Economie tunisie

Regard d’expert | Manfred Matz, chef du projet de refonte du secteur de l’eau à la GIZ à La Presse : “Le niveau des nappes d’eau souterraines est en train de baisser depuis 20 ans”

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L’exploitation des eaux souterraines commence à devenir un sujet préoccupant en Tunisie. C’est un problème sournois qui va grandissant puisque l’épuisement des nappes souterraines n’est pas un phénomène qu’on peut constater de visu. Manfred Matz, expert en eau, tire la sonnette d’alarme et estime que, dans ce contexte de déséquilibre hydrique, la solution réside dans une approche globale de gestion d’eau.

Avec la récurrence des épisodes de sécheresse, ménages et agriculteurs se tournent, de plus en plus, vers les eaux souterraines pour combler le manque d’eau causé par le déficit pluviométrique. Aujourd’hui, la Tunisie compte plus de 20 mille puits illicites, alors que la surexploitation croissante des nappes d’eau souterraines n’est pas sans conséquence sur l’écosystème, l’agriculture, l’industrie et les ressources hydriques d’une manière générale. “Si on gaspille actuellement l’eau au détriment de l’eau souterraine, cela va se répercuter sur l’agriculture mais aussi sur l’industrie qui vont s’en ressentir dans le futur”, a souligné Manfred Matz, chef du projet de refonte du secteur de l’eau à l’Agence allemande de Coopération internationale GIZ (un projet réalisé par le ministère de l’Agriculture en partenariat avec la GIZ), dans une déclaration accordée à La Presse.

L’expert en eau a expliqué que la situation hydrique actuelle en Tunisie est critique. En témoignent le manque criant d’eau et les barrages qui sont, aujourd’hui, à sec. Selon lui, cet état de fait pousse les plus grands consommateurs d’eau, particulièrement les agriculteurs, à puiser dans les eaux souterraines. “Il y a une très grande demande pour l’eau souterraine. La réalisation des forages illicites se poursuit et leur nombre a explosé”, a-t-il précisé. Matz a ajouté que, dans ce contexte, la gestion de l’eau nécessite une prise en compte des diverses composantes : les barrages sont, certes, un élément fondamental, mais l’eau souterraine comme ressource hydrique stratégique est extrêmement importante. “Actuellement, le niveau de toutes les nappes d’eau dans le Nord, mais aussi dans le Sud, est en train de baisser et cela depuis 20 ans. On a une baisse allant  de 60 jusqu’à 100 mètres. Chaque année, le niveau des nappes baisse de 2 mètres. Ce qui pose un problème énorme. Et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’on parle de réformes, dont l’objectif est de gérer les ressources en eau dans l’ensemble”, a-t-il indiqué.

Réduire la consommation

Matz a, en ce sens, expliqué qu’il existe deux solutions pour remédier au déséquilibre hydrique: soit augmenter l’offre, soit réduire la demande en eau. D’après l’expert, la première option est problématique dans la mesure où il n’est plus possible aujourd’hui de construire de grands barrages. De surcroît, le dessalement de l’eau de mer est très coûteux et ne sert qu’à augmenter l’offre en eau potable, alors que l’agriculture est le secteur le plus hydrovore. Pareil pour le traitement des eaux usées qui ne peut produire que des quantités limitées d’eau. Il ne reste plus, dans ce cas, que le deuxième cas de figure, à savoir la réduction de la consommation. L’expert en eau affirme, à cet égard : “Notre projet met beaucoup plus d’attention sur la demande en eau, c’est-à-dire la réduction de la consommation. Parce que si on construit un  barrage, que vont comprendre les agriculteurs alors-? Ils vont croire que l’eau sera plus disponible et donc ils vont continuer à en gaspiller comme avant. C’est pour cela que nous disons que chaque mètre cube que vous mettez dans le système, vous devez l’accompagner par toute une campagne de sensibilisation et par des mesures pour l’utiliser à bon escient”.

Lutte contre les forages illicites, mise en place des compteurs d’eau agricoles surtout pour les eaux souterraines, mise à niveau de la réglementation, optimisation de la tarification (l’eau est sous-valorisée en Tunisie) sont toutes des mesures à prendre pour réduire la demande en eau, selon Matz. “Les gens doivent comprendre que les barrages sont une partie de la vérité. Actuellement toute l’attention est accordée à  la situation hydrique et, tout le monde espère qu’il pleut, mais même s’il commence à pleuvoir, demain pour toute la semaine et les barrages seront remplis, le problème de l’eau souterraine continue. C’est un problème qui a commencé il y a 20 ans  et qui a engendré une  surexploitation des nappes souterraines. Une surexploitation qui est aujourd’hui tellement grave qu’il faut dire que voilà on ne peut pas parler de la situation des barrages sans parler des eaux souterraines”, a-t-il conclu.

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