Moez Soussi décrypte le programme économique de l'État

Le professeur d’économie Moez Soussi est intervenu mercredi 2 avril 2025 sur les ondes d’Express FM au sujet du conseil ministériel restreint tenu le 28 mars 2025 et relatif au programme économique de l’État.
« Le communiqué de la présidence du gouvernement a été concis et traite des urgences et des priorités de la conjoncture économique », a expliqué l’invité de l’émission Expresso, tout en précisant que ce communiqué couvre neuf chapitres économiques majeurs. Il a ensuite souligné que ces chapitres n’incluent pas les réformes sectorielles attendues.
Neuf chapitres économiques, mais des réformes abstentes
M. Soussi a d’abord détaillé les thématiques abordées lors de ce conseil ministériel, à savoir : la stimulation de l’activité économique et de la croissance, la préservation du tissu institutionnel, l’adaptation des mécanismes législatifs et réglementaires, la consolidation du volet social dans les politiques générales de l’État, la relance des projets suspendus, la mise en œuvre de la souveraineté alimentaire et hydrique, l’accélération de la transition numérique et énergétique, le soutien aux sociétés communautaires, et enfin, la lutte contre l’économie de rente et la facilitation de l’accès aux marchés.
« Je considère que le problème majeur auquel fait face la Tunisie est la faiblesse de la création de richesse », a expliqué M. Soussi, en précisant que la moyenne des taux de croissance entre 2011 et 2024 n’a pas dépassé 1,15 % par an. Il a également évoqué la nécessité de simplifier les procédures d’investissement pour encourager la création de richesse et a appelé à instaurer davantage d’avantages fiscaux intelligents afin de lutter contre l’évasion fiscale.
L’économiste a ensuite pointé du doigt le déséquilibre entre les différentes régions du pays en matière de création de richesse et d’investissement.
Exportations en recul, importations en hausse
Concernant la production destinée à l’exportation, il a souligné que « les résultats de janvier et février ont montré un recul des exportations, alors que les importations ont augmenté », et a rappelé que l’État devait également s’orienter vers l’économie verte.
« Le secteur des travaux publics est en crise », a déploré Moez Soussi, en se référant à l’état des infrastructures publiques et aux retards de paiement des entrepreneurs ayant travaillé avec l’État.
Il est ensuite revenu sur la situation des petites entreprises en difficulté, appelant à une réforme du financement, à une révision des taux d’intérêt et à considérer leur sauvetage comme une priorité, aussi bien au niveau local que régional.
« Il faut élaborer un rééchelonnement des dettes fiscales et sociales », a-t-il plaidé, en expliquant que cet échelonnement devrait être planifié sur au moins cinq ans. Il a également dénoncé l’absence de numérisation dans la relation entre les entreprises et l’administration.
S’agissant des projets suspendus, il a insisté sur la nécessité de résoudre ces problèmes au plus vite. Il a également souligné l’importance de la transition énergétique, rappelant que la Tunisie souffre d’un déficit énergétique considérable, ce qui rend cette réforme cruciale. Selon lui, la transition énergétique et la numérisation sont étroitement liées.
« Il faut impérativement numériser les procédures administratives à 100 % », a insisté M. Soussi, regrettant que plusieurs projets annoncés depuis des années dans ce domaine ne soient toujours pas exécutés.
Il a ensuite affirmé que « les sociétés communautaires sont un pari et un choix des autorités, et elles figurent dans le programme économique de l’État ».
Lutter contre l’économie de rente et les barrières à l’entrée
Enfin, au sujet de l’économie de rente, il a dénoncé les barrières d’entrée aux marchés et a appelé à des réformes, notamment dans le domaine des marchés publics.
« Je pense que ce programme économique nécessite des améliorations, telles que la fixation d’objectifs chiffrés, la clarification des moyens de financement, la désignation des parties responsables pour chaque thématique, et enfin, la réduction de la bureaucratie », a conclu Moez Soussi.
H.K
lien sur site officiel