Crise de l'huile d'olive en Tunisie : Fathi Ben Khalifa dénonce l'absence de stratégie et les problèmes de commercialisation

Crise de lhuile dolive en Tunisie : Fathi Ben Khalifa dnonce labsence de stratgie et les problmes de commercialisation
Le conseiller économique de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), Fathi Ben Khalifa, est intervenu mardi 24 décembre 2024 sur les ondes de Jawhara FM pour évoquer la situation du secteur agricole, notamment en ce qui concerne l’huile d’olive, les volailles et les viandes rouges.
L’invité de Hatem Ben Amara a d’abord déclaré : « Avant le début de la saison de récolte des olives, nous avons tiré la sonnette d’alarme alors que tout le monde se préparait pour cette récolte », en précisant que l’Utap est une force de proposition. Il a également expliqué que l’avancement de la récolte d’olives dans le pays varie selon les régions, en fonction de la présence des huileries, des exportateurs et de leur acquisition des fruits dans chaque zone.
« La base se vend entre neuf et onze dinars, et nous craignons que notre production soit vendue à des prix dérisoires à l’étranger », a précisé M. Ben Khalifa. Il a également indiqué que le prix de vente de l’huile italienne est de neuf euros et que cette huile est comparable en termes de qualité à l’huile tunisienne.
« Malheureusement, en l’absence d’une diplomatie économique, notre voisin le Maroc vient d’acheter dix mille tonnes d’huile d’olive au Brésil », a déploré l’invité de Sbeh El Ward, en expliquant que les Italiens, considérés sur le marché international de l’huile d’olive comme des revendeurs, ont décidé, depuis l’année dernière, d’acheter de l’huile d’olive à bas prix. Cela contraste avec l’année précédente, où la Tunisie avait réussi à vendre le litre d’huile d’olive à 26 dinars.
« L’Office national de l’huile (ONH) a été démis de ses fonctions et ne peut rien faire », a déclaré Fathi Ben Khalifa. Il a précisé que l’intervention de l’ONH cette année était censée modérer le marché et absorber une partie de la pression exercée sur les agriculteurs. Il a souligné la nécessité d’une réforme de grande envergure de l’ONH.
Il a également confirmé que les estimations du ministère de l’Agriculture concernant la production attendue cette saison sont erronées. « Je suis certain que nous ne dépasserons pas une production de 300.000 tonnes », alors que le ministère de l’Agriculture avait estimé une production de 340.000 tonnes.
« Nous ne savons pas vendre », a déploré M. Ben Khalifa, en précisant que le marché international est demandeur de plus d’huile d’olive. Il a aussi appelé à établir une stratégie visant à développer parallèlement la consommation nationale.
Fathi Ben Khalifa est également revenu sur la situation du secteur des viandes. Il a précisé que le prix du poulet est actuellement de 8,5 dinars. En ce qui concerne les viandes rouges, il a déclaré : « Il faut impérativement réformer le secteur laitier », ajoutant que le bétail a perdu 70.000 têtes. Il a qualifié la situation de catastrophique, rappelant que ce secteur fait vivre plus de 120.000 personnes.
« Les viandes rouges sont liées au niveau des prix, et ces derniers sont proportionnels », a expliqué M. Ben Khalifa. Il a déploré que l’État se tourne vers les agriculteurs étrangers pour compenser le manque de bétail, au lieu d’inciter les agriculteurs tunisiens à renforcer leur production.
Répondant à une question sur la hausse des prix des légumes, Fathi Ben Khalifa a tranché : « Le cœur du problème réside dans les circuits de distribution ». Il a appelé à la création d’une cellule nationale qui étudierait ce phénomène.
« La saison des céréales a commencé, puis s’est arrêtée », a expliqué M. Ben Khalifa, soulignant que les agriculteurs cherchent encore les ressources nécessaires pour préparer cette saison. Il a évoqué une volonté apparente de décourager les agriculteurs du secteur des céréales, qui est pourtant crucial pour la sécurité alimentaire.
Concernant les agrumes, il a expliqué que les producteurs subissent une baisse des prix de vente par rapport au coût de production, malgré une augmentation significative de la production par rapport à l’année précédente.
H.K
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