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Tribune | La normalisation avec Israël et les dérapages politico-intellectuels (1er partie)

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Par Moncef BEN SLIMANE *

Tout d’abord, je souhaite exprimer mon soutien franc et sincère au doyen honoraire Habib Kazdaghli, qui fait face à un véritable procès d’inquisition l’accusant de «normalisation» (EN ARABE) (avec Israël. Je le fais avec d’autant plus de force que j’ai inauguré à la fin des années 80 la liste des ((EN ARABE)) «normalisateurs»

L’actualité de ces derniers jours m’apprend que le président du Syndicat national des journalistes tunisiens a rejoint le cortège des «normalisateurs» et subit la bronca d’usage. Toujours dans l’actualité, l’attaque contre la Ghriba durant le pèlerinage juif est susceptible de nous alerter sur les conséquences que peut avoir la manipulation de la question palestinienne. Et c’est pour qu’une démarche réfléchie et responsable s’impose, je commencerais par une simple question : «La normalisation» avec Israël, c’est qui ? C’est quoi ? Et comment ?

La normalisation, fourre-tout

La «Normalisation avec Israël» soulève beaucoup d’interrogations car l’expression est devenue depuis, ce qu’on peut appeler dans un langage trivial, un fourre-tout. On y fourre des Etats, des organisations, des Juifs, des universitaires, des journalistes…

La question palestinienne dans nos contrées arabo-musulmane est souvent utilisée à des fins de propagande afin de convaincre l’auditoire par des moyens rhétoriques classiques : «On donnera son sang, sa vie, ses enfants, tous ces biens pour libérer la Palestine ! »

Combien de politiciens, de présidents, de stations radios et de journaux arabes n’ont-ils pas juré leur fidélité à la cause palestinienne ?

Je n’ai jamais répondu à ce type d’accusation en fournissant alibis et preuves d’innocence. Dans ce genre de campagne et de surenchère, vous êtes souvent devant un procureur invisible et pour un crime dont vous ne comprenez ni les tenants ni les aboutissants.

La «normalisation» occupe une place de choix dans les rhétoriques politiques, médiatiques et syndicales ; et c’est l’étiquette préférée susceptible de stigmatiser vos ennemis qui deviendront de «véritables traîtres» à la nation arabe et à la communauté musulmane. Comme plusieurs militants de l’Uget, j’avais, en février 1970, clamé ce mot d’ordre dans les rues de Tunis et à la Bourse du travail avant de me retrouver à la prison civile de Tunis heureux du devoir accompli.

Aussi, pour extraire «la question de la normalisation» avec Israël de la gangue démagogique et des manipulations médiatico-politiques, il convient que les slogans soient remplacés par les faits tangibles, et savoir de quoi l’on parle.

Les normalisations étatiques

Si «normalisation» veut dire rétablissement des relations diplomatiques et officielles avec Israël, c’est l’Égypte qui, en mars 1979, à Camp David, fut le premier Etat arabe à reconnaître l’État d’Israël. Cette reconnaissance a été unanimement dénoncée par tous les pays arabes et a entraîné le transfert de la Ligue arabe du Caire à Tunis. Le boycott de l’Egypte n’a été qu’une petite parenthèse dans le temps et la Ligue arabe est retournée en 1990 à «Oum eddonya», sa place naturelle. Les États qui juraient hier de ne jamais fouler la terre souillée d’Égypte, sont revenus à de meilleurs sentiments à l’égard de la terre des Pharaons. Le premier pas osé par l’Egypte va bientôt être suivi par d’autres pays et vont embarquer dans le train de la normalisation : la Jordanie en 1994, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Maroc en 2020 et le Soudan en 2021. En revanche, la Tunisie a fait un petit pas timide avec l’ouverture de deux «Bureaux d’intérêt» à Tunis et à Tel Aviv en avril 1996. Bureaux qui ont été rapidement fermés en octobre 2000.

La Tunisie n’a donc officiellement aucune relation avec l’Etat d’Israël. Seulement, il faut préciser que la Tunisie a des relations normales avec les Etats arabes «normalisateurs», et il ne viendrait jamais à l’idée de nos représentants de boycotter toutes les organisations et instances internationales où Israël dispose d’un siège en bonne et due forme.

C’est également le cas des organisations nationales, des associations et des syndicats. Ni l’Ugtt, ni la Ltdh — pour ne citer que ces deux organisations — n’ont boycotté ou quitté la salle des réunions de la Cisl et de la Fidh où Israël est présent comme membre à part entière. Faire croire le contraire est une supercherie doublée d’un vœu pieux.

M.B.S.

*Professeur universitaire

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