Culture

«L’Agora et l’Orchestra, la tragédie grecque et ses préoccupations politiques» – Essai de Abdelhalim Messaoudi : La «Sapere aude !» en pratique

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Par Ines Zargayouna

Passer par les labyrinthes des réflexions occidentales est possible sans s’y perdre, si nous gardons toujours en tête le cap, qui est le retour aux sources, et réservons assez de courage et d’énergie pour arriver à bonne destination. C’est ce que le livre de Abdelhalim Messaoudi porte comme précieux enseignement.

A la question qu’est-ce que les Lumières ? Kant répond, dans son essai-manifeste portant cette question comme titre, en empruntant la maxime d’Horace «Sapere aude !» (Ose savoir !), que le recours à la pensée libre est un chemin vers les lumières, hors de l’état de tutelle qui nous rend incapables de nous servir de notre entendement sans être dirigé par un autre.

Nous pensons que Abdelhalim Messaoudi a non seulement emprunté la même maxime que Kant pour l’appliquer et suivre son chemin, mais aussi qu’il n’a cessé, à chaque publication, de rendre compte de son avancée effectuée grâce à cette maxime. Attestant par son exemple que l’ardeur et la témérité, préceptes principaux de la devise des Lumières, affranchissent la pensée de toute tutelle qui l’asservit.

«L’Agora et l’Orchestra, la tragédie grecque et ses préoccupations politiques» est la dernière œuvre de cet esprit qui ne cesse de s’affranchir, et par son exemple nous appelle à faire de même, du chemin battu et tracé vers la réflexion autour de sujets abondamment abordés. L’auteur, à chaque fois, propose un chemin qu’il trace lui-même en puisant dans les réflexions qui l’ont précédé sans pour autant s’y attacher, se permettant ainsi de proposer sa propre pensée, libre et affranchie, qui exprime sa lecture dans un écrit synthétisant, inspirant et riche en enseignements.

Il s’agit, comme le titre l’indique, d’une étude de recherche en arabe autour du contexte de la naissance de la tragédie grecque. Et nous pensons que Abdelhalim Messaoudi, quand il a décidé de se donner les moyens pour approfondir sa pensée autour de ce sujet, s’est placé face à la mer méditerranéenne. Il s’est placé en Carthaginois face à cette Grèce, considérant ce bout d’eau salée à traverser pour y accéder et a calculé le nombre de coups de rames qui lui permettraient d’accoster, en ami chercheur de connaissances, aux rivages d’Athènes.

Nous ne pensons pas que le nombre de coups de rames qui sépare Carthage de la Grèce a représenté un souci pour ce penseur, qui n’a jamais économisé son effort face à un projet de recherche et de réflexion.

Nous pensons plutôt qu’il s’est un peu attardé, en prenant le temps de bien s’armer, à considérer cette Rome qui, placée entre les deux rives, n’a cessé de veiller sur le chemin qui les sépare, créant l’illusion qu’il faut passer par Rome, et l’Europe, pour y accéder. D’où le choix de l’auteur de s’embarquer en solitaire sur son navire, effectuer son excursion d’inspection des horizons de pensées et revenir nous rendre compte de l’état des lieux, dans une synthèse qui dément l’illusion établie de la grande distance qui nous sépare de cette civilisation grecque, et qui nous ouvre la voie vers des chemins multiples et possibles de réflexions autour de la tragédie grecque.

En considération de la quantité d’écrits et de réflexions des contrées du nord autour de la tragédie, comparée à la quantité infime de ceux du sud, un chercheur intéressé par ce sujet peut rapidement se sentir frustré.

L’initiative de Abdelhalim Messaoudi est à noter et à célébrer rien que pour cette note d’espoir qu’elle représente aux yeux des chercheurs du sud, surtout des Tunisiens, qui se sont longtemps empêchés de se permettre d’accoster sur les rives de la Grèce et de puiser directement aux sources des connaissances.

Passer par les labyrinthes des réflexions occidentales est possible sans s’y perdre, si nous gardons toujours en tête le cap, qui est le retour aux sources, et réservons assez de courage et d’énergie pour arriver à bonne destination. C’est ce que le livre de Abdelhalim Messaoudi porte comme précieux enseignement.

Au-delà des informations précieuses contenues dans ce livre, que nous pensons qu’il sera considéré comme indispensable dans la bibliographie de tout projet de recherche tunisien et arabe portant sur la tragédie grecque, son style d’écriture, mêlant la narration au savoir, a fait de sa lecture une expérience plaisante accessible à tous, tous domaines de réflexion confondus.

En effet, avec ces cinq chapitres, Abdelhalim Messaoudi a raconté une histoire, dans un style d’écriture très attachant, qui, des tréfonds de la mythologie grecque, nous emmène vers la naissance de la tragédie en passant par la pensée philosophique et la naissance de la démocratie, en tissant des fils, qui paraissent disparates, que l’auteur lorsqu’il les lie nous amène à les considérer comme éléments qui composent une unité.

Sa réflexion s’est placée entre le politique et l’esthétique, le mythologique et le civique, le philosophique et le tragique, dans un moment historique décisif qui concerne toute l’humanité, qui est la naissance des jumeaux : la démocratie et la tragédie.

Son écrit puisant dans des domaines d’études diverses nous décrit, après un examen minutieux des sources références des informations, le contexte de la naissance de la tragédie grecque.

A la fin de la lecture de ce livre, on se retrouve, contrairement à d’autres qui ferment le cercle de la réflexion, rempli de questions et motivé à chercher à y répondre. Car l’auteur ne répond à aucune question. Tout au long de son livre, il ne fait qu’ouvrir des cercles et des champs de réflexion à qui veut bien s’offrir les moyens de les investir.

L’effort fourni pour la production de ce livre est évident, il suffit de jeter un coup d’œil sur sa bibliographie, qui à elle seule peut être considérée comme source précieuse pour tout chercheur intéressé par le contexte de la naissance de la tragédie grecque.

Les questions posées par Omézine Ben Chikha dans l’introduction du livre attestent de l’apport de l’étude de Abdelhalim Messaoudi en questions qui cherchent des réponses, stimulant l’intelligence tunisienne à participer.

Ce livre est, à notre sens, une des rares productions de l’intelligence tunisienne qui porte bien la maxime d’Horace «Sapere aude !» qui nous incite, nous les lecteurs, à faire de même en ne lésinant pas sur l’effort, le sérieux et la hardiesse, indispensables pour se frayer un chemin de connaissances vers une pensée libre.

Nous recommandons vivement la lecture de ce livre, élaboré par Dr Abdelhalim Messaoudi, revu par Dr Zouhaier Brahmia et introduit par Dr Omézine Ben Chikha. Il est paru aux éditions du Sud et est disponible à la librairie El Kitab de l’avenue Habib-Bourguiba à Tunis.

I.Z.

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