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Pouvoir politique contre pouvoir syndical : Une confrontation sans vainqueur

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Ce n’est pas un crime de lèse-majesté que de critiquer l’action des syndicats ou d’exprimer la lassitude des Tunisiens devant le comportement, parfois irresponsable, de certains syndicalistes.

Il est inutile de réaffirmer l’attachement de tout un chacun à l’exercice sain et approprié de tous les droits reconnus par toutes les législations. La Tunisie compte parmi les pays où tous les droits sont reconnus à tel point que n’importe qui peut faire n’importe quoi sous prétexte qu’il en a le droit. Cela dure depuis des années et tous les jours des entreprises et des institutions sont paralysées par des actions menées par certains syndicats qui revendiquent toutes sortes de choses sans aucun égard aux possibilités du pays et sans tenir compte de la conjoncture nationale et internationale.

L’exemple anglo-saxon

Lorsqu’on évoque la question syndicale avec la vigueur que l’on voit aujourd’hui, ce n’est pas, nécessairement, une attaque que l’on déclenche contre les syndicats ou leurs mouvements. 

Loin de nous cette idée, car nous respectons la lutte des vrais syndicalistes depuis leur parcours sous l’occupation française et lors du début de l’indépendance. Personne ne peut ignorer les militants comme Farhat Hached ou Habib Achour. Le premier a payé de sa vie son amour pour son pays et son peuple, le second a passé des années en prison pour ses convictions patriotiques et son attachement à la cause des travailleurs. Qu’en est-il, aujourd’hui ?

C’est là le vrai militantisme syndical et non celui que l’on voit actuellement où, à partir des hôtels et lors de réunions, on trace les grandes lignes d’interminables mouvements de grèves et de débrayages qui mettent le pays dans des impasses économiques et sociales.

Pour tout dire, le travail syndical, tel que revendiqué par certains, ne ressemble en rien à ce qu’il était. Les syndicalistes des années de plomb savent ce qu’il leur en coûtait de s’en prendre aux pouvoirs en place lorsqu’ils décrétaient des grèves. Qu’on se rappelle le 26 janvier 1978. C’est tout le bureau exécutif de l’Ugtt qui en a payé les frais ainsi que plusieurs autres militants (les vrais !).

Il suffit de voir du côté de ce que l’on peut appeler les grandes démocraties (dans la culture anglo-saxonne). Nos syndicalistes doivent jeter un œil sur le droit de grève dans le système de ces pays dont, notamment, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis. Ils ne manqueront pas de se rendre à l’évidence que le droit à la grève ne donne pas toutes les libertés. 

Nos syndicalistes doivent tirer la leçon de l’exemple de l’ex-Première ministre britannique, Margaret Thatcher, avec les grèves des mineurs qui dura toute une année (1984-1985). On ne pourra pas dire que la Grande-Bretagne avait, alors, un pouvoir dictatorial.

Impunité absolue

Aujourd’hui, on peut tout entreprendre sans être inquiété. On peut faire perdre des centaines de milliards à l’Etat sans éprouver le moindre regret et sans broncher. Aucune mesure ne peut être envisagée contre les auteurs de ces blocages. Ils sont protégés et n’ont, donc, rien à craindre. Il est hors de question de penser qu’on peut appliquer la loi. Tout peut dégénérer et les syndicalistes vont, alors, monter au créneau pour promettre des escalades les unes plus dévastatrices que les autres.

Ils ont profité (avec des complicités politiques directes ou indirectes) de la situation de faiblesse de l’Etat au cours de la sinistre décennie pour imposer leurs règles du jeu. 

C’est pourquoi on les voit exulter de joie lorsque des grèves “réussissent” à… 100 %. D’ailleurs, il ne peut en être autrement. Même s’il y a des travailleurs qui ne veulent pas faire grève, le mouvement des foules les entraîne d’autant plus qu’il y a une pression morale qui s’exerce sur tous les travailleurs. De ce côté, tout le monde sait que l’impunité est devenue la règle. Certains secrétaires généraux se sont transformés en généraux et livrent une véritable guerre dans tous les secteurs. Ce terme est employé par eux-mêmes. Ils ne parlent que de combats, de luttes et de victoires impératives. Ils triomphent toujours par la signature d’accords avec des gouvernements qui ne cherchent qu’à se débarrasser de la pression intenable de ces syndicats. Mais ces accords restent lettre morte pour s’ajouter, comme une patate chaude, aux nombreux dossiers en suspens d’un autre gouvernement.

Cette impunité nous fait penser, automatiquement, à la célèbre citation de Corneille dans sa pièce “Le Cid” : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».

C’est, justement, le cas de certains de nos syndicalistes qui triomphent, toujours, chaque fois qu’ils déclenchent une grève ou n’importe quel autre mouvement de “colère”. En effet, ils n’ont face à eux aucun contrepoids. Tous les gouvernements qu’ils ont défiés ne faisaient pas le poids. C’est pourquoi ils se sont habitués à livrer des “combats” sans résistance de la part de l’adversaire. C’est facile de vaincre d’autant plus que l’on n’a rien à redouter et qu’il n’y aura jamais de poursuite d’une quelconque nature que ce soit. On en a la preuve tous les jours.

Le dernier mouvement de boycott des cours dans les collèges et les écoles primaires déclenché, récemment, et qui a duré près de deux mois en est l’illustration la plus parfaite.

Non aux luttes fratricides 

Aussi n’est-il pas étonnant que la vraie société civile réagisse. Contrairement aux structures les plus indiquées pour ce genre d’affaires. On pense au délégué pour la protection de l’enfance ou l’appareil judiciaire ou encore aux organisations qui prétendent défendre les droits et les libertés des individus. Est-ce que l’avenir de plusieurs millions d’élèves ne vaut rien face aux intérêts de quelques centaines d’enseignants dits en situation précaire ?

Quand des associations mettent en garde les syndicats pour les préjudices causés à nos enfants, ce n’est pas un crime. On ne va pas crier sur tous les toits qu’on veut discréditer l’action syndicale et lui livrer une bataille.

Les parents ne demandent rien d’autre que de laisser leur progéniture poursuivre sereinement son parcours scolaire. La politique ne les intéresse guère. Leur seul combat s’explique par leur volonté de préserver les droits de leurs enfants. Et quand des voix s’élèvent pour critiquer le jusqu’au boutisme de certains syndicalistes, ce n’est que la juste voix. Car il est temps de comprendre que la Tunisie ne peut plus supporter ce lourd fardeau à l’infini. Les mouvements syndicaux à la tunisienne ne peuvent que contribuer à la détérioration de la situation économique et sociale. Il n’y a aucun vrai militant syndicaliste qui dirait le contraire. Notre pays a beaucoup plus besoin d’une trêve pour mieux affronter les problèmes qu’il est en train de vivre. Le temps des confrontations et des épreuves de force est révolu. Au lieu de se préparer à une “guerre” comme se plaisent à répéter certains responsables syndicaux, il vaudrait mieux se préparer à résoudre les questions urgentes auxquelles tout le monde fait face.

Donc, au lieu de gaspiller son énergie dans des luttes fratricides, il serait plus préférable de mettre la main dans la main pour relever le défi et replacer la Tunisie sur la bonne voie. Les combats de coqs ne serviront à rien sauf à flatter son ego.

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