Retour sur la Visite de Kaïs Saïed à Dahmani (Le Kef) : L’impératif de réhabiliter l’héritage industriel à l’abandon

La visite du Chef de l’État à l’ancienne minoterie à Dahmani laisse un goût amer. Et pour cause, les images transmises de cette usine désaffectée, des murs décrépits et des machines rouillées où les araignées ont tissé leur royaume, sont accablantes à plus d’un titre. Les ouvriers, nombreux il y a quelque temps, ne sont plus là et le bruit des machines s’est à jamais tu.
Le 20 décembre 2024, le Chef de l’État recevait Fatma Thabet Chiboub. À cette occasion, il avait souligné la nécessité de «redonner vie à plusieurs établissements industriels qui ont été fermés ou cédés», citant en exemple le complexe industriel de Mezzouna, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, où il s’est rendu le 17 du même mois, ainsi que la minoterie de Dahmani, dans le gouvernorat du Kef.
Le Président de la République a ajouté que «ces fermetures ont entraîné la perte de nombreux emplois et aggravé le phénomène du chômage», insistant par la même occasion sur l’importance «de trouver des solutions pour ces établissements fermés et à leur matériel cédé, souvent lors d’enchères soi-disant publiques».
Environ quatre mois après cette rencontre, et plus précisément le premier mai 2025, au moment où certaines parties célébraient la fête du Travail par les sempiternelles litanies, Kaïs Saïed s’est rendu, de manière impromptue et dans le cadre du suivi de ses recommandations précitées, à la minoterie située à Dahmani, car rien ne vaut le déplacement sur place et le contact direct pour mieux s’enquérir de la situation d’une entreprise.
C’est donc dans cette perspective que la visite inopinée du Président de la République à une entreprise délabrée, délaissée au fil des ans, est venue encore une fois jeter une lumière crue sur le risque de spoliation qu’encourent certaines entreprises, sur fond de corruption. On éprouve toujours un sentiment de frustration à la vue de l’état de telles entreprises, jadis considérées comme les fleurons de l’économie tunisienne, dont il ne reste aujourd’hui que des édifices vétustes, des vestiges plongés dans l’oubli, traduisant un accablant désintéressement des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir, en particulier après 2011.
La visite du Chef de l’État à l’ancienne minoterie à Dahmani couvrant un espace d’environ 9.000 m², où l’on fabriquait de la farine, laisse un goût amer. Et pour cause, les images de cette usine désaffectée, ses murs décrépits et ses machines rouillées où les araignées ont tissé leur royaume, sont accablantes à plus d’un titre. Les ouvriers, nombreux il y a quelque temps, ne sont plus là et le bruit des machines s’est à jamais arrêté. Les images de cette unité industrielle, transmises par la télévision nationale et reprises sur la Toile, sont aussi choquantes que frustrantes. L’un des anciens travailleurs de cette entreprise, expert en mécanique, explique à Kaïs Saïed que cette minoterie constituait une importante source d’emploi et de production, disposant même d’une succursale à Annaba en Algérie. Il a exprimé, à cette occasion, le souhait de voir l’usine reprendre ses activités.
Vraisemblablement, une affaire juridique non dévoilée qui dure depuis des années semble aussi derrière l’arrêt des activités de cette entreprise, ce qui nécessite des arrangements avec la Caisse nationale de sécurité sociale, mais en tout état de cause, rien ne justifie sa fermeture depuis des années. La visite du Président de la République ne fait que sensibiliser, voire mettre en garde, toutes les parties interférant dans ce dossier sur la nécessité d’agir au plus vite en vue de remettre en marche cette minoterie. D’autant qu’elle assurait des postes d’emploi à un effectif d’environ cent cinquante employés.
Le Président Saïed avait qualifié ces établissements de richesses dilapidées, à l’occasion de sa rencontre, en décembre 2024, avec Mme Fatma Thabet Chiboub, ajoutant que leur fermeture n’a fait qu’aggraver le phénomène du chômage.
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