Mes Humeurs – Ma ville, ma piscine
Dans la série d’humeurs sur ma ville, la piscine municipale du Belvédère, qui vient d’être entièrement rénovée, mérite un rang au-dessus du lot.
La place Pasteur à Tunis est sur mon passage ; le quartier abrite des villas cossues, dont celle de la maison historique des Bouhajeb, de style arabisance qui occupe un coin de l’artère principale, une boutique d’objets d’artisanat de la regrettée Fella accueillait les amateurs ; hélas, la maison au cœur d’un vaste jardin a été démolie.
Quotidiennement, je m’attarde à admirer le nouveau visage de la place, son image, le rond-point central et son jardin fleuri, coloré, égayé et cette fraîcheur (nostalgie oblige) me renvoie à mon enfance. C’étaient les années soixante, le printemps venu, en petite bande ou à deux, on prenait le bus blanc n°7 qui nous déposait devant le bâtiment de l’Institut Pasteur à deux pas de la piscine municipale. Il y avait beaucoup moins de voitures (évidemment) et les espaces communs plus accueillants. On se rencontrait dans cette piscine construite dans les années 30, un sac, un maillot et une serviette, un encas et c’est parti pour une matinée de « joie », des jeunes garçons et filles, des moins jeunes, des amateurs, des nageurs professionnels, des spectateurs. On y allait, fils de pauvres et de riches tous les matins par beau temps, c’est là, comme beaucoup de jeunes de l’époque, que j’ai appris à nager, à découvrir comment bouger les pieds, accorder les mouvements du torse et les bras dans l’eau, j’admirais les gestes et les efforts des joueurs de waterpolo et des nageurs, les Bouazza, Achour, les frères Ons et Anis Gharbi, Meryem Mizouni et autres héroïques nageurs, plongeurs et poloïstes qui ont fait la gloire de la natation tunisienne; j’étais ébloui par les exercices de style des plongeurs, il y avait quatre plongeoirs, deux à haut vol et deux à tremplin, un entraîneur, petit, ventru, français ou italien, enseignait cet art précis, beau et rigoureux.
Autour du bassin (mesurant 33 mètres de long et 20 mètres de large, avec une profondeur allant de 0,9 m à 2,1 m), le terrain est boisé, acacias, cyprès, lauriers roses… En été, il y avait des spectacles, bref, toute une vie tournait autour de la piscine. Quelques décennies plus tard, pour des raisons inconnues, manque d’attention, manque de moyens ? Les autorités municipales fermèrent la piscine. Faute d’entretien, le plus ancien espace de natation de Tunis a sombré dans l’oubli, tout autour, les deux placettes ont perdu leur charme. On faisait nos adieux à ce bijou de l’urbanisme…jusqu’au jour où le Président Kaïs Saïd a décidé la restauration et la rénovation de cet espace. Les travaux ont été entrepris, redessinés à l’identique et supervisés par le génie militaire, conformément à ses spécificités d’origine. Le 21 octobre, la piscine était fin prête, sa réouverture pour le public est prévue pour le 1er mai 2025. Vivement le printemps !
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