr Achour et ses coaccusés n’ont pas passé ces lourdes peines. Grâce à la pression internationale et intérieure ils ont été relâchés avant les élections législatives de 1981 par le gouvernement M’zali ( Mohamed M’zali a succédé à Hédi Nouira suite à l’attaque cérébrale dont il a été victime en 1980).

Ce retour au passé n’est pas une envie de ma part pour raconter l’histoire. J’évoque ceci pour montrer que la presse française fonctionne en complète harmonie avec l’intérêt supérieur de la France. À nous donc de bien lire l’objectif recherché par nos confrères français.

Nous savons tous que Habib Achour, ce leader infatigable qui a participé à la résistance héroïque qui a mené la Tunisie vers l’indépendance et qui a continué le combat pour l’autonomie de la centrale syndicale. Cette lutte pour l’autonomie de L’Ugtt a été très dure car le régime du parti unique voulait contrôler l’activité de toutes les organisations et associations. Donc, Habib Achour s’est retrouvé de nouveau en prison en 1984 à l’âge de 67 ans (il est né le 25 février 1913). L’Ugtt s’est retrouvée de nouveau décapitée. Tous les observateurs tunisiens et maghrébins ont été étonnés de remarquer le silence de la presse française et de toute réaction face à cette atteinte « aux droits à la liberté de l’action syndicale et l’absence à la démocratie»!

Pourquoi donc ce revirement a été observé par toute la presse et les organisations humanitaires françaises ? La réponse je vais l’obtenir lors de mon passage à Paris en 1985. En effet, j’ai pris attache avec mes amis du quotidien Le Monde, où j’ai pris l’habitude d’effectuer une sorte de « pèlerinage» à chaque occasion où j’effectue un petit passage à Paris, mes confrères du Monde me donnaient l’occasion d’assister à la fabrication du journal qui doit impérativement être livré aux motards à 13 heures afin d’être expédié par avion aux quatre coins du monde.

À cette occasion, j’ai pu obtenir une entrevue avec le Directeur du Monde, M. Jaques Fauvet, le grand monsieur qui a fait les beaux jours de l’équipe de ce journal et qui a succédé à son fondateur Hubert Beuve Mairy.

Au cours de l’entretien qui a duré exactement 40 minutes, je lui ai posé la question qui me tracassait à l’époque. Pourquoi la presse française n’a pas réagi après la nouvelle arrestation de Habib Achour ? Et pourquoi n’a-t-elle pas réagi comme elle l’avait fait après les événements de janvier 1978 ?

La réponse de M. Fauvet a été très claire. Grâce à la confiance qui régnait entre nous deux, il m’avait fait cette confidence. «Écoutez, m’avait il dit, la France soutenait Hédi Mabrouk pour la course à la succession de Bourguiba, M. Mabrouk est aujourd’hui atteint d’une maladie incurable». Pareille révélation m’avait surpris car personne ne le savait encore à Tunis. L’Etat français, avait-il ajouté, soutient aujourd’hui Mohamed M’zali pour succéder à Bourguiba et le Quai d’Orsay ne veut pas nuire à ce dernier. Ce qui explique l’accueil qui lui avait été réservé par le président français de l’époque lors de la visite d’Etat qui lui avait été organisée en ce temps-là. Une visite qui été couronnée par l’octroi par La Sorbonne du titre de Docteur Honoris Causa. Inutile de préciser que l’honneur dont il avait fait l’objet avait précipité sa chute par l’entourage de Bourguiba». Cette confidence nous éclaire sur la ligne suivie depuis toujours par nos confrères français sur recommandation du Quai d’Orsay, lequel supervise jusqu’à aujourd’hui la ligne éditoriale des journaux et médias, notamment les questions traitant des relations internationales.

La cavale de la presse française aujourd’hui pour dénoncer l’arrestation de Ghannouchi entre dans le cadre de la politique française et sa stratégie de communication. La presse française ne fait que défendre l’intérêt supérieur de la France. Elle ne défend ni les droits de l’homme, ni les libertés en Tunisie. Cette campagne ne reflète aucun état d’âme de l’opinion tunisienne. Les médias français mènent aujourd’hui une campagne à contre-courant et n’expliquent pas les raisons objectives qui ont mené les Frères musulmans tunisiens à la faillite et à l’échec total après leur succès lors des élections de 2011.

Soyons vigilants, nous avons traversé une décade noire et j’estime qu’on doit éviter de nous égarer dans des sentiers qui ne mènent qu’à servir les intérêts des puissances au nom des droits de l’homme, de la démocratie et de la défense des libertés en Tunisie.

Déjà toute l’Europe, le Canada et l’Amérique ont été les premiers bénéficiaires de l’après-14 janvier 2011. Ils accaparent nos cerveaux et nos meilleures compétences. Ces compétences qui nous ont coûté des milliards de dollars ont fui la Tunisie pour travailler hors de nos frontières !

Aujourd’hui, il est évident que le Quai d’Orsay change de cap ! Finie l’ère Bourguiba-Mendès France, finie aussi l’ère Chirac qui tenait à poursuivre la coopération avec la Tunisie de Bourguiba.

Aujourd’hui le Quai D’Orsay s’allie franchement avec les Frères musulmans de Ghannouchi contre vents et marées !…

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