Réactions au limogeage de Ahmed Hachani : une nouvelle qui amuse la toile
Le président de la République, Kaïs Saïed a décidé, hier 7 août 2024, de limoger le chef du gouvernement, Ahmed Hachani et de le remplacer par le ministre des Affaires sociales, Kamel Maddouri. Une mesure qui a secoué les Tunisiens puisqu’elle a été annoncée pas plus de quinze minutes après la publication d’une série de vidéos, par M. Hachani, listant les accomplissements du gouvernement.
Bien évidemment, le limogeage de ce dernier a fait couler beaucoup d’encre et les Tunisiens, notamment les personnalités publiques, les activistes et les politiciens, n’ont pas manqué l’occasion d’en faire une source de railleries et de critiques envers le système.
Deux des rédacteurs en chef de notre journal, Business News, sont revenus sur quelques propos du chef du gouvernement devenus à un certain très connu. Marouen Achouri a rappelé que Ahmed Hachani avait affirmé que Kaïs Saïed n’avait pas son égal. Il l’avait déclaré lors d’un échange avec l’ancien ministre de l’Éducation, Mohamed Ali Boughdiri, lui aussi limogé malgré avoir fait l’éloge du président de la République à maintes reprises. Quant à Synda Tajine, elle est revenue sur la déclaration de Ahmed Hachani lors de sa visite en Algérie effectuée en octobre 2023. Il avait déclaré : « Azizi Kaïs Saïed » (Mon cher Kaïs Saïed).
Notre collègue et journaliste, Zora Abid a, aussi, abordé la question du limogeage de Ahmed Hachani. « 27 minutes après la publication de ses vidéos, il lui a donné un coup de pied l’éjectant du haut de son sommet », a-t-elle écrit sur son profil Facebook. Elle a poursuivi avec l’expression « pauvre chéri » en lien avec la fameuse déclaration de M. Hachani en Algérie. Le journaliste et animateur, Imed Dabbour a, également, commenté la chose d’un ton ironique. Il s’est contenté d’écrire : « Hahahahaha ! Très fort avez-vous dit ! ». Il s’agit d’un message critiquant l’attitude du désormais ancien chef du gouvernement qui n’a pas manqué de mettre en avant, lors de ses quelques déclarations médiatiques, le leadership et les qualités du président de la République.
Le militant au sein de la Ligue Tunisiennes de Défense des Droits de l’Homme et médecin, Abdelmajid Mselmi a, de son côté, considéré que la série de vidéos publiées par la présidence du gouvernement était en vérité le discours d’adieu de Ahmed Hachani. L’avocat et chroniqueur radio, Sami Ben Ghazi a, aussi, fait le lien entre la publication des vidéos et le limogeage de ce dernier. Il a considéré que le contenu des publications, censées mettre en avant les réalisations du gouvernement, manquait tellement de crédibilité que même le chef de l’État s’est trouvé dans l’obligation de limoger le chef du gouvernement.
Fidèle à son côté ironique, le célèbre blogueur et producteur télé, Mehrez Belhassen (ex Extravaganza) n’a pas manqué de commenter la nouvelle. Il a exprimé ses regrets quant au limogeage du chef du gouvernement avant que ce dernier ne soit informé de la possibilité d’utiliser un prompteur placé au même niveau que la caméra lors de ses discours. Mehrez Belhassen a expliqué que lors de son dernier discours, Ahmed Hachani regardait un mur comme s’il s’adressait à des fantômes. Il a considéré qu’une institution aussi prestigieuse que la présidence du gouvernement, dotée d’un service de communication, ne pouvait pas se permettre ce genre de choses. Il a, aussi, considéré que l’image donnée lors du même discours mettait en avant le fait que Ahmed Hachani avait été parachuté au poste de chef du gouvernement et qu’il tirait complètement à côté de la lucarne.
Pour ce qui est du secrétaire général d’Attayar, Nabil Hajji, il a rappelé que Ahmed Hachani avait occupé le poste de chef du gouvernement pour un an et quatre jours et qu’avant lui, Najla Bouden était à la tête de la Kasbah pour un an, neuf mois et 21 jours. Dans les deux cas, il n’y a pas eu d’explication quant à la nomination ou au limogeage de ces deux personnalités. Il s’est interrogé sur la durée de vie du nouveau chef du gouvernement, Kamel Maddouri dont la nomination n’a toujours pas été expliquée. Il a, aussi, rappelé que Kaïs Saïed avait nommé depuis le 23 octobre 2019 cinq chefs du gouvernement, dont trois après le 25-Juillet. « Mais, le problème réside au niveau du régime politique et de la décennie sombre qui n’ont pas permis de garantir une stabilité gouvernementale… Ou une réussite », a-t-il sarcastiquement commenté. Il s’est, aussi, interrogé sur la logique dans la nomination d’un nouveau chef du gouvernement à deux mois de la tenue de la présidentielle. Dans une seconde publication, Nabil Hajji a directement appelé Ahmed Hachani, à contacter Malek Zahi, Kamel Feki et Mohamed Ali Boughdiri afin de faire appel à leur expertise dans les départs par les petites portes. Son camarade et ancien ministre, Mohamed Hamdi s’est ouvertement moqué d’Ahmed Hachani en rappelant l’une des déclarations les plus comiques de ce dernier. M. Hachani avait dit : « La Tunisie est la Tunisie… L’État est l’État ». Mohamed Hamdi a considéré que l’ancien chef du gouvernement allait laisser un grand vide en raison de ce genre d’affirmation.
La membre du bureau exécutif du Front de salut national, Chayma Issa a, quant à elle, reformulé un ancien dicton tunisien. Il s’agit d’une citation visant à mettre en garde et à avertir les individus afin qu’ils comptent sur eux-mêmes. Elle a accompagné sa publication du hashtag « Bande de fous ». L’ancien député et dirigeant du Watad, Aymen Aloui a, aussi, commenté le limogeage de Ahmed Hachani en écrivant le mot « Mon chéri » en lien avec la déclaration de ce dernier.
Le caricaturiste Tawfiq Omrane n’a pas manqué de transformer la nouvelle en une illustration artistique qui sera sûrement très commentée. Il a publié une photo de son célèbre personnage sous forme d’âne avec le texte suivant : limogeage de Ahmed Hachani. « Il a dit Azizi et il a fini en queue de poisson ».
S.G
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