Désinformation en 2024 : quand les réseaux sociaux amplifient les manipulations
L’année 2024 a été marquée par une vague de désinformation sans précédent, alimentée par un contexte électoral intense, des crises politiques et économiques, ainsi que des tensions sur les scènes nationale et internationale. De nombreuses fausses informations ont circulé, touchant divers domaines tels que les migrations, les prix, les relations internationales, et les élections.
Les migrants : une cible récurrente de désinformation
Les migrants subsahariens ont souvent été au cœur des rumeurs en 2024. Une des histoires les plus répandues concernait une prétendue formation militaire des migrants en Tunisie. Cette rumeur a été alimentée par la déformation d’images provenant d’autres contextes. Par exemple, une soldate américaine récemment diplômée a été présentée comme formant des migrants pour des activités paramilitaires.
2. La flambée des prix : entre réalité et rumeurs
Dans un climat économique tendu, les internautes ont été particulièrement sensibles aux rumeurs sur la hausse des prix. Des infox ont circulé sur une prétendue augmentation des tarifs de carburant et même des prix des services comme la coiffure.
Une vidéo virale sur TikTok a également affirmé que le président Kaïs Saïed avait signé une loi supprimant les peines liées aux chèques sans provision. Bien que des réformes soient effectivement en discussion, cette affirmation était inexacte et a semé la confusion parmi les citoyens.
3. Les visas : des rumeurs sur les relations internationales
L’une des fausses nouvelles les plus persistantes concernait l’imposition de visas par la Turquie aux Tunisiens. Cette rumeur, qui s’est avérée être un poisson d’avril, a néanmoins alimenté des débats sur les réseaux sociaux.
Une autre infox affirmait que la Tunisie allait imposer des visas aux citoyens des pays européens à partir de 2025, en guise de réciprocité. Cependant, aucune annonce officielle n’a confirmé cette mesure, et elle a été démentie par les autorités.
4. Les relations avec les voisins
Des publications ont prétendu qu’un accord entre la Tunisie, l’Algérie, et la Libye permettrait la libre circulation et l’adoption d’une monnaie commune. Ces affirmations, issues de déformations de faits réels, ont été démenties après vérification.
De plus, des rumeurs sur une suspension des accords entre l’Union européenne et la Tunisie ont circulé, s’appuyant sur un article mal interprété. L’UE a exprimé des préoccupations sur les droits humains en Tunisie, mais aucun accord n’a été suspendu ni de sanctions imposées.
5. La Syrie et les manipulations d’images
La situation en Syrie a également été le terreau de nombreuses fausses nouvelles. Une image prétendant montrer Saddam Hussein libéré d’une prison syrienne s’est révélée être une manipulation. L’image originale provenait d’un événement en Ukraine en 2017 impliquant Mikheil Saakashvili, ancien président géorgien.
6. Les élections tunisiennes : un terrain fertile pour les infox
Les élections ont été le sujet principal des rumeurs en 2024. Des vidéos déformant les positions des candidats ou des accusations sans preuve ont circulé. Par exemple, une couverture fictive du TIME Magazine qualifiant Kaïs Saïed de « nouveau dictateur de la Tunisie » a été largement partagée, mais elle a été démentie après vérification des archives du magazine.
Une vidéo montrant des ouvrières parlant de leurs conditions de travail a été manipulée pour prétendre qu’elles dénonçaient leur exploitation par Ayachi Zammel, candidat à l’élection présidentielle et actuellement en prison. Cette allégation s’est rapidement répandue sur les réseaux sociaux, bien qu’aucune preuve ne soutienne cette affirmation. De même, une image de Zouhair Maghzaoui, autre candidat à l’élection présidentielle, a été sortie de son contexte pour insinuer une collaboration avec le parti Ennahdha, une accusation démentie par l’intéressé.
Ces manipulations montrent comment des contenus visuels peuvent être détournés pour influencer l’opinion publique en période électorale.
Comme chaque année, les désinformations se multiplient, particulièrement sur les réseaux sociaux où elles trouvent un terrain fertile pour se propager rapidement. Si les infox semblent n’avoir aucune limite, il est essentiel que notre conscience joue le rôle de barrière. Nous avons la responsabilité de vérifier les informations avant de les croire ou de les partager, en utilisant des sources fiables et en adoptant une approche critique face aux contenus douteux.
Rabeb Aloui
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