Maher Ketari : Kamel Maddouri n'a répondu à aucune des questions des élus
L’élu et membre de la commission des finances et du budget du parlement, Maher Ketari, a vivement critiqué, lundi 11 novembre 2024, l’intervention de la veille du chef du gouvernement, Kamel Maddouri, concernant le budget économique.
« On s’attendait à quelque chose de totalement différent du chef du gouvernement, qui a répondu a des généralités, en donnant juste de gros titres. On lui a posé des questions pointues et on attendait des réponses dans chaque domaine », a indiqué le député au micro de Wassim Ben Larbi dans l’émission Expresso sur Express Fm. Et de souligner que Kamel Maddouri a opté pour le même discours que ses prédécesseurs, avec des réponses fleuves. Il n’a répondu à aucune question et il y a un grand mécontentement au sein du parlement.
Interrogé par l’animateur si les discussions qui commenceront aujourd’hui pour passer le budget de chaque ministère en présence du ministre concerné vont permettre de répondre aux questions des élus, M. Ketari a estimé que non. On aurait pu profiter de la présence du chef du gouvernement et de ses ministres pour connaître les objectifs et orientations du pays pour les cinq prochaines années, a-t-il expliqué. D’ailleurs, l’élu a regretté l’absence du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie.
Pour lui, ce qui a été présenté par le gouvernement est un ensemble de petites mesures. Or, avec la stabilité politique qu’on aura pour les prochaines cinq années, on devait déterminer nos orientations futures :
Faire un programme pour baisser l’inflation en dessous de 5% (contre 7% à 8% actuellement)
Baisser le taux d’intérêt directeur et s’interroger comment encourager l’investissement avec un taux directeur de 8%, soit un taux d’intérêt applicable de 10% à 13%
Renforcer le dinar contre les monnaies étrangères (dollar/euro) : pour lui, il faut atteindre un taux d’équilibre, ne dépassant pas 2,5 dinars le dollar.
Maher Ketari a estimé qu’on doit avoir une feuille de route pour les cinq prochaines années, en profitant de la stabilité politique pour atteindre certains objectifs. À titre d’exemple, il a indiqué qu’on pouvait fixer comme objectif d’atteindre un taux d’inflation de moins de 5% dans une ou deux années en suivant des mesures concrètes.
Il a précisé, en réponse à une interrogation de l’animateur, que le budget économique donne les orientations du pays à moyen terme. Or, le budget ne répondait pas à ces attentes.
Et de spécifier que le budget de l’État donne les orientations pour un an. Donc, il ne peut pas donner les orientations de l’État à moyen terme. Cela dit, le député a vivement critiqué l’incompétence du gouvernement à déterminer le taux de croissance. Pour lui, le gap ne doit pas dépasser les 0,3 à 0,5% comme c’est le cas pour 2024 où le gouvernement s’attendait à une croissance de 3% alors que celle qui sera réalisée d’ici la fin de l’année atteindra à peine les 1%. « La différence ne peut pas être du simple au double dans les statistiques et les projections », a-t-il martelé.
Le député a souligné qu’il y a un grand problème d’infrastructure et que l’État est en train de favoriser des demi-mesures pour sauver certaines entreprises publiques aux dépens d’autres comme c’est le cas pour la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) et la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT). La CPG ayant été privée d’un projet intégré qui pouvait relancer durablement l’activité pour ne pas priver la SNCFT des 40% de revenus qu’elle engrange de la CPG.
Pour lui, il faut renouveler le matériel périodiquement pour rester à la pointe.
Autre sujet abordé par l’élu, le manque de patriotisme des Tunisiens, qui avant favorisaient les intérêts des partis politiques et maintenant favorisent leurs propres intérêts et cela au dépens des intérêts de la collectivité.
I.N.