Salon national des arts plastiques : Une première réussie

Céramique, gravure, installation, peinture, photographie et sculpture sont représentées dans les 84 œuvres signées par 63 artistes des 24 gouvernorats. Une large représentation de ce qui se fait de mieux en matière d’art contemporain que la Maison des arts du Belvédère accueille du 13 juin jusqu’au 5 juillet.
La Presse — Organisée par le ministère de la Culture, cette première édition du Salon national des arts plastiques est une vitrine réunissant les œuvres artistiques tous âges et tendances confondus. Selon le ministère de la Culture, ce Salon « s’inscrit dans une nouvelle dynamique qui consiste à accompagner, documenter et promouvoir l’art tunisien ». Les meilleures œuvres seront acquises par le ministère à travers une commission d’achat.
Alors qu’en est-il des œuvres exposées ? Tout d’abord, il y a lieu de souligner l’excellent travail du commissaire de l’exposition qui a su mettre en valeur les œuvres en leur offrant une parfaite visibilité. Au niveau des céramiques, deux travaux sont représentés : « Vols légers » d’Imène Besrour (Ben Arous), installation de trois pièces en grès noir et blanc chamoté et verre brut et «Palissade» de Marwa Ghdima (Zaghouan) en raku qui ne s’inspirent pas réellement du patrimoine culturel tunisien, mais ne manquent pas, cependant, d’attrait.
Au niveau de la gravure, six œuvres : «Féminité», gravure sur bois d’Aymen Nbili (Tozeur), « Entre ciel et terre », gravure de Douja Sbiaâ (Ben Arous), « Explosion » d’Amar Taïeb (Gafsa), « Chaos » de Karima Ben Saâd (Sousse), «Enracinement » de Lotfi Rajhi (Siliana) et « Innocence » de Lobna Abdelmouleh Baklouti (Sfax) sont l’expression d’un imaginaire personnel fantasmé.
L’installation reste le parent pauvre des arts. Seulement deux œuvres sont exposées : « Silan », tissage laine et fer, de Rebh Shili (Gafsa) et « La lutte 2 », cube en béton avec des ampoules en résine d’Ines Zili (La Manouba), qui mettent en valeur le riche potentiel des matières et leur fusion entre elles.
La peinture domine l’exposition avec 58 tableaux de peintres issus soit des écoles de beaux-arts, soit de peintres autodidactes. Entre figuratif, semi-figuratif et abstrait, les œuvres, on ne peut les citer toutes, sont réalisées à partir de techniques mixtes.
Si elles sont toutes techniquement accomplies, les plus captivantes d’un point de vue authenticité sont « Istambeli 25 » acrylique sur toile d’Islam Ouali (Bizerte), « Douroub el Hayet » et « Dhakerni », acrylique de Radhia Aroua (Médenine), « Chaos » impression et technique mixte de Najoua Abdelmaksoud (Sfax), « Frontière fragile » de Karama Ben Amor (Tunis), « Tabelwa Zakar », technique mixte de Firas Ben Aleya (Sousse), « And Happy Aid » de Rim Cherf (Ariana), « Personnage berbère de Ghanouch », technique mixte de Néjib Chamseddine (Gabès) qui se servent de la culture tunisienne pour la métamorphoser à travers des compositions à fortes teneurs émotionnelles.
« Waswas » crayon sur papier du plus jeune artiste du Salon Mabrouk Ben Mabrouk (Kébili), mérite tous les encouragements pour la précision avec laquelle il donne corps à la perception d’un personnage auquel il donne une existence surréaliste. La photographie prend de plus en plus de place dans les expositions. 7 clichés montrant la force de la composition et de la captation de la lumière sur des sujets issus de la réalité : « La danseuse » et « Symbiose » de Chokri Amaira (Sidi Bouzid), « Hope » de Dhouha Torey (Sfax), « Tamss » et « Ghoumour » de Souhir Ben Abdallah (Sfax), « Koussouf » de Mekki Tounekti (Tataouine) et « New Character » de Yasmine Elmekki (Sfax).
12 sculptures trônent dans la galerie représentant les différentes tendances de cet art qui attire visiblement les artistes hommes. « Honte » et « La profondeur du vide » réalisées à partir du marbre rouge de Foussana et marbre marron de Kesra de Mohamed Bouaziz (Ben Arous), « Métamorphose et « Daouama » en fer d’Ahmed Nasri (Sidi Bouzid), « Mosquée », « Folklore » et « Musicien », sculpture sur bois de palmier d’Abdelhamid Haden (Tozeur), « Je te tiens », sculpture sur marbre de Saber Kouiri (Tataouine), « Délivrance », soudure métal de Fathi Saïdane (Bizerte), « Queen of Ladybugs », poupée en gypse et acrylique d’Amir Chelly (Monastir), et « Inkissar » et « Siraâ » de Dhaou Chehidi (Tataouine) constituent un panorama représentatif des tendances actuelles en Tunisie où la matière qui caractérise chaque région est rehaussée par le travail de sculpteur dont la fibre artistique développée témoigne de leur capacité à donner à leurs œuvres un souffle créatif et une identité propre.
Un catalogue imposant, réunissant toutes les œuvres exposées, prolonge le plaisir du visiteur et constitue un document essentiel de cette première édition du Salon national des arts plastiques tunisiens.
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