National

Sonia Dahmani : enfermée, privée de soins, réduite à l'immobilité

Dans un témoignage bouleversant publié mardi 20 mai 2025 sur ses réseaux sociaux, Ramla Dahmani, sœur de Sonia Dahmani, livre un récit poignant et accablant sur les conditions de détention de l’avocate, incarcérée depuis plusieurs mois.

Dans ce long texte, elle dénonce une situation qu’elle qualifie sans détour de « torture », brisant le silence autour d’une souffrance physique et morale organisée, planifiée, infligée avec méthode.

« J’avais dit que je n’avais plus de mots. Que les larmes avaient pris toute la place. Mais il y a toujours un nouveau coup. Un nouveau pic de douleur qui vient me rappeler que je n’ai pas le droit de me taire. Que je dois parler. Hurler. Taper. Écrire. Témoigner. Encore. »

C’est ainsi que débute ce témoignage, à la fois intime et politique, dans lequel Ramla Dahmani expose l’enfer quotidien que vit sa sœur dans sa cellule : privation de mouvement, douleurs chroniques, refus d’accès à des soins adaptés, et surtout interdiction de marcher ou même de s’étirer.

« Sur 24 heures, elle passe 23h30 immobile, allongée sur son matelas ou assise sur une glacière en plastique. Voilà ce qu’il lui reste de liberté physique : une alternance de douleurs. »

Ramla Dahmani dépeint un corps en détresse, un organisme qui se dégrade à petit feu. Sonia n’arrive plus à tenir debout, ses articulations la lâchent, son dos la brûle. Son calvaire est aggravé par les lenteurs médicales et administratives : des semaines d’attente pour un simple rendez-vous, des examens repoussés, des avis médicaux en suspens, des autorisations qui n’arrivent jamais.

« Il lui a fallu deux mois pour obtenir un rendez-vous avec le médecin de la prison. […] Puis qu’un autre rédige un rapport. Puis qu’un autre analyse le rapport. […] Combien de médecins ? Combien de signatures faudra-t-il pour qu’on lui permette… de bouger ? »

Face à cette situation, Ramla Dahmani ne laisse place à aucun doute : ce que subit sa sœur est une forme de torture. « Ce qu’on inflige à Sonia Dahmani relève d’un acharnement méthodique […]. Une punition par le corps. Une condamnation physique déguisée en mesure disciplinaire. […] Briser son corps pour mieux briser sa pensée. »

Ce cri de détresse s’accompagne d’un appel à la solidarité. Ramla Dahmani s’adresse à toutes les consciences : « Si vous avez un cœur, un peu de courage, un peu de conscience, parlez. Relayez. Criez avec moi. Ne la laissez pas mourir en silence. »

 

L’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani est actuellement poursuivie dans cinq affaires, toutes liées au décret 54 et à des prises de parole médiatiques. Elle avait été condamnée dans l’affaire « Heyla leblad » à un an de prison en première instance, puis sa peine avait été réduite en appel à huit mois de prison.

Le 24 janvier 2025, elle avait été condamnée en appel à 18 mois de prison dans une deuxième affaire pour laquelle elle avait écopé de deux ans de prison en première instance. Cette affaire concernait des déclarations faites à la radio IFM au sujet du racisme et la situation des migrants Subsahariens sur le territoire tunisien. Elle avait alors affirmé que le racisme existait bien en Tunisie. 

Le 11 mai 2024, les forces de l’ordre ont pris d’assaut les locaux de la Maison de l’avocat de Tunis où s’était réfugiée Sonia Dahmani après avoir fait l’objet d’un mandat d’amener. Les policiers se sont introduits à l’intérieur des locaux de l’Ordre des avocats afin d’embarquer Sonia Dahmani.

S.H

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


lien sur site officiel

Source :

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page