Sport

Dirigeant de club – Une mission à hauts risques : Le revers de la médaille 

 

Se trompent ceux qui pensent qu’arriver au sommet de la responsabilité d’un club sportif est une distinction et une faveur.  C’est la mission la plus compliquée  et la plupart du temps à double tranchant.

Être dirigeant d’un club sportif, c’est être prêt à tout moment à en payer les frais. D’une façon ou d’une autre. La liste des responsables sportifs disparus, souvent dans l’indifférence et l’oubli, ne sera jamais clôturée. Le plus récent dans  cette liste à s’en aller est l’ex-président du CSS, Moncef Khemakhem. L’homme a tout donné au Club Sfaxien et au football tunisien: son temps précieux, son argent, sa santé. Car être dirigeant à la tête ou au sein d’un club, c’est s’exposer à tous les dangers. Danger des soucis quotidiens, du stress permanent, de l’usure physique, de la lassitude mentale devant la montagne de difficultés et de tâches colossales. Soit les pires fléaux pour consumer à petit feu et détruire un être humain avec les problèmes de santé à un âge relativement jeune et la terrible souffrance qu’ils entraînent, souvent endurée en silence  à l’abri des regards. Sans oublier des sacrifices financiers énormes qui conduisent droit à la dilapidation et à la liquidation des biens, à la faillite, aux chèques sans provisions, à des années derrière les barreaux en prison dans certains cas. On tire à boulets rouges sur ces responsables en exercice, on les accuse de tous les maux et on leur fait endosser l’entière responsabilité de l’échec quand ils ne parviennent pas, à la fin d’une saison, à décrocher un sacre et à faire monter leur équipe sur le podium. Une fois qu’ils sont sur les rotules, qu’ils mettent fin à leur mandat ou qu’ils sont poussés à la sortie et retrouvent la vie comme citoyens ordinaires, on les oublie et on fait table rase de leurs sacrifices et de leurs acquis. C’est alors qu’ils éprouveront l’immensité de leur solitude et de leur gâchis. Trop tard pour réparer les dégâts dans la famille, dans la vie privée, dans le métier et dans la vie. C’est trop facile de dire que c’est la rançon de la gloire et que c’est le prix à payer pour se propulser sur le devant de la scène. C’est injuste et inhumain. Quand est-ce qu’on se souvient de ces hommes jetés en pâture et dont l’honneur est bafoué? Quand ils tirent leur révérence de cette vie, quand ils ferment les yeux à jamais. C’est alors que l’on reconnaîtra leurs qualités et leurs sacrifices et qu’on les décrit comme des figures emblématiques, voire des légendes. Par sentiment de remords pour se racheter de l’ingratitude de les avoir fustigés sans répit et sans arrêt quand ils étaient aux commandes. Ce n’est pas une surprise si une grande majorité de nos clubs souffrent aujourd’hui le martyre pour trouver de bons preneurs, c’est-à-dire des hommes avec de vrais projets clairs et riches pour travailler sur le long terme. Ils peuvent s’estimer heureux de parvenir dans la douleur à avoir des comités de direction provisoire pour quelques mois. Un mandat pour deux ou trois années, c’est quasiment fini. Ce sera bientôt, à deux ou trois exceptions près, une utopie. C’est la rançon de l’ingratitude envers ceux qui ont payé de leur vie d’avoir choisi un jour de prendre les manettes et les premières responsabilités d’un club sportif.

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