Patrimoine – Atelier de formation de restauration des monuments historiques : Un partenariat fructueux

De multiples monuments historiques à préserver, à l’instar de Dar Ben Abdallah, tombée en ruine, faute de moyens.
La Presse — Sur initiative de l’Institut national du patrimoine (INP), a démarré, le lundi 26 mai à l’espace Driba à la Médina de Tunis, l’atelier de formation de restauration des monuments historiques. En présence d’étudiants de l’Ecole nationale d’architecture et d’urbanisme, de l’Ecole nationale des ingénieurs de Tunisie, de l’Institut supérieur des métiers du patrimoine ainsi que d’experts tunisiens et français, notamment du CoPaM, principal partenaire de cette opération, Tarek Baccouche, directeur général de l’INP, a ouvert la session en souhaitant la bienvenue à tous les partenaires, indiquant que le ministère de la Culture accorde un intérêt particulier au patrimoine, secteur qui nécessite des professionnels qualifiés en matière de restauration, d’où l’organisation de cet atelier. «De multiples monuments historiques à préserver, à l’instar de Dar Ben Abdallah, tombée en ruine, faute de moyens. On doit trouver un mécénat pour la préservation du patrimoine afin de la mettre en valeur, espérant qu’avec ce chantier, il y aura une prise de conscience de la part des intéressés pour trouver les financements nécessaires», ajoute le directeur général de l’INP.
Montasser Jmour, responsable de la conservation de la Médina de Tunis, a rappelé que cet événement est organisé entre l’Institut national du patrimoine (INP) et le CoPaM, fruit d’une rencontre qui a eu lieu en octobre 2024 avec les experts et les professionnels de la conservation et la restauration des monuments historiques. Suite à cette rencontre, on a eu l’idée de cet atelier de formation qui est composé de deux ateliers en parallèle. Un atelier théorique et technique sur la phase de diagnostic d’un monument historique, le palais Dar Ben Abdallah, l’une des demeures les plus prestigieuses de la Médina de Tunis sous tutelle du ministère de la Culture. Ce palais abritait le musée des traditions et des arts populaires, malheureusement son état a nécessité sa fermeture en 2012. Il nécessite des travaux de restauration profonds pour le sauvegarder. Une fois remis en état, le musée, qui a eu un énorme succès lors de son ouverture en 1978, pourra retrouver son éclat et rouvrir ses portes aux visiteurs.
L’objectif de ces deux ateliers consiste à établir un écosystème homogène entre les experts et les professionnels des métiers du patrimoine. Le deuxième atelier intègre des travaux pratiques de restauration dans le cas de quelques pathologies constatées sur les monuments. Cet atelier sera réalisé avec le concours des professionnels de l’INP, des entreprises privées et de l’Association de sauvegarde de la Médina de Tunis qui participera avec des ouvriers : maçons, techniciens, chefs de chantiers et conducteurs de travaux qui disposent d’expériences dans le domaine de la restauration des monuments historiques. « On entreprendra des travaux pratiques sur le site. On exécutera des mortiers à base de chaux, on restaurera quelques parties du monument, et ce, pour résoudre quelques problèmes de pathologie. Il y aura une interrelation entre les deux ateliers théorique et pratique », souligne l’interlocuteur.
De son côté, Léonie Petitclerc, chargée de mission patrimoine et de coordination du projet du CoPaM, une association méditerranéenne qui réunit à la fois la valorisation du patrimoine et la coopération internationale en Méditerranée, créée à l’initiative de la société civile en 2019, précise qu’en Tunisie, le CoPaM coopère avec plusieurs partenaires dont l’INP, l’Amvppc, la société civile de la ville d’El Jem. « On se retrouve aujourd’hui à la suite d’un processus engagé il y a plusieurs années. On a commencé avec des initiatives du secteur privé qui manquait d’acteurs spécialisés en patrimoine pour monter des projets.
Ensuite, on s’est tourné vers la formation aux métiers du patrimoine. Fin octobre 2024, on a fait un premier volet qui a réuni tous les acteurs du monde du patrimoine en Tunisie. On est venu avec certains de nos membres avec des propositions. Le constat est qu’il fallait une mise en pratique en créant des lieux d’échange pour expérimenter les métiers du patrimoine pour que tous les acteurs puissent travailler ensemble et en proposant des ateliers de formation grâce à des financements du CoPaM », révèle la chargée de mission.
Le montant global de l’opération s’élève à 15 000 euros qui comprend la prise en charge de la logistique, les matériaux, les experts, l’hébergement. Il y a deux architectes du patrimoine, l’un algérien, qui travaille sur la Casbah d’Alger, un italien qui œuvre en France sur des monuments historiques, des ingénieurs qui mettent en exécution des thématiques liées au patrimoine, particulièrement dans l’analyse des matériaux, un ingénieur de structure qui est une spécificité par rapport aux bâtis anciens.
C’est donc le premier atelier de diagnostic architectural, le deuxième consiste en une formation de maçonnerie du patrimoine, il y a deux intervenants sur 15 jours : un chef de chantier de restauration de monuments historiques Smbr (Société de Maçonnerie et de Bâtiment de la Réunion) et un autre formateur de l’école d’Avignon, métier du patrimoine, notamment la machinerie. « L’importance de la filière des métiers est de parvenir à une restauration adéquate. Un chantier école d’une plus grande ampleur qui permettrait de faire rencontrer tous les corps de métier liés au patrimoine », conclut Léonie Petitclerc.
Leila Ben Gacem, présidente de Mdinti et entrepreneuse sociale tunisienne, a insisté sur « l’encadrement des étudiants par des experts internationaux spécialisés dans la restauration des monuments historiques, précisant que le patrimoine comporte plusieurs métiers et que le travail nécessite de mettre en œuvre tous les métiers pour pouvoir restaurer un bâtiment ancien selon des normes spécifiques ». Le travail de restauration de Dar Ben Abdallah durera dix jours. Il s’agit d’un projet pilote pour tenter de comprendre les particularités de cet espace et les techniques traditionnelles qui, malheureusement, n’ont pas été documentées. Après cette expérience et avec le concours de la CoPaM et dans le but d’un développement socioéconomique, l’objectif est de monter un projet à long terme qui se poursuivra avec les étudiants ayant assisté à ces ateliers.
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