Gammoudi : la crise de l'huile d'olive est le fruit d'un complot orchestré par un lobby international
Gammoudi : la crise de l’huile d’olive est le fruit d’un complot orchestr par un lobby international
Le membre de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), Badreddine Gammoudi, a critiqué l’absence de ministres et de hauts responsables lors des festivités organisées pour célébrer la fête de la Révolution à Sidi Bouzid.
Invité le 19 décembre 2024 dans l’émission Sbeh El Ward de Hatem Ben Amara sur Jawhara FM, Badreddine Gammoudi a exprimé sa tristesse face à l’absence de représentants des hautes sphères du pouvoir exécutif lors des festivités du 17 décembre 2024. Il a souligné que rien n’avait changé à Sidi Bouzid, déplorant le manque d’attention porté à cette région historique.
Concernant la saison de récolte des olives, Badreddine Gammoudi a précisé qu’il s’agissait d’une activité familiale dans ce gouvernorat. Selon lui, la crise est profonde et les agriculteurs souffrent de l’accumulation de leurs dettes. Il a regretté l’absence de réformes pour résoudre ces difficultés.
« La crise ne concerne pas seulement la Tunisie… Elle est mondiale… Le lobby international de l’huile d’olive a exagéré les prévisions concernant la récolte… On s’attendait à une récolte de 340.000 tonnes en Tunisie. Or, à l’échelle mondiale, la récolte est estimée entre 240.000 et 280.000 tonnes. Mais qui a annoncé cette estimation de 340.000 tonnes ? Qui ? L’office de l’huile dort ! Le ministère de l’Agriculture dort ! Ce sont des données fournies par les spéculateurs et les intermédiaires liés au lobby international », a-t-il ajouté.
Badreddine Gammoudi a affirmé que des spéculateurs et des intermédiaires tunisiens tentaient de faire croire à une récolte d’olives gigantesque afin d’empêcher l’exportation de l’huile d’olive. Il a expliqué qu’une grande partie des agriculteurs n’avait pas entamé la récolte des olives en raison du coût élevé de cette opération.
« Ces spéculateurs et intermédiaires sont des propriétaires d’huileries et de petits exportateurs qui servent les intérêts des Italiens et des Espagnols… Il y a aussi des entreprises italiennes installées en Tunisie… Ce sujet a été abordé lors des débats avec le ministre de l’Agriculture durant les sessions consacrées à la Loi de finances… C’est la responsabilité des institutions de l’État », a-t-il ajouté.
Badreddine Gammoudi a affirmé que l’Office National de l’Huile avait été victime de plusieurs atteintes depuis les années 1990 et durant l’ère de Youssef Chahed (chef du gouvernement du 27 août 2016 au 27 février 2020). Il a déclaré être en possession d’un enregistrement prouvant que l’office avait refusé d’accepter une cargaison de la part d’un agriculteur. L’élu a déploré la réaction tardive de l’Office National de l’Huile et a estimé que la situation chaotique actuelle était le fruit des retards et du manque de préparation. Il a précisé que l’agriculteur vendait le litre d’huile d’olive à sept ou huit dinars, tandis que l’huilerie revendait le litre à quinze dinars.
Badreddine Gammoudi a appelé à prendre immédiatement des mesures pour garantir la réussite de la récolte de l’année dernière. Il a estimé que la crise dans le secteur agricole était le résultat du rôle limité de l’État. Il a mis en cause le secteur privé, qu’il accuse d’exploiter le secteur agricole pour en tirer des rentes.
Concernant le décret 54, Badreddine Gammoudi a assuré que la question de la révision de ce texte n’a pas encore été abordée au sein de l’ARP. Il a également affirmé qu’une révolution législative ne relevait pas des compétences du Parlement, mais pourrait être réalisée par des textes proposés par le pouvoir exécutif et le gouvernement. Il a accusé les ministres de ne pas appliquer les instructions du président de la République, Kaïs Saïed, et de ne pas lutter contre l’économie de rente.
L’élu a rappelé que ni lui ni ses collègues ne pouvaient proposer de révisions du projet de Loi de finances en raison de l’obligation de préserver les équilibres financiers de l’État. Il a appelé à revoir l’approche adoptée lors de l’élaboration de ce texte. Selon lui, la participation de l’ARP dès le début de l’élaboration du projet de loi simplifierait les procédures et permettrait de gagner du temps.
« La Loi de finances ne crée pas la richesse et ne conduit donc pas au développement du pays… Il n’y aura pas d’investissements répondant aux besoins en matière de développement et d’emploi… Les richesses que nous possédons en Tunisie permettent de couvrir nos besoins… Les emprunts ne sont pas la bonne alternative… Prenons l’exemple de la production des phosphates de Gafsa… Nous n’avons plus de problème au niveau de la production… Il y a un problème de gouvernance dans cette entreprise… Il y a, également, un autre problème lié à la mise à niveau des équipements… Il y a de la corruption… J’appelle à un audit approfondi au sein de cette entreprise », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, Badreddine Gammoudi a révélé qu’il ne faisait plus partie du mouvement Echaâb et qu’il était désormais élu indépendant, sans appartenir à aucun bloc.
S.G
lien sur site officiel