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Lutte anti-corruption en Tunisie : L’audit des recrutements au point mort ?

Boubaker Yahya, député et rapporteur de la Commission d’organisation de l’administration, du développement, de la digitalisation, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption à l’ARP, est revenu ce mercredi sur l’avancement du dossier sensible de l’audit des diplômes et des recrutements dans la fonction publique. Un sujet qui cristallise les tensions depuis la publication du décret en septembre 2023.

Un processus opaque et des chiffres toujours attendus

D’après Yahya, malgré une audition récente (le 30 mai) avec des représentants du gouvernement, les informations partagées restent vagues. “Aucune statistique précise n’a été fournie sur le nombre de diplômes falsifiés ou de recrutements illégaux, bien que des « dépassements massifs » aient été évoqués. Le rapport final, remis en août 2023 au chef du gouvernement Ahmed Hachani – dont c’était la première mission assignée par le président Saïed –, n’a toujours pas été rendu public”, a-t-il indiqué, lors de son passage sur Express Fm.
Il a ajouté que les autorités évoquent des « contraintes sociales » pour justifier cette rétention : la crainte d’un impact négatif sur des milliers de familles concernées. Pourtant, le décret (n°591 de 2023) prévoyait des sanctions administratives avant même les poursuites judiciaires. Or, à ce jour, aucune mesure concrète n’a été prise.

Sur un autre plan, le député a rappelé que l’audit couvre spécifiquement la période post-révolution (14 janvier 2011 au 25 juillet 2021), suscitant des interrogations sur une éventuelle focalisation politique. “C’est le texte qui a défini cette période, probablement pour cibler les excès d’une ère de transition… Toutefois, l’absence de transparence alimente les spéculations sur d’éventuels calculs partisans”, a-t-il encore précisé.

Face au silence du gouvernement, Yahya annonce que sa commission pourrait exiger officiellement une copie du rapport. “En tant qu’institution de contrôle, c’est notre droit de demander des comptes” a-t-il insisté, tout en reconnaissant les résistances possibles de l’exécutif.
Sur un autre plan, le député a soulevé le cas d’Adnen Brahmi, fils du martyr Mohamed Brahmi, récemment nommé conseiller au ministère du Commerce. Si les familles de martyrs méritent une « attention particulière », des questions surgissent sur les critères de ce recrutement, perçu par certains comme un geste politique.
Ainsi, entre opacité, lenteur judiciaire et sensibilité sociale, le dossier des audits semble bloqué. Pour Yahya, la balle est dans le camp du gouvernement : “S’il y a des chiffres ‘astronomiques’ de fraudes, qu’on les révèle. Sinon, qu’on cesse les rumeurs”.


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