Réconcilier économie et équité : Pour un État proche de ses citoyens

Lutte contre la précarité, amélioration des services publics et soutien aux plus vulnérables, les autorités veulent redonner à l’Etat son rôle protecteur. Avec des réformes en cours et des mesures inscrites dans les lois de finances 2025 et 2026, l’objectif est clair : bâtir une société plus juste, où développement économique et justice sociale avancent main dans la main.
La Presse — Le chantier de l’Etat social est placé depuis plus d’une année au cœur de l’agenda gouvernemental. L’objectif fixé étant de parer aux vulnérabilités sociales. La Tunisie a prévu, dans les lois de finances de 2025 et de 2026, la mise en place progressive des éléments nécessaires à l’édification d’un Etat social. Celui-ci n’est pas seulement un mécanisme de redistribution des richesses, mais il est aussi un investissement pour l’avenir.
Dans ce contexte, le Président Kaïs Saïed a indiqué ses hautes orientations, à maintes reprises, pour la mise en place d’un système de protection sociale intégrante et inclusive, capable de réduire les risques économiques et sociaux, en particulier au profit des catégories vulnérables. Ainsi, le modèle d’Etat social tunisien devrait être axé sur la réduction de l’exclusion sociale, de la pauvreté et des inégalités d’accès aux services sociaux.
Il s’agit aussi de renforcer la résilience du citoyen face aux accidents de parcours, à travers la généralisation de la protection sociale, l’amélioration du pouvoir d’achat, l’instauration d’un climat social stable avec les partenaires sociaux.
Il est question, par ailleurs, de consacrer le principe de flexisécurité, en respectant les clauses du code du travail et les droits des travailleurs, en assurant une garantie des conditions de travail décentes, et en veillant à lutter contre les discriminations.
Réhabiliter l’Etat social est, certes, un exercice ardu, mais la Tunisie, en misant sur une croissance vigoureuse, peut relever le défi. Le Chef de l’Etat n’a cessé de le rappeler que « l’Etat doit reprendre son rôle social », évoquant dans ce sens les droits sociaux, tels que le droit à la santé, au travail décent, à la protection sociale… En d’autres termes, réhabiliter l’Etat social pour vaincre l’injustice sociale, la pauvreté et la précarité, pour ainsi traduire la vision économique du président pour la période à venir.
Etat social et dépenses publiques
L’Etat doit donc injecter de l’argent pour mettre en place ses politiques sociales. Ainsi, les nouvelles mesures sociales prévues dans la loi de finances 2025 s’inscrivent dans le droit fil de ces politiques. La création d’une caisse de prévoyance sociale pour les ouvrières agricoles, l’instauration d’une caisse « assurance-emploi » et la mise en place d’un régime d’accompagnement au profit des employés licenciés pour des raisons économiques, le renforcement des ressources du fonds de garantie des victimes des accidents de la circulation, l’élargissement du programme du premier logement pour inclure la construction des habitats, l’abattement fiscal pour les classes moyennes et de faibles revenus…
L’amélioration des services publics, notamment le transport, la santé, l’accès à une éducation de meilleure qualité… constituent un grand défi que le gouvernement se doit de relever. Si la question du financement se pose avec acuité, la réponse est claire : « Nous œuvrons à construire une économie basée sur la création de la richesse », affirme le Chef de l’Etat. C’est donc moyennant une croissance économique vigoureuse que le rôle social de l’Etat va être réhabilité.
Par ailleurs, l’amélioration des indicateurs économiques et financiers doit être accompagnée de mesures visant à consacrer le principe de justice fiscale, maîtriser l’inflation, renforcer le pouvoir d’achat, développer le système de protection sociale et répondre aux attentes et aspirations de toutes les catégories du peuple tunisien.
LF 2026 et justice sociale
Rompre définitivement avec les anciennes perceptions et visions, telle est la décision que le Chef de l’Etat a annoncée récemment, recommandant d’accorder toute la priorité requise au volet social et à la consécration d’une fiscalité équitable, préalable nécessaire à l’instauration de la justice et de l’équité escomptées. « Autant la justice s’instaure et l’Etat reconquiert son rôle social naturel, autant la stabilité sociale s’installe, et par ricochet la croissance devient effective et profitable à tous », précise-t-il. Mieux encore, le Président de la République a salué, lors d’un Conseil des ministres tenu la semaine dernière, la fin de la sous-traitance dans le code du travail, réaffirmant son engagement à poursuivre des réformes sociales et structurelles majeures.
Et d’ajouter : « Comme la joie est entrée hier avec la suppression de la sous-traitance, elle entrera dans tous les autres secteurs aux dysfonctionnements structurels, par des solutions radicales ».
Cette mesure s’inscrit dans une volonté affichée de recentrer l’Etat sur ses responsabilités fondamentales, notamment en matière de gestion des ressources humaines, de transparence administrative et de respect des droits économiques et sociaux des citoyens. Car, « quand règne la justice et que l’Etat retrouve pleinement son rôle social, les tensions se dissipent et le terrain devient propice à une croissance durable, bénéfique pour tous ».
Dans le même contexte, le Président Kaïs Saïed a appelé à rouvrir les portes de l’emploi dans la fonction publique, une revendication récurrente des jeunes diplômés chômeurs. Ce signal pourrait annoncer un changement de cap, après des années de gel des recrutements imposé par les contraintes budgétaires et les engagements internationaux.
Il a, par ailleurs, donné ses instructions pour la préparation du projet de loi de finances 2026 pour que celui-ci reflète davantage le rôle social de l’Etat, dans un contexte où les revendications sociales se multiplient, et que la pauvreté et la précarité ne cessent de gagner du terrain.
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