Révision des accords de libre-échange : La défense commerciale, une option importante

Les accords de libre-échange signés par la Tunisie nécessitent aujourd’hui une évaluation afin d’ajuster ceux-ci en fonction des besoins de l’économie nationale. Il est temps que l’exécutif pose la question de la révision des accords commerciaux. Ceci dit, tout l’enjeu des renégociations des accords de libre-échange sera de conserver un juste équilibre entre l’ouverture et la préservation de l’économie nationale, avec l’objectif majeur de résorber le déficit structurel de la balance commerciale.
La Presse — Une récente analyse de l’Itceq montre qu’au mois de janvier 2025, les échanges commerciaux de la Tunisie ont observé en glissement annuel une régression des exportations de 2.4 % et une progression des importations de 18.6%.
Le déficit de la balance commerciale a ainsi triplé pour s’établir à -1765.5 MD contre 577.6 MD avec un taux de couverture de 74 % contre 89.9 % en janvier 2024, soit une diminution de 15.9 points. La diminution des exportations résulte principalement de la baisse des exportations du secteur de l’énergie de 52.8 %, du secteur des industries agroalimentaires de 9.7 % et du secteur des IME de 1 %. Alors que les exportations de mines, phosphates et dérivés ont augmenté de 20.5 %, tout comme celles des textiles, habillement et cuirs 2.9 %.
En revanche, la hausse des importations est principalement due à l’augmentation des produits énergétiques (+24 %), des biens d’équipement (+30.3 %), des biens de consommation (+15 %), des matières premières et semi-produits 9.2 % et celles des produits alimentaires de 31.9 %.
Ces données confortent le défi majeur inhérent au raffermissement du positionnement du pays sur des produits à haute valeur ajoutée.
Protéger le tissu industriel national
Le président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), Samir Majoul, a appelé à protéger le tissu industriel et à collaborer avec tous les partenaires de la Tunisie en matière de la défense commerciale. Pour lui, il est primordial de réviser les accords qui nuisent à l’économie nationale. Car cette dernière est dans une situation inéquitable, avec un certain nombre de pays en raison d’accords injustes et déséquilibrés.
Les importations anarchiques, la contrebande et la contrefaçon, le dumping ont infligé des pertes importantes à l’industrie nationale et les emplois. Ces pratiques ont créé une concurrence déséquilibrée sur le marché intérieur, entraînant la fermeture de nombreuses entreprises et l’effondrement de secteurs entiers. En effet, « les mécanismes de défense commerciale représentent une option importante s’ils sont mis en œuvre de manière efficace et efficiente dans le cadre des lois de l’OMS », estime Majoul. Et d’ajouter que « la Tunisie a choisi, depuis des décennies, une approche d’ouverture économique et d’engagement avec la mondialisation, ce qui n’est pas sans risques, notamment face à certaines pratiques commerciales déloyales et non-transparentes ».
Il a appelé, dans ce sens, à faire face à cette situation avec sagesse, en anticipant les répercussions attendues sur notre économie nationale et en coordonnant avec les partenaires de la Tunisie aux niveaux bilatéral, régional et mondial.
De même, le président de l’Organisation patronale a appelé à agir pour protéger le tissu industriel national, promulguer les législations adéquates et engager les réformes structurelles nécessaires, tout en préservant les spécificités du tissu industriel local, en tenant compte des obligations internationales de la Tunisie.
Des règles d’origine préférentielles révisées
Aujourd’hui, la Tunisie est en train de négocier des accords de libre-échange avec plusieurs membres du processus euro-méditerranéen, dans le but de bénéficier du système « PanEuromed » des règles d’origine. La Tunisie et l’Union européenne ont convenu de l’application, à partir du 1er mars 2025, de règles d’origine préférentielles révisées, négociées dans le cadre de la Convention Pan-Euro-Méditerranéenne (PEM).
L’objectif de ces règles est d’introduire des dispositions plus souples que celles de la Convention PEM de 2012, afin de faciliter l’obtention du statut « originaire » pour les marchandises exportées vers l’UE, qui bénéficieront ainsi des exonérations de droits de douane en vertu de l’Accord d’Association UE-Tunisie. Ces règles révisées s’appliqueront à tous les produits couverts par l’Accord d’Association et prévoient également des flexibilités supplémentaires. De nouvelles règles de transformation ont aussi été introduites pour certains produits, notamment pour les tissus, qui obtiendront plus facilement le statut d’origine.
« Ces nouvelles règles permettront à davantage de produits tunisiens de bénéficier d’un accès facilité au marché européen », a affirmé Thierry Beranger, Chef de la section commerce au sein de la délégation de l’Union européenne à Tunis.
Les exportations tunisiennes vers l’UE sont essentiellement régies par les accords d’association existants depuis 30 ans. Le marché européen demeure un marché à fort potentiel pour la Tunisie, car 70 % des produits tunisiens sont exportés vers l’UE. Cela a permis aussi de moderniser la réglementation relative au commerce extérieur, et de dynamiser les échanges extérieurs.
Les défis sont énormes pour la Tunisie qui a développé plusieurs secteurs orientés vers l’export et à plus forte valeur ajoutée. La compétitivité demeure, ainsi, le maitre mot. Il faut booster l’investissement productif, améliorer la production et la diversifier et conquérir de nouveaux marchés en Afrique et dans le reste du monde.
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