Jaouhar Ben Mbarek adresse une lettre depuis sa cellule de La Mornaguia

Le détenu dans le cadre de l’affaire de complot contre la sûreté de l’État depuis février 2023, Jaouhar Ben Mbarek a adressé un message depuis sa cellule de la prison civile de La Mornaguia.

Il a appelé à unir les rangs et unifier la parole contre le populisme et la tyrannie du pouvoir en place.

Le texte de la lettre en question se lit comme suit :

« Je sais que beaucoup sont encore sous le choc et l’étonnement devant la manœuvre entreprise par le pouvoir en place, dont le but est de détourner le droit du peuple de choisir et de le mettre devant le fait accompli. De telles manœuvres sont attendues et classiques, réalisées par tous les régimes tyranniques, et nous en avons fait l’expérience à plusieurs reprises en Tunisie dans le passé, mais peut-être que cette fois leur dicton sera vrai : « Celui qui creuse une fosse pour son frère y tombera ».

Malgré un climat politique complètement truqué, les autorités se sont préparées à une telle date depuis qu’elles ont commencé à jeter tous les leaders politiques en prison et en exil. Elles ont délibérément soumis et humilié le pouvoir judiciaire, dominé les médias publics les transformant en un appareil de propagande gouvernementale, ont mis en prison des journalistes courageux, ont massacré les médias privés et ont affamé la presse écrite. Malgré une administration électorale qui n’offre pas le niveau minimum d’indépendance et de transparence, malgré les tentatives d’intimidation et de neutralisation des candidats et malgré tout ce qui rend la bataille difficile et amère, personne n’a jamais gagné une bataille qu’il avait décidé de ne pas mener. Les batailles du destin sont menées avec courage et détermination, et ne peuvent tolérer la fuite ou la reddition.

Les autorités ont tenté de manœuvrer pour résoudre les élections avant qu’elles n’aient lieu, en supprimant les critères de qualification du premier tour dans lesquels l’électeur était censé voter « pour qui il voulait » et en plaçant tout le monde directement au second tour dans lequel l’électeur vote « pour qui il devait ».

Ce sera un seul tour au cours duquel le sort du peuple et celui de la nation seront décidés.

La double polarisation assumée au second tour sera cette fois-ci celle du premier et unique tour.

Mener cette bataille, unir les rangs et unifier la parole contre le populisme et la tyrannie n’est pas une option, mais plutôt un devoir national, un fardeau et une confiance que chacun doit rendre au peuple afin que nous ne soyons pas partenaires du pouvoir en mettant les fils et les filles de la Tunisie devant le fait accompli et en offrant une option là où les autorités voulaient la refuser ».

Rappelons que Jaouhar Ben Mbarek a été condamné à six mois de prison à la suite d’une plainte déposée à son encontre par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie).

A.B