Culture

«Les enfants rouges» de Lotfi Achour, en compétition officielle au FIFF : Entre réalisme et onirisme

 

De notre envoyée spéciale à Namur Neila GHARBI 

«Les enfants rouges» de Lotfi Achour s’inspire d’un fait réel survenu dans les montagnes de Mghila, la mort d’un jeune berger dont la tête a été décapitée par des djihadistes dans un paysage westernien. L’accent est mis sur les fantasmes et les hallucinations d’Achraf, le cousin, qui essaye de dépasser sa peur et de franchir le cap de la terreur menaçante. Un film au rythme lent et de longs moments de silence qui dévoilent le déchirement des protagonistes. Le film concourt dans la compétition officielle de la 39e édition du Festival international du film francophone (Fiff) de Namur (Belgique).  

Montagne de Mghila (Kasserine), des djihadistes décapitent la tête du jeune berger Nizar et la livrent à son cousin Achraf, 15 ans, pour la ramener dans un sac dégoulinant de sang à sa famille en guise d’avertissement.

Lotfi Achour se sert d’un fait divers réel survenu en 2015 pour relater l’état psychologique d’Achraf traumatisé par un tel événement. Une mission difficile qu’il va devoir affronter seul dans ces paysages montagneux. Pour éviter la folie, le jeune garçon imagine le fantôme de son cousin.

Face à la famille désemparée, Achraf est déchiré entre le devoir de conduire le corps à la famille et les visions auxquelles il s’accroche à Nizar. Aidé par le frère de Nizar et les hommes de la famille, Achraf doit retrouver l’endroit où son cousin a été décapité pour récupérer le corps et l’enterrer dignement. Mais il faut éviter les mines anti-personnelles implantées par les terroristes un peu partout dans la montagne.            

Sobriété et économie caractérisent la narration du film où rôde une menace permanente dans les montagnes fréquentées par les villageois qui n’ont d’autres ressources de subsistance que d’emmener paître leurs troupeaux de chèvres dans ces zones dangereuses contrôlées par l’armée qu’on ne voit pas dans le film et qui a besoin de renseignements pour mettre les djihadistes hors d’état de nuire et ce, en contrepartie de l’argent.      

L’horreur de la décapitation est mise hors champ pour emprunter un style onirique qui épouse l’imaginaire de son protagoniste confronté à une terreur incompréhensible. L’onirisme est une démarche qui contourne la linéarité dans laquelle aurait pu tomber le film.

La présence du fantôme du cousin accompagne Achraf dans cette terrible mission. Si la réalité est présente et constamment menaçante, le scénario ne tombe pas dans la facilité de transposition des événements, mais se sert d’ellipses à chaque fois qu’il s’agit d’aborder le drame. Avec l’aide de sa cousine Rahma, avec qui il vivra ses premiers émois amoureux, Achraf garde l’espoir d’un avenir probablement meilleur, qu’il retrouvera loin du village, dans une autre région du pays. Mort en martyr, Nizar devient un héros national. Par ailleurs, «Les enfants rouges» montre l’impuissance de l’Etat à maîtriser les attaques terroristes et les niaiseries de certains médias face à ce crime choquant    

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