Le séisme du tribunal administratif
L’espoir était mince, mais il est officiellement là. La présidentielle 2024 n’aura pas lieu qu’avec trois candidats. En désavouant cinglement l’Instance électorale et les juges administratifs de première instance, les 27 juges administratifs saisis en appel redonnent de la vigueur, de la justice et de la démocratie à la présidentielle.
Mardi 27 août, ils ont donné raison à Abdellatif Mekki, ont validé son recours sur la forme et sur le fond et le remettent en selle pour la course. Certes, il ne pourra pas faire campagne comme tout candidat l’espérerait, puisqu’un juge lui interdit de quitter son quartier à la Ouardia et toute apparition dans les médias et les réseaux sociaux, mais M. Mekki revient de loin. Il n’est plus écarté pour des motifs futiles.
L’espoir renait pour au moins deux autres candidats à savoir Mondher Zenaïdi et Imed Daïmi. Ils connaitront l’issue du recours déposé dans les 48 heures.
Le premier déclare avoir déposé suffisamment de parrainages valides pour candidater, ce qui n’était pas l’avis de l’instance électorale ou celui des juges administratifs de première instance. Avec 27 juges pour décider, M. Zenaïdi peut espérer recouvrer justice, surtout qu’il est certain et catégorique que ses parrainages sont conformes à la loi.
Le second, M. Daïmi, a encore plus d’espoir après la validation du recours de Abdellatif Mekki. Le motif du rejet de son dossier est des plus risibles. Le tribunal administratif lui reproche d’avoir présenté le document numérique récapitulant les parrainages en format PDF au lieu du format Word. Pour l’Histoire, le même tribunal administratif affirmait, dans un document officiel datant des dernières élections de 2019 qu’il acceptait les deux formats PDF et Word. Pourquoi donc déciderait-il autrement en 2024 ? Les 27 juges trancheront !
En tout état de cause, la décision d’aujourd’hui de remettre Abdellatif Mekki dans la course est considérée comme un véritable séisme politique à Tunis. Très peu d’observateurs y croyaient et on donnait moins de 5% de chances à ce que les recours des prétendants à la présidentielle soient validés par les 27.
Cela n’arrange certainement pas les affaires des trois candidats déjà en lice, Kaïs Saïed, Ayachi Zammel et Zouhaïer Maghzaoui, mais cela arrange certainement la démocratie, la justice et les Tunisiens. Des Tunisiens qui veulent voter pour le candidat qu’ils ont choisi et non pour un candidat par défaut ou, pire, boycotter la présidentielle comme ils ont boycotté les dernières élections.
N.B.
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