la Médina de Tunis: L’appel du devoir
Hier, de nombreux citoyens se sont rendus aux urnes pour accomplir leur devoir électoral, à savoir désigner le candidat à l’élection présidentielle qui prendra les rênes du pays pour les cinq prochaines années.
Malgré l’importance de l’échéance, il n’y avait pourtant pas foule dans les ruelles tortueuses de la Médina. Attablé tôt le matin devant un café de Bab-Souika, non loin de l’école primaire «El Biga», un groupe de retraités, profitant du beau temps, ne semble pas montrer trop d’empressement pour aller voter. «Il est encore tôt. Nous avons toute la journée pour nous rendre au centre de vote. Nous sommes d’ailleurs en train de discuter sur le candidat que chacun de nous prévoit de choisir», lance allègrement l’un d’eux.
Nos pas nous conduisent jusqu’à la rue du Pacha où l’ancien lycée de jeunes filles a été reconverti en centre de vote. Dans cette très belle rue, connue pour ses anciennes et magnifiques demeures séculaires, une dame âgée vêtue d’un sefsari surgit au coin d’une petite ruelle adjacente, serrant dans sa main frêle une carte d’identité défraîchie et presse le pas pour se rendre au centre de vote. «J’habite ici. Je ne rate pas l’occasion de voter à chaque fois qu’il y a des élections. Il s’agit d’un acte et d’un devoir citoyen. J’ai toujours espoir qu’un chef d’Etat éclairé et patriote à la tête de ce pays nous permettra d’aller de l’avant et d’atteindre les objectifs qui ont été fixés».
Postés devant l’édifice, bien avant l’ouverture du centre à 8 h du matin, des agents de sécurité veillent au grain devant le lycée, tandis que le chef du centre, se trouvant près du portail du lycée et muni de son badge, montre aux quelques riverains venus pour les uns seuls et pour les autres accompagnés de leurs conjoints et leurs enfants, la salle dans laquelle ils doivent voter. «Environ une centaine de personnes sont venues accomplir leur devoir de vote. Je pense que d’ici la fin de l’après-midi, l’affluence sera beaucoup plus importante. Tout s’est déroulé normalement jusqu’ici. Aucune infraction n’a été relevée», observe le chef du centre.
«Il a déjà payé une partie des dettes de notre pays»
A quelques centaines de mètres de là, dans la salle sportive Enassiria, aménagée également en centre de vote, des riverains, après avoir présenté leurs pièces d’identité aux agents de l’Isie, se rendent les uns après les autres dans l’isoloir où ils cochent, chacun, à l’abri des regards, les bulletins de vote qui leur ont été remis avant de les glisser dans les deux grandes urnes posées sur des tables en plastique. Ici aussi le chef de centre veille à ce que tout se déroule sans encombre. «Ce sont les habitants qui résident dans la délégation de la Nouvelle Médina qui sont inscrits ici. Pour ceux qui se sont trompés de bureau, nous leur avons indiqué où ils doivent se rendre».
En début d’après-midi, quelques rares passants déambulent dans les petites ruelles ombragées pour se rendre à Dar Lasram sise rue du Tribunal. A l’intérieur, les noms des votants inscrits dans ce bureau de vote sont placardés sur les murs de cette ancienne demeure tunisoise devenue, en 1969, le siège de l’Association de sauvegarde de la Médina de Tunis. Plus de sept cents habitants sont appelés à voter dans ce centre de vote où ont été installés, depuis la veille, une grande urne et un isoloir. «Chaque votant qui se présente dans ce centre vérifie que son numéro et son nom correspondent à ceux qui sont inscrits sur les listes qui ont été placardées sur les murs. Depuis le matin, l’affluence est assez moyenne, note le chef du centre. Je pense que d’ici la fin de l’après-midi, il y aura davantage de monde qui viendra voter».
C’est avec un sourire aux lèvres que Fatma quitte le bureau de vote. Cette Tunisoise âgée d’une soixantaine d’années, qui réside près du Palais Kheïreddine, admet qu’elle a coché une croix devant le nom du candidat Kaïs Saïed sur le bulletin de vote qu’on lui a remis. «Je ne connais pas les autres candidats et j’ai confiance en lui. Il a déjà payé une partie des dettes de notre pays. Je pense qu’il faut juste lui accorder suffisamment de temps pour qu’il puisse réaliser les objectifs qu’il s’est fixés dans son programme politique».
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