Evacuation des Tunisiens bloqués en Ukraine : Une opération périlleuse !

Ils étaient si nombreux à diffuser leurs témoignages sur les réseaux sociaux. Les Tunisiens bloqués en Ukraine au cœur des combats suite à l’invasion russe ne cessent de lancer les appels à l’aide pour les faire évacuer de ce pays en proie à une guerre qui s’annonçait pourtant inévitable.

Si l’invasion russe en Ukraine, qui a débuté jeudi 24 février, a provoqué la panique au sein de nombreux ressortissants étrangers bloqués dans ce pays, dont l’espace aérien a été fermé, la communauté tunisienne n’a pas été épargnée, et pour certains Tunisiens, dont notamment des étudiants, c’est le cauchemar.  

Le témoignage d’une étudiante tunisienne en médecine installée à Dnipro, dans le sud de l’Ukraine, en dit long sur la situation dans laquelle se trouve la communauté tunisienne, alors que les représentations diplomatiques dans ce pays semblent injoignables. «La résidence a aménagé un abri dans la cave du bâtiment, on y est depuis ce matin. Il y a notamment des étudiants palestiniens, koweïtiens et indiens. On a très peur que les bombardements se poursuivent les jours à venir», dit-elle.

Dans une autre vidéo diffusée également sur les réseaux sociaux, on voit également un groupe de jeunes étudiants tunisiens à Kiev qui connaît depuis l’aube d’hier vendredi des bombardements intensifs, réclamant leur évacuation immédiatement et annonçant avoir perdu tout contact avec les diplomates tunisiens.

Actuellement, jusqu’à la rédaction de ces lignes, les opérations d’évacuation sont presque à l’arrêt en raison des conditions sécuritaires considérablement dégradées. Pourtant, la guerre s’annonçait inévitable depuis plusieurs jours alors que les aéroports ukrainiens étaient tous opérationnels. Aujourd’hui, tout l’espoir réside dans leur évacuation par voie terrestre via les pays voisins comme la Pologne ou la Moldavie, mais, encore faut-il le signaler, même les routes et les lignes ferroviaires sont continuellement menacées par les bombardements, d’autant plus que l’Ukraine a commencé la destruction de certains de ses propres ponts pour limiter cette invasion.

Plus de temps

Selon Sofiene Mattoussi, président de l’association «Maison de Tunisie en Ukraine», la situation est vraiment compliquée pour toutes les communautés étrangères et non seulement la tunisienne. Il explique que le nombre de Tunisiens résidant en Ukraine s’élève à 1.500 personnes, en majorité des étudiants.

«Ce qui nous empêche d’évacuer la colonie tunisienne n’est autre que la situation sécuritaire dans les zones où elle se trouve. Si on parvient à la transporter vers les frontières des pays voisins le problème sera résolu, sauf que les batailles s’intensifient et nous ne pouvons pas assurer son transit», a-t-il expliqué, estimant que les autorités tunisiennes ont besoin de plus de temps.

Lui qui affirme qu’actuellement tous les efforts sont concentrés sur l’actualisation des listes des Tunisiens résidant en Ukraine et de leur lieu de résidence.

Parallèlement, la Tunisie annonce poursuivre ses efforts pour garantir la sécurité des Tunisiens dans ce pays en guerre. Une réunion d’urgence s’est tenue, jeudi, au siège du ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger avec les Bureaux de Tunis du Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) et du Croissant-Rouge, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (Unhcr).

La réunion de coordination entre dans le cadre des moyens mis en œuvre pour garantir la sécurité des membres de la communauté tunisienne en Ukraine et assurer leur évacuation par des voies sécurisées, indique un communiqué du département des Affaires étrangères.

Elle a porté sur les divers aspects de coopération possibles avec les bureaux de ces organisations en Ukraine, à Varsovie et à Bucarest, afin d’aider à assurer l’évacuation des ressortissants tunisiens par des couloirs sûrs vers les postes frontaliers terrestres avec la Pologne et la Roumanie. Le ministère a également demandé à être informé dans les meilleurs délais des mesures que ces organismes peuvent prendre pour faciliter les évacuations dans des conditions optimales.

Activation de tous les canaux diplomatiques

Jeudi, le Président de la République, Kaïs Saïed, a annoncé que tous les canaux diplomatiques ont été activés et que les autorités sont en train d’œuvrer pour évacuer les Tunisiens des zones de tension par voie terrestre.

D’autre part, le président de l’association des Tunisiens d’Ukraine, Tarek Aloui, a indiqué que la Tunisie prévoit de dépêcher un avion spécial pour évacuer les Tunisiens souhaitant être rapatriés.

«L’association a été informée de ce plan d’évacuation en coordination avec l’ambassade de Tunisie en Pologne», a-t-il dit. Cependant, jusqu’à présent, le territoire aérien de l’Ukraine est fermé, toute évacuation dépend donc de la mise en place de couloirs humanitaires ou d’un cessez-le-feu pour permettre aux ressortissants étrangers de quitter ces territoires.

Notons que d’autres pays ont lancé déjà les opérations d’évacuation de leurs ressortissants.

C’est le cas de la France qui a dépêché des forces spéciales en Ukraine pour sécuriser l’ambassade française à Kiev, mais également pour préparer l’évacuation des ressortissants français sur place. «La consigne pour le moment est de rester confinés, de ne surtout pas sortir sur les routes à cause des bombardements. Mais une fois que le pilonnage des installations militaires ukrainiennes aura cessé, il y aura alors une fenêtre ouverte pour rapatrier ces Français», indiquent les autorités françaises.

Le Maroc, lui, a appelé ses ressortissants à éviter les zones de tension et à trouver refuge jusqu’à leur évacuation. 

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