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femmes: Haro sur les féminicides !

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Elles meurent étranglées, poignardées, brûlées vives, rouées de coups, parfois sous les yeux de leurs enfants, parfois en pleine rue devant les passants. Certains hommes se sont tellement habitués à l’impunité qu’ils passent à l’homicide. Le crime le plus récent contre une femme a eu lieu il y a deux jours. En effet, le parquet du Tribunal de première instance de Tunis a ordonné la garde à vue d’un homme suspecté d’être impliqué dans l’assassinat de son épouse par strangulation. En octobre dernier, une institutrice de 40 ans a été battue et brûlée vive par son ex-époux, dont elle venait de divorcer quatre jours plus tôt.

En Tunisie, près d’une cinquantaine de femmes sont tuées chaque année et près de 8.000 sont soumises annuellement à différents types de violence.  Selon une enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes réalisée en 2017 par l’Office national de la famille et de la population (Onfp), la prévalence globale de la violence à l’égard des femmes en Tunisie est importante. En effet, 47,6% des femmes déclarent avoir été victimes de violence au cours de leur vie et 32,9% ont été victimes de violence au cours des 12 dernier mois. Tous les indicateurs confirment donc l’escalade de la violence à l’égard des femmes ces dernières années, et pourtant, certains s’escriment à relativiser l’étendue et l’horreur des violences subies par les femmes. En vérité, ils ont l’indécence de la temporiser pour ne pas agir. De ce fait, ils ne font qu’encourager les agresseurs à aller de l’avant en toute impunité.

Ces agressions sont fondées sur un système patriarcal qui instaure entre les hommes et les femmes des relations de pouvoir et de domination. Dans un pays où le Code du statut personnel existe depuis 60 ans, il est ahurissant de constater que les victimes peuvent être médecins, architectes, universitaires, infirmières, femmes au foyer ou secrétaires, alors que les agresseurs sont des hommes qui appartiennent à des couches sociales défavorisées ou aisées. Parfois les criminels sont des universitaires, artistes, commerçants, étudiants, ouvriers ou chômeurs.

Ce qui est choquant, c’est que  les violences contre les femmes sont rapportées par les médias comme de simples faits divers. Sans vergogne, on ose même expliquer les raisons qui ont conduit à ces atrocités en prétextant la folie ou l’exorcisme comme facteurs déclencheurs de ces homicides volontaires. Cependant, violenter une femme, la terroriser et parfois la tuer, dénote le fait qu’elle représente une altérité. Cette altérité se résume pourtant à une liberté qui ne coïncide pas toujours avec celle d’un homme qui n’arrive pas encore à supporter que sa compagne existe autrement que pour lui. Cette emprise sexiste est tellement ancrée dans nos mentalités et dans nos pratiques que certains hommes se sont habitués à l’impunité.

Pourtant, les femmes continuent à être livrées à elles-mêmes et à ceux qui les détruisent et elles ne trouvent pas le soutien adéquat malgré la loi.

Il est donc temps d’assurer à toutes ces femmes le droit de respirer. Avec ou sans leurs agresseurs. Mais pour que justice soit faite, l’Etat a la responsabilité de trouver des solutions pour mettre un terme à ce calvaire et de protéger les femmes en réformant notre législation pour aligner le droit sur cette réalité. A cet effet, la chaîne pénale doit être passée au peigne fin, dans les procédures. Il ne s’agit pas de pointer la faute de tel ou tel acteur mais de regarder nos défaillances en face et de les corriger pour mieux protéger les femmes. 

De ce fait, l’adoption d’une vision stratégique commune entre les différentes structures gouvernementales et les composantes de la société civile dans le domaine de la lutte contre la violence à l’égard des femmes est indispensable pour mettre un terme à ce massacre. Il s’agit, en outre, de garantir la pérennité des services fournis dans les centres d’accueil des femmes victimes de violence et de créer une commission de coordination et de suivi nationale de lutte contre toute forme de violence à l’égard des femmes, qui soit permanente, pluridisciplinaire et placée sous la tutelle du ministère de la Femme.

Il est temps aussi de procéder à l’amendement de quelques lois et à la création d’un fonds national d’assistance aux femmes victimes de violence, de discrimination et de marginalisation en vue de mobiliser les  budgets nécessaires pour mettre en œuvre les dispositions de la loi N°58 de 2017 dans tous les secteurs concernés ainsi que la garantie de l’appui financier et logistique aux associations qui assurent la protection et l’assistance des femmes victimes de violence.

Il est à signaler qu’un rapport du ministère de la Femme a aussi appelé à renforcer le recrutement d’équipes spécialisées dans les crimes de violence contre la femme et d’organiser des sessions de formation, des campagnes de sensibilisation et des programmes éducatifs et culturels visant à lutter contre la violence à l’égard des femmes et à enraciner l’égalité entre les sexes et de mettre en place un programme d’action national pour actualiser et mettre en œuvre les composantes de la stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes conformément à la loi organique N°58 de 2017 relative à l’élimination de la violence faite aux femmes.

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