Les insupportables menaces de lIsie
L’instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) menace, de nouveau, les Tunisiens. Dans un communiqué du 14 août 2024, l’Isie a appelé les citoyens et les citoyennes à ne pas se laisser emporter par les rumeurs et les fausses informations, à propos des hypothétiques falsifications de parrainages. À défaut, l’instance les poursuivra en justice.
Ce n’est pas la première fois que l’Isie procède à ce genre de menaces qu’elle a mises en exécution à plusieurs reprises. On ne compte plus les poursuites judiciaires déclenchées contre des politiciens et des médias et même contre ses propres membres. Il y a même eu des condamnations à de la prison ferme, suite à des plaintes de l’Isie, juste parce qu’il y a eu des interrogations ou des accusations quant à son intégrité et sa neutralité.
En procédant par la menace et l’intimidation, l’Isie annihile tout débat public. Elle empêche les citoyens et les politiciens de poser des questions légitimes quant à la neutralité et l’intégrité de l’instance, que l’on pose dans tous les pays du monde, y compris ceux qui ont de très vieilles traditions démocratiques à l’instar des États-Unis. Certes, la loi interdit de remettre en doute l’intégrité et la neutralité de l’Isie, mais n’est-ce pas cette loi qui a été votée durant la décennie noire ? L’Isie ne peut-elle pas être au-dessus de cela et accepter d’être critiquée, comme le sont toutes les institutions du pays et de tous les pays ?
À propos du dernier communiqué, il est en rapport avec les hypothétiques falsifications de parrainages. L’Isie veut interdire que les citoyens dénoncent le fait que leur nom ait été inscrit sans leur aval sur les listes de parrainages d’un candidat donné. Comment doivent faire donc ces citoyens dont le parrainage a été volé au profit d’un candidat ? Se taire ? Ces citoyens n’ont que leurs comptes sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce qui leur arrive et raconter leur vie privée. L’option de saisir la justice, complexe, très longue et chronophage, n’en est pas une pour eux, puisqu’il s’agit de dénoncer la chose publiquement ici et maintenant et non après coup devant les tribunaux.
Il est tout à fait naturel que l’Isie cherche à avoir une ambiance calme et saine pour exercer ses fonctions, mais les critiques, les dénonciations, les accusations et les remises en cause font partie de toute élection, quel que soit le pays. En procédant aux intimidations et aux plaintes, l’Isie ne dissipe pas les doutes, elle les multiplie.
R.B.H.
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