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Hkaye’t EPSIODE 1: rencontre avec une centenaire ZAKIA MHIRI


Hkeya’t, séries de rencontres avec ces femmes et ces hommes qui ont vécu une période différente de la nôtre et qu’on a de plus en plus tendance à oublier. Ils ne se reconnaissent plus dans le monde chaotique et effréné d’aujourd’hui, mais nous racontent le charme de la Tunisie d’antan, où il faisait bon vivre, nous dévoilent les us et coutumes de la vie quotidienne avant et juste après l’indépendance du pays. Hkeya’t, c’est ce pan de notre histoire à découvrir et à méditer. C’est aussi ces personnes âgées qu’on est appelé à traiter avec égard.



On dit bien que celui qui garde son âme d’enfant ne vieillit jamais. Du haut de ses cent ans, elle nous décline, avec une incroyable précision et assurance, son identité : Zakia Mhiri Nafti, née le 5 mai 1922 à la rue des arcs, Bab Lakoues, Tunis, fille de si Abbderrazek Mhrir et de Baya Ouerdiane Bacha. A cent ans, elle parvient à réciter par cœur et sans hésitation, les ineffables fables de La Fontaine. L’air enjoué, et toujours souriante, elle surfe aisément sur les vagues des souvenirs, nous raconte son enfance bercée par la douceur de la piété filiale, sa vie jalonnée d’heureux événements, se rappelle ses études à l’école de jeunes filles musulmanes Louise René Millet (École de la Rue de Pacha), et surtout ce diplôme d’études obtenu avec mention en 1938. À l’école, elle apprenait la broderie, la langue Arabe avec cheikh Dorii, en plus des cours complémentaires. « On nous donnait une plume à encre pour apprendre l’écriture », nous enchaine-t-elle.

À voir ses anciens cahiers qu’elle garde encore jalousement, on s’en rend compte qu’elle maîtrisait, jusqu’au bout des ongles, l’écriture manuscrite. Fabuleuse remontée dans le temps pour cette Tunisoise qui vient de célébrer son centenaire entourée de ses enfants, ses petits enfants, ses arrière-petits-enfants. Tout un beau monde issu de différentes générations où seul l’amour compte et rassemble. Elle se souvient de la deuxième guerre mondiale, du Zaim Habib Bourguiba, ami de son Cousin Taieb Mhiri, de ses visites à la maison à Bab Lakouas quand elle n’était qu’une toute petite fille. « Bourguiba était encore avocat quand il nous rendait visite à la maison et il me faisait sautiller sur ses genoux « .

L’avancée en âge ne pourra effacer de sa mémoire ces jours heureux où il faisait bon vivre en Tunisie. Elle ne regrette rien dans sa vie , ne tarit pas d’éloges sur son défunt mari qu’elle a épousé sans le connaître et avec qui elle s’est unie pour le bien et pour le pire. Lui d’ailleurs, il ne l’avait connu que lors du mariage. « Les voisins servaient d’intermédiaires et on n’avait pas le droit de rencontrer les hommes avant le mariage ». Pour résumer sa vie conjugale, elle nous confie qu’elle a vécu une belle vie avec son mari. La Tunisie c’était mieux avant ? Il faisait bon vivre. On ne se retrouve plus dans le monde effréné d’aujourd’hui, regrette Mme Zakia. Mais, même dans ses moments de spleen, elle retrouve l’espoir, l’éclat de sa jeunesse et chante d’une voix sûre la diva Saliha tout en ayant une pensée pour son mari.

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