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Le grand projet de Olfa Hamdi

L’ancienne PDG de la Tunisair, Olfa Hamdi, s’était officiellement lancée dans une carrière politique en annonçant la création de son parti politique baptisé « La Troisième République ». Un nom intelligemment choisi, unissant simplicité et efficacité. Ainsi, à chaque fois qu’un politicien, quelles que soient ses orientations ou son appartenance, évoque la nécessité d’un passage à un nouveau régime politique, il lui fera de la publicité gratuite, car il s’agira du passage à la Troisième République.

Ceci inclut les déclarations du président de la République, Kaïs Saïed, qui ne cesse de souligner l’importance d’abandonner le régime parlementaire ou encore celles de Mohsen Marzouk, président du parti Machroû Tounes qui avait présenté un projet politique intitulé le passage à la Troisième République. Ce dernier, ou encore le président d’Afek Tounes, Fadhel Abdelkefi, avaient appelé à l’union des forces démocrates centristes, élément que Olfa Hamdi ne s’était pas contentée de reprendre ! Elle a affirmé qu’il n’y avait pas de structure occupant le centre sur la scène politique tunisienne d’où la raison derrière la création de son parti.

Le plagiat ne s’arrête pas à ce niveau. Olfa Hamdi a affirmé que son parti politique était dans la capacité d’introduire une solution relative au secteur financier et permettant de débloquer la situation de plusieurs entités appartenant au secteur privé telles que les agriculteurs placés sur la liste noire en raison de la hausse de leurs dettes. Il s’agit, tenez-vous bien, d’introduire un système d’information sur le crédit, même si ceci avait déjà eu lieu par la ratification d’un décret datant du 18 novembre 2021. Le texte avait été publié dans le Journal officiel de la République tunisienne à la date du 4 janvier 2022. N’est-elle pas au courant de cela ?

L’ignorance des faits va encore plus loin. La présidente du parti « la Troisième République » a affirmé, alors qu’elle était l’invitée le 3 mars 2022 de Dhia Bousselmi sur les ondes de la radio Express FM, que l’action de Tunisair avait évolué de 20% lorsqu’elle était à la tête de cette entreprise. Or, l’historique de l’action de Tunisair, selon la Bourse des valeurs mobilières, contredit totalement cette déclaration. Le suivi de la valeur de l’action de la compagnie aérienne nationale montre que la valeur de celle-ci était de 0,580 dinars à la date de sa nomination le lundi 4 janvier 2021. A la fin de la session précédant son départ, l’action de la Tunisair était d’une valeur égalant 0,640 dinars, soit une progression de 8% et non-pas des 20% dont elle ne cesse de parler.

Clou du spectacle : Olfa Hamdi s’est donnée la liberté de réinventer, pour ne pas dire déformer, les définitions et les notions politiques. Être centriste, selon elle, ne veut pas dire avoir une position modérée et se positionner entre la gauche et la droite. « Nous oscillons entre la droite et la gauche selon l’objectif ! », a-t-elle déclaré lors de la conférence de presse tenue le 24 février 2022. Le parti de la Troisième République adoptera, donc, ses positions politiques et économiques au gré des jours et selon l’analyse de sa présidente. Voter pour ce parti équivaut à participer à une loterie. Le programme pour lequel un élu sera choisi n’aura aucune valeur : Olfa Hamdi, du haut de son ego surdimensionné, vient d’inventer la roulette politique.

Bien évidemment, comment parler de Olfa Hamdi sans parler de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et de son secrétaire général, Noureddine Taboubi. Olfa Hamdi a su choisir l’un des arguments essentiels ayant permis à Seif Eddine Makhlouf et au gang de la Coalition Al Karama d’être élus et de parler pour ne rien dire en lançant des accusations de corruption et de trahison. Notre grande experte nationale, en économie, grands projets, aviation, pétrole, statistiques, entreprenariat et autres, considère que la dégradation de la situation des employés et des travailleurs n’a aucun lien avec la crise économique et l’instabilité politique. Il s’agit de la faute de l’UGTT qui sera jugée coupable de tout tel que le répétaient les islamistes. Le parti de la Troisième République, adoptant l’approche centriste de l’oscillation, a choisi de se positionner aux côtés des partis islamistes d’extrême droite quant à sa position face à la centrale syndicale.

D’ailleurs, et pour rester fidèle à cette position, Olfa Hamdi n’a pas hésité à s’en prendre à la présidente du Parti destourien libre (PDL). Lors de la conférence de presse du 24 février 2022, Olfa Hamdi avait, d’un ton ironique, évoqué la question de la révolution des lumières et d’illumination. Elle avait assuré que le peuple tunisien n’avait pas besoin de ce genre de projet. Abir Moussi a répondu à cette attaque et s’est interrogée sur la création d’un parti par Olfa Hamdi et son véritable projet. Par la suite, fidèle à ses pensées contradictoires, l’ancienne PDG de Tunisair a critiqué la présidente du PDL et a estimé qu’une femme n’aurait pas dû en attaquer une autre !

Enfin, Olfa Hamdi a utilisé les termes « économie », « vision économique » et « plan de développement » à maintes reprises. Elle a assuré que son parti était doté d’un grand projet économique. Néanmoins, à chaque question portant sur les détails de ce grand projet, Olfa Hamdi se contentait de reprendre des slogans du genre : « Nous devons améliorer la situation économique… Nous devons encourager l’investissement… Nous devons garantir la productivité… Lorsque j’étais PDG de Tunisair, j’ai réalisé… », et c’est ainsi que l’auditeur ou le spectateur avait droit à un long et ennuyeux laïus portant sur ses exploits et sur son parcours extraordinaire. A aucun passage médiatique, Olfa Hamdi n’a présenté un nouveau mécanisme ou l’introduction d’une réforme concrète. Elle s’est contentée de reprendre des généralités auxquelles nous avions précédemment eu droit.

Le parti de la Troisième République, à l’image de sa présidente, s’ajoutera à la liste des centaines de partis politiques tunisiens qui ne proposent rien de concret pour améliorer le quotidien des citoyens tunisiens puisqu’il se limite, pour l’instant, à reprendre des « projets » ayant déjà été réalisés ou préparés depuis un certain temps en affirmant qu’il s’agit de réformes; mais aussi de reprendre des slogans consommés et sans valeur ajoutée…

Sofiene Ghoubantini


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